Mayhem - Grand Declaration Of War
Chronique
Mayhem Grand Declaration Of War
2000 fut une année difficile à avaler pour les adorateurs de l'ancien Mayhem. Car en plus de pas pondre beaucoup d'albums, les norvégiens n'en font qu'à leur tête. 3 ans après le cultissime "De Mysteriis Dom Satanas", le groupe sort un EP intitulé "Wolf's Lair Abyss" sur lequel s'illustre un line-up totalement chamboulé (Hellhammer reforme le groupe en 1995) avec un style aussi froid qu'extrême, bien plus complexe qu'auparavant mais moins dans l'esprit "black metal" traditionnel. Il aura donc fallu attendre 7 ans avant que Mayhem se décide à sortir cet album, à la fois tant attendu et tant redouté.
La surprise fut au moins à la hauteur de l'événement : "Grand Declaration Of War" vient mettre clairement les choses au point. Mayhem n'a pas l'intention de rester sur ses acquis, de vivre dans son passé et n'a qu'une envie : évoluer. Vu le nombre d'adeptes que comptait le combo norvégien et leur attachement au style légendaire de Mayhem, ce changement de direction était audacieux et a malheureusement fait des ravages dans les rangs de leurs fans. Et malgré le succès rencontré auprès des critiques, cet album n'a pas eu le succès qu'il mérite de mon point de vue.
Et pourtant, "Grand Declaration Of War" est d'une profondeur, d'une richesse, d'un génie hors norme. Difficile d'imaginer quel autre groupe de black metal aurait pu atteindre un tel niveau conceptuel. En fait, le seul problème de cet album vient du croisement entre l'expérimental et le black. Ceux qui aiment le metal expérimental pourraient être déçus par son côté extrême ; ceux qui apprécient le black metal pourraient ne pas supporter son côté expérimental. Il faut donc une bonne ouverture d'esprit pour le digérer, s'écarter de tous les clichés du style, repartir sur de nouvelles bases, un peu comme l'ont fait les membres du groupe. Tout commence par le riff qui concluait "Wolf's Lair Abyss", un riff torturé, malsain sur lequel Hellhammer s'amuse à blaster et à battre des roulements militaires. Difficile d'extraire une structure et Maniac semble beaucoup s'amuser avec sa voix. Etrange. Il faudra attendre le second morceau "In The Lies Where Upon You Lay" pour y voir un peu plus clair. Non, vous ne vous êtes pas trompé, c'est bien du Mayhem que vous écoutez.
"Grand Declaration Of War" est en réalité un concept album sur la guerre. La première partie installe le contexte et fait monter la tension jusqu'au commencement des hostilité. L'ambiance est très austère, haineuse avec un maniac qui scande des discours façon dictateur et s'adonne à des hurlements de toute première boucherie (comme d'habitude). Cette première partie composée des 5 premiers titres ne fait en réalité qu'un seul bloc, très cohérente sur le plan musical et structurel : riffs techniques, mélodies dissonantes, rythme martial, le groupe alterne les parties de blasts typiquement black metal avec des parties plus "militaires", qui illustrent bien la préparation de la guerre.
Puis, une explosion. Un grand silence. Une voix qui sort de nulle part aux paroles pleines de désespoir. Bienvenue dans la seconde partie de l'album : les conséquences. Mayhem ouvre le bal avec "A Bloodsword And A Colder Sun", sans conteste leur titre le plus expérimental, espèce de morceau électronique "drum'n bass" très planant mais aussi parfaitement représentatif du survol d'un champ de bataille décimé par une bombe atomique. Les autres titres repartent de plus belle, mais l'atmosphère est bien différente de la première partie, plus planante, plus mystique même, avec l'utilisation de choeurs en chant clair. Avec le même style, le groupe a su parfaitement retranscrire en musique leur vision de l'album sans tomber dans la facilité et en prenant une nouvelle fois l'auditeur à contre-pied.
Mayhem a poussé le concept jusque dans l'élaboration du livret sur lequel on peut voir une colombe morte dans des fils barbelés (le message est clair) et à l'intérieur, une fresque illustrant l'avancement de l'album, parallèlement aux paroles. La production est quant à elle, très froide (à l'image de l'album) et plutôt bonne, même si on se demande parfois si c'est réellement Hellhammer qui joue car la batterie sonne parfois un peu électronique (mais c'est un détail).
Alors voilà, Mayhem a changé et se renouvelle. Il serait d'ailleurs totalement inutile de le comparer à leurs anciennes productions tellement les norvégiens se sont efforcés à creuser l'écart avec leur glorieux passé. Pour moi, "Grand Declaration Of War" est une pure merveille, un disque unique, intelligent et novateur comme on en fait peu et surtout dans un style où les groupes qui se démarquent ne sont pas légion. Un disque qui n'a d'intérêt que dans son ensemble : difficile de décrire ce qui s'y passe car il y aurait tant à dire et je vous conseille de vous y plonger, si vous ne le connaissez pas encore. Mayhem a tracé son chemin : suivra qui voudra.
| Dead 26 Février 2005 - 6315 lectures |
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