Psychotomy - Aphotik
Chronique
Psychotomy Aphotik
Si le nom de Psychotomy ne vous dit pas grand-chose, soyez rassurez car avant l’année dernière, je n’étais moi-même pas au courant de leur existence. Originaire de la jolie ville de Venise, le groupe se forme à l’automne 2010, poursuivant dès lors un chemin tout ce qu’il y a de plus classique avec la sortie en 2012 d’un EP autofinancé. Quelques années plus tard, les Italiens réussissent à attirer l’attention de The Spew Records sur lequel sortira en 2015 leur premier album intitulé Antinomia. Si cela ne suffit pas vraiment à faire parler d’eux, le groupe ne se décourage pas pour autant. Après quelques soucis de line-up très vite réglés, Psychotomy réussi à accrocher un deal avec Everlasting Spew Records, un modeste label italien dont la qualité des sorties commencent pourtant à en faire l’une des structures les plus incontournables dans le milieu (Maze Of Sothoth, Galvanizer, Infuriate, Serocs, Vitriol...). De cette collaboration va naître Aphotik, un deuxième album rondement mené dont on va aujourd’hui parler.
La particularité la plus évidente en ce qui concerne Psychotomy, c’est d’avoir un line-up essentiellement composé de femmes. Matteo Ventura, seul homme à bord, partage donc cette aventure en compagnie d’Irene Brazzolotto et Lorenza de Rossi, toutes les deux à la tête de Psychotomy depuis sa création en 2010. Une composition toujours aussi étonnante mais ô combien rafraîchissante, surtout dans un milieu comme celui-ci où les femmes sont encore trop peu nombreuses. Qui plus est, ce sont bien elles qui tiennent les rênes puisqu’elles assurent le chant (Lorenza de Rossi) ainsi que les deux guitares. Matteo Ventura s’occupe quant à lui de la batterie, des lignes de basse sur l’album mais aussi de l’enregistrement et de la production.
Illustré par leur compatriote Raoul Mazzero (View From The Coffin : Demonomancy, Ekpyrosis, Fuoco Fatuo...), le mastering d’Aphotik a été confié à Dan Lowndes de Cruciamentum pour un résultat qui une fois encore ne manque ni de puissance, d’équilibre ou de profondeur. La couleur de la production tend quant à elle vers des sonorités plutôt modernes mais sans trahir pour autant les influences principales de Psychotomy qui sont à chercher essentiellement du côté de la scène Death US des années 90 et d’Immolation en particulier (même si on pourrait bien évidemment citer dans les formations plus récentes Dead Congregation et Ulcerate comme me l’a gentiment suggéré Keyser à qui j’ai malencontreusement volé cette chronique). Une ressemblance flagrante, d’abord dans la construction relativement alambiquée de chaque composition mais aussi dans le riffing tortueux et parfois dissonant des deux italiennes. Un manque de personnalité certes évident mais néanmoins largement compensé par un savoir-faire à toute épreuve et une science du riff à faire frémir n’importe quel amateur de Death Metal.
Si Psychotomy use ainsi de tournures stylistiques propres à Immolation (comme par exemple ces introductions tout en retenue sur fond d’arpèges plus ou moins dissonants avant que ne débarque la cavalerie à grand renfort de double-pédale et autres attaques de toms), le trio italien a clairement travaillé sa copie pour un résultat qui, en dehors de cette question d’identité (si tant est que cela soit un sujet pour vous), ne souffre d’aucun véritable défaut. La construction insaisissable de chaque morceau avec ces successions de plans et autres séquences difficilement prévisibles rend l’album particulièrement agréable à écouter. Alors oui, c’est vrai, les Italiens s’inspirent bel et bien d’un grand nom de la scène Death Metal mais leurs morceaux n’en possèdent pas moins leur propre développement qui font ainsi d’Aphotik un album particulièrement dynamique et toujours aussi intéressant au fil des écoutes.
Au-delà de ces liens de parentés évidents, on trouve surtout tout au long de ces quarante minutes, des compositions particulièrement bien ficelées. Vous êtes un brin machos et restés convaincus que quelques nanas ne peuvent pas faire au moins aussi bien qu’un groupe de bonhommes ? Et bien Pyshcotomy va vous faire tomber de haut (en plus de vous faire manger vos préjugés d’un autre temps). Déjà, il y a Lorenza de Rossi qui derrière le micro pourrait aisément se faire passer pour un mâle dominant de plus de 100 kilos. Très franchement, son growl n’a rien à envier à celui de ses homologues masculins et fait même particulièrement illusion tout au long de l’album. Ensuite, difficile de ne pas succomber au riffing d’Irene Brazzolotto et Lorenza de Rossi. Une qualité d’écriture indéniable pour des riffs sombres, ultra nerveux et en même temps capables de se faire bien plus sinueux et sournois. Même constat pour la prestation de Matteo Ventura dont le jeu tentaculaire et varié est assurément un sérieux atout pour Psychotomy. C’est aussi lui qui tient la basse sur une bonne partie des titres de l’album. Etant également en charge de la production, celui-ci lui a laissé une place de choix aux côtés des autres instruments. Bref, vous l’aurez compris, cet album est une franche réussite en plus d’être une excellente découverte.
Difficile de ne pas se montrer enthousiaste face à ce deuxième album qui constitue tout de même pour Psychotomy un sacré pas en avant au regard de sa discographie. Loin des pérégrinations Death/Thrash auquel le groupe était jusque-là habitué, les Italiens viennent avec Aphotik d’entrer dans la cours des grands grâce à un Death Metal sombre et implacable dont les traits ressemblent effectivement beaucoup à ceux d’un Immolation. Si vous êtes donc un inconditionnel de la bande à Robert Vigna et Ross Dolan, il faudrait voir à ne pas faire l’impasse sur cette sortie qui marche avec un certain respect dans les pas des maîtres new-yorkais.
| AxGxB 10 Janvier 2019 - 1011 lectures |
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