Il se sera fait désirer, ce disque… au point, de mon côté, de l’avoir oublié. C’est que ce projet, prévu depuis des années, modelé puis remodelé, avait été jusque-là une arlésienne de plus de la part de Vindsval, aussi créatif qu’imprévisible dans ses réalisations. Ainsi, l’annonce d’une excroissance des expérimentations de la trilogie 777 avait été au départ accueillie avec joie puis mise aux oubliettes dans mon esprit, dans la cave des projets avortés du Français.
Mais, décidément, ma maxime personnelle « Ne rien attendre de Vindsval » s’applique une nouvelle fois, Yerûšelem existant finalement. Surpris, je n’avais donc aucune expectation envers ce qui, s’il était sorti peu de temps après
Cosmosophy, aurait subi mes fantasmes d’amateur de musique lumineuse et industrielle. Finalement un bon timing, tant
The Sublime ne colle pas exactement à une image qu’on peut se faire d’une séquelle de la trilogie : dépourvu de voix agressives, extrêmement mélodique et répétitif, centrant sa force sur des boucles de riffs plutôt que des embranchements multiples, il donne dès le départ la sensation d’entendre le duo (le maître à penser s’alliant à son compagnon de longue date W.D. Feld) crier son amour pour Godflesh autrefois murmuré. Impossible en effet de ne pas penser aux compositions de Justin Broadrick et B.C. Green à l’écoute de ces titres mécaniques, cette production massive et organique, ce groove qui condense et danse, donnant envie de bouger de façon désarticulée, au point de vouloir vérifier si un morceau comme « Reverso » ne se trouve pas déjà dans la discographie des Anglais.
Sauf que
The Sublime, plus qu’un décalque, montre les cerveaux de Blut Aus Nord faisant preuve de biomimétisme, s’inspirant d’une nature pour mieux alimenter la leur. Un enfant de Godflesh se révélant parasite, mêlant son ADN aux gènes d’un autre. Mixant rythmes technoïdes, lignes de guitares vitreuses, voix aussi humaines qu’extra-terrestres, il emporte l’industriel dans d’autres sphères, les siennes, un univers lunaire mutilé d’une lumière coupante, éloignée des images positives qu’on peut lui attacher d’habitude. La clarté selon Yerûšelem n’est pas hospitalière, tient plutôt d’une révélation s’inscrivant en domination, sa beauté étant si irréelle qu’elle nous rend hallucinés contre notre gré. Cumulant les compositions aussi « aliens » qu’aliénantes, il va jusqu’à augmenter sa force au fur et à mesure, les premiers titres peignant un paysage aride et gris avant de nous assujettir sans prévenir par une succession de morceaux plus prédateurs les uns que les autres. Le décor posé par le trio de départ, le temps d’une suspension avant l’assaut avec « Sound over Matter », la chasse est lancée à partir de « Joyless », pour ne plus s’arrêter.
Une expérience personnelle donc, qui fait voir une nouvelle fois que les Français ont atteint un certain pic dans leurs œuvres, où la qualité, la profondeur, sont toujours de mise derrière des intentions faisant craindre l’exercice de style pour lui-même. Sous ses airs d’allégeance, Yerûšelem cache un couteau et des plaisirs sadiques bien à lui, prenant son temps pour mettre à jour ses réelles intentions. Ce qui, malgré la maestria développée le long de ces trente-six minutes, rend l’écoute un peu frustrante. Car si ce disque est bien indispensable pour n’importe quel amateur d’industriel et de Blut Aus Nord, sa courte durée lui donne un aspect plus introductif que complet. En d’autres termes,
The Sublime appâte, accroche et donne faim d’entendre plus, ce qui peut se voir autant comme une réussite (indéniable) qu’un défaut (mineur).
« Ne rien attendre de Vindsval »… Argh, il faut croire que je vais me donner tort, une fois de plus !
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