Derrière cette pochette qui fait imaginer une fin alternative à
Predator 2 où le monstre deviendrait un prisonnier victime de violences policières comme un autre : une œuvre qui contient de ce film davantage cette moiteur urbaine, cette atmosphère de jungle faite ville, grouillante et cardiaque, que nul autre songe cinéphile.
Sightless Pit, nécessairement, a muté suite à la démission de Kristin Hayter, partie avec l'heavenly autotuné qui faisait une part du charme de Grave of a Dog. Un être vous manque et tout est repeuplé ! C'est une nouvelle bête qui se dessine ici, faussement apaisée, cyberpunk, infernale, avide de ses multiples voix et ambiances, envoyant ses missives par invasions de nos rêves, comme les publicités assaillant les nuits des habitants de la bande dessinée
Transmetropolitan. Power Electronic, Dub, Industrial et Metal collisionnent avec une multitude d’invités venus chacun apporter leur touche : Midwife et ses voix éthérées, le hip hop de Frukwan et Gangsta Boo (morte peu de temps après la sortie de cet album), l’hystérie de Lane Shi Otayoni évoquant Jarboe ou Julie Christmas, le vocoder de Claire Rousay… Le tout dans un ensemble cohérent et tumultueux, comme un après-midi caniculaire passé dans une Mega-City.
Rarement aura-t-on écouté rythmes aussi simples et cependant obsédants, stupeur et angoisse lancées en nappes synthétiques parasitant avec un tel naturel nos propres pensées déjà peu réjouissantes, calme de surface – mais gare au coup de sang quand il arrive ! – exprimant avec autant de crédibilité le mal-être d'un monde à venir, où les cris de Dylan Walker deviennent ceux d'une transhumanité qui meurt avant de naître. Sightless Pit s’est métamorphosé donc, devenant une entité qui, comme les projets-phares de ses deux têtes pensantes, ne semble guidée que par ses humeurs du moment. Des humeurs qu’il peut avoir hypersensibles (le vaporeux morceau-titre), accrocheuses (« Low Orbit » et sa partie donnant furieusement envie d’exploser le dancefloor), soul (« Flower to Tomb »), sanguinaires (le début de « Shiv » par exemple), à chaque instant entêtantes.
Pourtant, on note tout de même que la première grosse moitié marque davantage que ce qui la suit, nous plongeant directement dans les pulsations cliniques ou sordides de ce voyage urbain avant de se reposer au coin d’une ruelle où regarder les piétons vivre leur vie, un peu extérieur.
Lockstep Bloodwar ne s’éternise pas en montées, précautions, avertissements, prenant son parti de jeter l’auditeur dans son milieu foisonnant. À lui de se débrouiller, sans références – on s’y trouve perdu, encore plus que sur l’éclectique mais plus centré
Grave of a Dog –, prêt à subir pour ressentir. La démarche reste globalement payante car, si on ne pourra adhérer nécessairement à chaque composition (les baisses de forme « False Epiphany » et « Shiv »), on en ressort avec l’impression d’avoir vécu ailleurs quarante-trois minutes durant (le final « Futilities » ne déçoit pas dans le rôle du clap de fin avec son ambiance fataliste comme un couperet).
Le futur vous parle et il ne va pas mieux que vous.
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