Une seule démo aura été nécessaire aux Américains de Fetid pour réussir à décrocher un deal avec 20 Buck Spin Records, l’un des labels les plus en vue ces dernières années en matière de Death Metal mais pas que puisque l’on y trouve également d’autres formations tout aussi dignes d’intérêt telles que Magic Circle, Spirit Adrift, Foreseen ou encore Khemmis.
Intitulé
Steeping Corporeal Mess, ce premier album fait suite aux quelques titres de l’encourageante démo
Sentient Pile Of Amorphous Rot parue deux ans plus tôt et sur laquelle je compte bien mettre la main un jour. Outre un artwork appétissant signé du Chilien Daniel Hermosilla également connu sous le patronyme de Nox Fragor Art (Cenotafio, Invehertex, Mortem, Praecognitvm…), on trouve ici cinq nouvelles compositions pour une durée peu excessive d’un peu plus de trente-deux minutes.
Afin de coucher sur bandes ce premier album, le groupe a pris la direction des Earhammer Studios sous la houlette du producteur Greg Wilkinson (Atrament, Autopsy, Extremity, Mortuous, Necrot, Undergang, Scolex, Vastum...). Un CV particulièrement bien étoffé qui, vous l’aurez remarqué si vous suivez un tant soit peu son développement, a vu passer pas mal de groupes issus de cette nouvelle garde américaine. S’il est donc un producteur qui semble faire l’unanimité, Greg Wilkinson est également musicien dans un groupe de Sludge bien connu des amateurs du genre (Brainoil). Un détail qui a évidemment toute son importance ici puisque le son apporté à ce premier album répond à ce besoin de crasse et de lourdeur suggéré d’emblée par le nom du groupe mais aussi et surtout par le fait que Fetid produit, un peu comme tous ses petits camarades, un Death Metal putride et nauséabond fortement marqué par les années 90.
De cette basse ultra saturée à ces riffs pesants et rugueux en passant par ce growl lointain et d’une profondeur insondable, l’auditeur ne sera pas particulièrement dépaysé par son voyage dans l’univers de Fetid (même si en comparaison, la production de la démo est à des années lumières de la lourdeur et l’épaisseur du propos de Fetid sur ce premier album). Par contre, si ce qu’il recherche sont des compositions bien ficelées, suffisamment variées pour ne jamais lasser (malgré des titres qui tendent à s’étirer en longueur en comparaison de ceux de la démo), chargées d’atmosphères obscures et pestilentielles et surtout d’une efficacité à toute épreuve, alors ce
Steeping Corporeal Mess ne devrait pas manquer de vous intéresser et a fortiori de vous convaincre par la même occasion.
Car à l’instar d’un Undergang qui a fait de Greg Wilkinson son producteur attitré depuis 2014, Fetid se vautre avec un plaisir non dissimulé dans la fange la plus dégueulasse pour en sortir un Death Metal dégoulinant et abrasif aux accélérations particulièrement jouissives et soutenues. Une intensité menée à coups de riffs éclairs et de blasts nerveux qui va naturellement compenser la propension qu’on les trois américains à ralentir le tempo au profit de ces séquences dites lourdingues. Et si Fetid fait preuve de moins de groove que les Danois, c’est aussi parce qu’il est à l’inverse plus brutal qu’un Undergang dans ces instants de fulgurances. Comme sur
Sentient Pile Of Amorphous Rot ("Coalescing Decay"), Fetid s’autorise là encore une introduction électronique à la sauce film d’horreur des années 80. Amenée sur cet ultime morceau de plus de huit minutes qu’est "Draped In What Was", elle apporte une petite bouffée d’air frais sans pour autant dénaturer l’atmosphère résolument old school de l’ensemble.
Si ces groupes américains que l’on a vu émerger récemment ne sont pas d’une grande originalité, il faut leur reconnaître à l’inverse un sens de l’efficacité particulièrement affûté ainsi qu’une excellente connaissance et maîtrisé de leur héritage (allant de Rottrevore à Infester en passant par Baphomet/Banished sans oublier les plus récents tels que Funebrarum ou Disma). Ainsi, sans grande surprise, ce
Steeping Corporeal Mess n’est qu’une suite logique à ce qu’à pu produire Fetid au préalable et, ma foi, c’est très bien comme ça. D’autant que la production permet ici de rendre le tout encore plus redoutable et écrasant. Une leçon de Death Metal à l’ancienne dispensée en seulement trente-deux petites minutes. Certainement pas de quoi s’étouffer mais par contre l’envie absolument irrésistible d’y revenir encore et encore.
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