Saison de Rouille - Déroutes Sans Fin
Chronique
Saison de Rouille Déroutes Sans Fin
Blut Aus Nord formant un cover-band des Swans ? Phobos partageant l'affiche avec Jesus Lizard ? Ou encore Kill The Thrill jouant bien après l'heure et le taux d'alcoolémie autorisés ? Il y en a, des formules pour essayer de définir Saison De Rouille... Et pourtant aucune ne paraît juste, ne faisant qu'effleurer ce que créé ce (désormais) trio.
J'avais déjà pu voir ce que Karl (ex-Danishmendt) était capable de charrier d'étrange et de malade dans sa formation précédente (cf. ma chronique de l'inclassable
Un Passé Aride) et même si
Déroutes Sans Fin prend une direction différente, à la fois plus rock et industrielle, l'impression de ne pas savoir où placer la musique écoutée est toujours présente. Tour à tour brûlant, terne, halluciné et fermement attaché au bitume, ce deuxième album donne au départ une image de bouillie informe, maîtrisée seulement par les névroses de son chanteur qui, malgré des paroles en français, est difficilement lisible, comme s'il était parti trop loin dans sa folie pour parvenir à le suivre.
Pourtant, les quelques écoutes nécessaires à dissiper la purée de pois ambiante et s'habituer à une production on-ne-peut-plus rêche révèlent un univers (on peut bien utiliser le mot concernant ce disque) qui laisse à croire que
Déroutes Sans Fin a autant sa place dans les bacs à disques que les étagères d'une bibliothèque, section « Dystopie ». Par leurs rythmiques acharnées ainsi que leur basse et guitare dissonante semblant errer détachées les unes des autres, ces quarante-trois minutes font suivre l'histoire d'un homme sans but, pris dans une nuit incertaine, reflet de sa paranoïa, où il avance les phares éteints. Plus qu'un groupe en particulier, Saison De Rouille m'évoque mes lectures de romans de science-fiction française, celle grossière et acide comme un mauvais vin, où les villes et leurs habitants paraissent pris dans la même psychose.
Mais le talent de Saison De Rouille est de ne pas faire de ce monde quelque chose d'uniquement dérangeant. Quelques points d'accroches, bien cachés, surgissent : « Romances » et ses lignes plus posées ; « Moteurs épuisés » où les machines s'emballent, implacables ; l'élévation amère de « La vallée de la ferraille » ; « Le carnaval » et ses guitares entre blues et noise-rock, piquant à l'un son groove et l'autre ses explosions inattendues... S'il est parfois difficile de suivre la formation, au risque d'être laissé frustré par l'exercice (il manque bien une fin à ces déroutes), ces quelques moments permettent de donner un semblant d'efficacité aux compositions froides de l'ensemble. Le chant n'y est d'ailleurs pas étranger, son phrasé à la limite du spoken-word étant pour beaucoup dans l'envie de suivre les Français dans leurs méandres.
Après
Caduta Dei Gravi,
Déroutes Sans Fin montre une nouvelle fois que Saison De Rouille trace sa route sans faire attention à poser des panneaux de signalisation. Tout le monde n’adhérera pas à l'expérience bien que le récent appel à contribution lancé par le groupe afin de financer la sortie en vinyle de son deuxième album ait montré que certains adhéraient à sa démarche. Personnellement, je suis content que ce disque ait finalement pu voir le jour !
| lkea 29 Juin 2014 - 1471 lectures |
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