Dans
Purge, un peu de
Pure mais davantage de
Songs of Love and Hate,
Selfless,
Hymns,
Us and Them et
Post Self. Soit beaucoup de Godflesh.
Et oui ! Désolé à Justin qui y voit une manière d'aller au bout de certaines choses comme il le répétait en interview au moment de sa sortie mais je ne retrouve pas le totalitarisme de
Pure au sein de cet album riche, faussement simple, empli de toute une discographie dont il semble un rejeton prenant ce qui lui plaît sur la table. Ici, le breakbeat aussi lancinant qu’entraînant de
Us and Them – oui, on parle bien de ce bijou qu’est « Permission » –, là, le concassage tendance Tetsuo des premiers albums (« Land Lord » ; « Mythology of Self »), ailleurs, le groove hip-hop qui surnage et fait dodeliner de la tête (« Nero » ; « Army of Non »). Partout, cette sensation d’écouter plusieurs ramifications devenues racines, l’industriel existentiel comme marque de fabrique du projet (criant sur « Lazarus Leper » ou « The Father »). Godflesh se libère et déploie ses ailes – vous l’avez ? –, assume son statut comme Justin paraît désormais s’assumer, autiste pas hyper à l’aise socialement, obsédé par des intérêts restreints qu’il use jusqu’à la moelle.
Par contre,
Purge corrige bien quelques erreurs, à commencer celles de ceux pensant que
Post Self concluait le retour de Godflesh. Il est même une sévère correction pour ces gens-là, « Nero », « Land Lord » ou « Permission » suffisant à espérer de nouveau plusieurs créations du duo. Surtout, l'album qu'il corrige est
A World Lit Only by Fire, ce retour manqué sonnant comme un groupe « jouant à la manière de » et non comme du Godflesh. Certes, on a là un album daté et marqué, loin des tours actuels à base de glitch, de course à l’armement, de partouze synthétique.
Purge sent la guitare triturée, la boîte à rythme refusant les mises à jour, la basse vrombissante et la voix expulsée – on voit bien le plaisir qu’il y a à écouter un album comme celui-là, plein d’un imaginaire technologique et punk mais sans la coloration cyber, rustre, à la sudation qui marque l’effort, vrai en somme. Et dont seuls Justin Broadrick et BC Green auraient pu être les auteurs.
Sur
Purge, Godflesh montre qu'il est bien de retour, sans artifices, sans tromperies, peut-être moins pertinent qu'à l'époque mais délicieusement impertinent (qu'il est bon de réentendre ce groove nineties, cette boîte à rythme d'un autre âge, de scander « Long live the new flesh » dans sa tête, la main tenant fermement son baladeur CD...). Vieux, avec assurance et sans détour. Cependant,
Post Self n'est pas dérangé dans son statut de meilleur album de Godflesh depuis
Selfless : les lignes suivies sont connues, les élans vers la lumière du duo réduits au strict minimum (« You Are the Judge, the Jury, and the Executioner », final total sans les délicieuses longueurs rabotant les os et notre substance blanche).
Purge est davantage un album de la vie comme elle vient que l’expression d’une insatisfaction : on en tire donc une jouissance immédiate – et durable, ce qui est déjà beaucoup – mais point la fuite vers une échappatoire comme le projet a déjà pu nous en composer. À prendre ou à laisser, ces quarante-trois minutes ressemblent à un disque fait pour les fans, un rappel survenant après les applaudissements où les convertis de longue date reconnaîtront d’anciennes créations, tandis que les nouveaux venus trouveront de quoi explorer. Cela, sans fatigue et sans mal de dos de fin de concert, tant on sent la paire revigorée.
Godflesh s’inscrit de nouveau comme un groupe de cœur, ce qui vaut pour sa musique, étrangement émotionnelle derrière l’apparente déshumanisation, ainsi que pour l’amateur ayant l’impression de revoir d’anciens amis. Des amis en forme, cette reformation n’ayant finalement connu que des débuts balbutiants avant de montrer tout ce qu’elle avait encore à dire. Tout de même, quel pied !
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo