Windhand - Eternal Return
Chronique
Windhand Eternal Return
La pochette plus claire, plus lumineuse, plus enjouée confirme l’orientation plus « douce » de Windhand, une orientation amorcée dès Grief’s Infernal Flower après deux premiers albums marqués d’autant de réussites, baignés dans la lourdeur et un certain mysticisme.
Eternal Return reprend clairement les codes de Grief’s Infernal Flower. Halcyon, par exemple, ouvre sous des accords typiques du son du groupe, lourd, cotonneux, traversés de petits soli psychédéliques (Grey Garden, First to Die, Diablerie). La voix n’a pas bougé d’un iota, qui reste chaude, enveloppante comme l’est la musique du combo. L’évolution vers quelque chose de plus… accessible disons est toutefois palpable dès les premières écoutes. La production confiée à Jack Endino, producteur vedette des étoiles fanées du grunge, n’est sans doute pas étranger à cette aura. Les atours grunge donc, presque pop parfois de la musique du combo de Richmond attirent de suite l’attention. Sur certains accords plus énervés, sur certains ponts, c’est presque un son travaillé à la Nirvana qu’on entend. Les accords de guitares fuzz dont l’album est truffé renvoie de suite au début des années 90’ par certains côtés (Halcyon, Grey Garden, Red Cloud). A l’opposé du son plus mystique de Soma ou, surtout, plus brut de Windhand, ce Eternal Return porte finalement bien son nom.
Mais plus que tout, c’est surtout la voix de Dorthia Cottrell qui change tout. Peu important la lourdeur de la structure, faisant fi de l’ultra puissance de la basse (une constante chez Windhand), sa voix chaude, envoutante se diffuse par-delà les structures, les enrobant littéralement dans une chape de coton, qui rend l’écoute très confortable (Grey Garden, Red Cloud). Et comme la batterie, là encore marque de fabrique du combo, reste elle aussi très organique, l’ensemble rythmique / voix porte constamment des structures qui, bien que peu chargées en informations ou en arrangements, n’en demeurent pas moins épaisses. Le mélange voix / rythmique de plomb renvoie bien souvent cette impression d’être confronté à un mammouth doté d’ailes de papillon (First to Die, Red Cloud, Diablerie entre autres).
On constate que les passages à la guitare sèche ont disparu des habitudes du groupe. On peut certes le regretter mais, de fait, Windhand les a remplacé par des morceaux plus contemplatifs, tel ce Pilgrim’s Rest où la voix de Dorthia plane sur la structure et où les guitares égrènent de maigres accords aériens sur un rythme mélancolique et presque folk. Ou encore de morceaux plus intrigants, tel l’instrumental, Light into Dark, dissonant et transpercé d’accords de basse lointains et menaçants.
L’album est également habilement construit dans son tracklist puisque les quasiment deux derniers titres sont aussi les plus longs (11 et 13 minutes). Et ce sont également les deux (Eyeshine et Feather) qui symbolisent, à mon sens, le mieux ce Eternal Return. Quand le premier montre une facette un brin expérimentale, le second constitue un résumé parfait de la musique du groupe. Eyeshine est en effet ultra lent, quasi funeral dans son rythme. Les guitares bourdonnent, le son est sourd. La rythmique repte littéralement et la voix de Dorthia étire encore davantage le titre. Quant à Feather (la plume), il symbolise tout l’album et lui offre sa conclusion : il mélange tout ce qui fait le Windhand d’aujourd’hui, une rythmique 40 tonnes, des grattes alternant le psychédélique et le goudron et une voix de fée.
Windhand confirme sa forme, après un Grief’s Infernal Flower de belle qualité, au sommet du stoner doom. Le pachyderme aux ailes de lépidoptère affirme là une sorte de suprématie sur la discipline. On ne s’en plaindra pas.
| Raziel 9 Février 2019 - 1629 lectures |
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