Cave In - Final Transmission
Chronique
Cave In Final Transmission
Caleb Scofield avait intégré les rangs de Cave In à l’âge de vingt ans. C’était en 1998, quelques mois seulement avant l’enregistrement de leur premier album intitulé Until Your Heart Stop. Un disque particulièrement impressionnant au regard du peu d’expérience de ces jeunes musiciens ayant réussi à taper dans l’œil du label Hydra Heads Records sur la base de quelques sorties convaincantes. Occupant la place de bassiste/chanteur, il avait suivi Cave In dans ses mutations mais également participé à d’autres projets tels que Zozobra et Old Man Gloom. Malheureusement, il est mort le 28 mars 2018 d’un accident de voiture à l’âge de trente-neuf ans…
Si ce décès a résonné d’une manière ou d’une autre chez tous ceux ayant gravité de près ou de loin dans la scène Hardcore à la fin des années 90, il est bien évident que les plus affectés par cette tragédie sont sa famille et ses amis les plus proches, à commencer par Stephen Brodsky, Adam McGrath et John-Robert Conners. Et s’il n’y a pas de façon particulièrement appropriée pour gérer la perte d’un être cher, le groupe aurait néanmoins pu décider d’en rester là, de baisser tout simplement les bras et d’honorer la mémoire de leur ami dans leur coin. Ils ont cependant choisi une autre voie, comme pour mieux terminer ce qui avait été commencé tous ensemble et ainsi faire briller le nom de Caleb Scofield une dernière fois, pour toujours.
Final Transmission porte ainsi cette histoire commune jusque dans son titre tout en laissant supposer ce qu’il en est désormais de l’avenir de Cave In. Décédé alors que le groupe était en pleine phase de composition et d’arrangement, ces neuf titres s’apparentent sur le papier à une collection de démos que le groupe n’aura jamais l’occasion de finaliser. Sauf que passées entre les mains expertes d’Andrew Schneider (Slughog, Pigs, Translator Audio Studio, Coextinction Recordings...) et James Plotkin (Atomsmasher, Khanate, Lotus Eaters...), ces quelques titres forment aujourd’hui un tout à considérer bel et bien comme un album à part entière. Et c’est d’autant plus vrai que que Caleb Scofield tient la basse sur six des huit compositions de l’album. "Final Transmission" est aussi le titre de ce premier morceau particulièrement touchant et naïf qui ouvre l’album. Plus qu’un simple "opener", il s’agit en fait d’un mémo vocal, l’ébauche acoustique d’un nouveau morceau enregistré par Scofield sur laquelle il y fredonne des sons plutôt que des mots et que ce dernier a envoyée à ses camarades quelques heures avant sa mort. Un ultime témoignage particulièrement poignant surtout à la lumière des événements décrits plus haut.
Huit ans après Planet Of Old et surtout White Silence qui à l’époque avait marqué le grand retour de Cave In après un hiatus entamé fin 2006, on retrouve aujourd’hui un groupe dont la formule n’a pas spécialement changé. S’il fût l’un des précurseurs en matière de Hardcore chaotique à la fin des années 90, Cave In s’est petit à petit transformé en un projet de moindre envergure, Stephen Brodsky et Caleb Scofield (les deux têtes pensantes du groupe) s’étant notamment investis dans d’autres formations aux sorties plus régulières (Mutoid Man et Old Man Gloom). Aussi, pour quiconque ayant suivi la transformation de Cave In depuis Jupiter, ce Final Transmission ne devrait pas être une surprise. Le groupe de Boston renoue ainsi avec ce Post-Hardcore à la fois mélodique grâce à des lignes de chants toujours aussi impeccables et à des riffs parfois très aériens (à la manière des excellents Jupiter et Antenna comme sur "All Illusion", "Shake My Blood" ou bien encore "Lunar Day") mais aussi abrasif grâce à certains riffs bien lourds et métalliques, une basse particulièrement nerveuse et les éructations de Scofield (façon Perfect Pitch Black ou White Silence sur "Night Crawler", "Winter Window", "Lanterna", "Led To The Wolves"...). Seule cette sensibilité à fleur de peau dans la voie de Stephen Brodsky ainsi que cette urgence qui émane de chacune de ces neuf compositions (l’album dure à peine plus de trente minutes) témoignent d’une histoire malheureusement bien différente de celles qui entoure les albums précédents de Cave In. D’ailleurs, les paroles ont pour l’essentiel été écrites après la disparition de Caleb. Autant dire qu’il y a de quoi vous remuer les tripes ("All Illusion", "Shake My Blood").
Album éprouvant malgré certaines tournures mélodiques entêtantes, on imagine assez facilement à quel point il a dû être compliqué pour les trois membres restant de finaliser cet ultime hommage à leur copain à qui ils n’ont même pas pu dire au revoir. Alors c’est vrai, Final Transmission n’apporte rien de bien nouveau à la discographie chargée de Cave In, il fait également figure d’album pas tout à fait terminé avec, on le sent bien, des titres qui auraient pu être développés davantage mais là n’est pas l’essentiel. L’essentiel est que Stephen Brodsky, Adam McGrath et John-Robert Conners aient pu mettre un terme à cette aventure qu’ils avaient commencé tous ensemble avec Caleb Scofield et qu’en dépit de son absence assourdissante, celui-ci se fasse entendre de la première à la dernière seconde de cet album particulièrement fort émotionnellement.
| AxGxB 5 Juillet 2019 - 1416 lectures |
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