The Body - O God who avenges, shine forth. Rise up, Judge of the Earth; pay back to the proud what they deserve.
Chronique
The Body O God who avenges, shine forth. Rise up, Judge of the Earth; pay back to the proud what they deserve. (EP)
« I’m full of rage, Father. Murderous, whatever urges. I just don’t hate this men. I hate all men. I hate life. »
C’est qu’après des œuvres comme
No One Deserves Happiness et
I Have Fought Against It, But I Can’t Any Longer, on aurait tendance à l’oublier : The Body n’est pas, principalement, un projet beau, sympathique, réconfortant. Il peut l’être, comme il l’a prouvé encore cette année avec son dernier album en date, mais ne tient jamais à faire que du bien dans ses ambiances soignées. Le négatif en ligne de mire, il ne fait qu’exprimer différentes facettes de sa folie, cette dernière n’empêchant pas, dans ses hallucinations et autres symptômes, les émotions contrastées.
Et donc, après avoir laissé parler sa dépression délicieuse, nous prenant par la main pour mieux nous emmener avec elle vers le bas, place à la phase maniaque.
O God who avenges, shine forth. Rise up, Judge of the Earth; pay back to the proud what they deserve. n’a pas qu’un nom généreux en visions exaltées et excessives : il est dans son entier surcharge de rythmes, d’agressions, de joies incontrôlées, d’appétits divers prenant l’esprit jusqu’à l’abrutir. The Body revient ici à ce qui le constitue au cœur, ce terrorisme sonore qui l’a fait connaître à ses débuts. Enregistré en deux jours, sans doute composé dans un laps de temps similaire, cet EP sent l’œuvre écrite dans la sueur, l’urgence, le bonheur à se laisser aller à sa sauvagerie après un temps à coudre et élimer méthodiquement pour enchanter.
Retour à la violence, donc. Retour à l’industriel dans sa forme la plus stricte, extrême, presque inaudible, où les collages se font le sourire aux lèvres, pensant déjà aux mines déconfites que créeront ces nouveaux monstres. Bien que charmé par l’esthétisme que développe The Body dernièrement, les retrouvailles avec son sadisme et son autisme sonnent comme une mise à plat, une impression de redécouvrir ces aliénés-ci. Surtout que les choses sont une nouvelle fois plus compliquées qu’elles ne paraissent au premier abord : on n’a en effet ici pas qu’un plaisir pour fanatiques. Cet EP a des choses à proposer bien à lui, cf. ces rythmiques incessantes, évoquant un monde d’après le désastre et les tribus mécaniques qui s’y font la guerre. Des images traditionnelles d’une certaine musique industrielle, mais que Chip King et Lee Buford n’édulcorent pas, rendent vivantes une fois de plus dans nos pupilles dilatées.
Ce qui est plus que pas mal, pour un « petit » disque comme celui-ci, présenté humblement, sortant à peu d’exemplaires, s’affichant en hors d’œuvres pour ceux pas tout à fait rassasiés par le duo cette année. Certes, sa courte durée ainsi que ses bouts d’idées lancés comme ils viennent sont à la fois charmants et trop frustrants, tant on rêve de voir The Body revenir sur le temps long mettre son expérience accumulée au service des ambiances nucléaires et mentales qu’il effleure ici. Un jour, qui sait ? Pour l’heure, mettez votre casque et profitez de cette porte entrebâillée vers un futur possible, horrible mais fascinant.
| lkea 27 Octobre 2018 - 1013 lectures |
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