The Body - Master, We Perish
Chronique
The Body Master, We Perish (EP)
Des sirènes annonçant une catastrophe imminente, puis un vent de panique. Difficile de faire plus adapté pour lancer
Master, We Perish. Là où d'autres endossent le rôle de prédicateurs, The Body lui est le bras porteur de mort. Son existence ne se justifie que par sa volonté de briser l'Homme, comme le laisse si bien deviner la pochette. Cette entité bicéphale nous impose une violence dont la pureté n'a d'égale que sa détermination à frapper, encore et toujours, jusqu'à ne laisser plus qu'un charnier derrière lui. Le maître mot de The Body est simple : la punition.
La condition mentale du groupe ayant dépassé l'instabilité, il aime à nous entraîner avec lui dans son tourbillon de folie intérieure dès « The Ebb And Flow Of Tides In A Sea Of Ash », qui sans introduction pose déjà le contexte : éprouvant, aussi bien pour le corps que l'esprit. Vous avez déjà la boule au ventre et les tripes serrées, symptômes inhérents au mauvais pressentiment ? Attendez un peu que cette voix de harpie rentre dans l'équation pour vous poursuivre jusque dans vos cauchemars les plus profonds. The Body ne faisant aucun compromis et visant la musique la plus carnassière possible, on peut penser à This Gift Is A Curse, car les Américains se rapprochent de ces derniers de par leur approche extrémiste de l'acharnement sonore.
Cependant, là où
I, Guilt Bearer ne se refusait rien et pillait sans gène tout ce qu'il y a de plus méchant aux rayons hardcore et metal – ainsi qu'un certain feeling industriel – pour en réaliser une parfaite synthèse, The Body se contente pour nous cogner dessus d'un apparat bien plus simple et épuré – tout en lui restant assez personnel et ô combien effrayant. Chip King et Lee Buford le prouvent sur un « The Blessed Lay Down And Writhe In Agony » dénué de toute transition digne de ce nom, si ce n'est un coup de shotgun qui fait résonner la lourdeur de la frappe du duo dans ce qui subsiste de boîte crânienne après détonation. Le mot « finesse » leur est donc étranger.
The Body s'amuse avec nos vies comme le ferait un enfant lors d'une « expérience » avec un petit animal, car c'est ce que nous sommes à ses yeux : d'insignifiantes créatures. La cruauté dont il fait preuve durant
Master, We Perish semble lui échapper, de la même façon qu'un bambin écrasant un vers de terre ne se demande pas si ce qu'il fait est bien ou mal. Les fléaux que la paire fait s'abattre sur nous sont façonnés froidement, à son image, l'empathie étant aussi à bannir de son lexique. Un gros quart d'heure suffit pour se faire à l'idée que The Body appartient à la race de ceux ne se s'embarrassant pas de vains salamalecs dans le but de rendre leur musique attrayante, alors que l'objectif est de placer l'auditeur dans la position la plus inconfortable possible.
J'avoue prendre un malin plaisir à me laisser martyriser par ces deux psychopathes, car leur démarche jusqu'au-boutiste fait écho en moi. Je ne parle pas de « l'honnêteté » qui fait souvent débat, mais de matière concrète comme l'indéniable ferveur avec laquelle The Body s'applique à punir envers et contre tout. Nul doute qu'un certain nombre restera sur le bord de la route après ces 3 titres, notamment à cause du chant. Seulement pour ceux qui en redemandent toujours même une fois à terre, sachez que si cet EP représente l'adieu à la vie, l'album suivant lui incarne le passage dans l'autre monde, et croyez-moi, c'est une douleur encore bien plus insupportable.
| KPM 5 Décembre 2014 - 761 lectures |
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