Carbonized - For The Security
Chronique
Carbonized For The Security
Des classiques du Death Metal en provenance de Suède, on en compte évidemment un sacré paquet. Parmi ceux-là, il y en a néanmoins quelques uns qui font encore défaut sur Thrashocore. Je pense par exemple aux premiers albums de Grave (Into The Grave), Sorcery (Bloodchilling Tales), Tiamat (Sumerian Cry), Therion (...Of Darkness) et Carbonized dont nous allons enfin parler aujourd’hui.
Formé en 1988 dans la région de Stockholm, Carbonized a vu passer dans ses rangs tout un tas de musiciens largement impliqués dans le développement et l’explosion de la scène suédoise à la fin des années 80. De Matti Kärki (Dismember, ex-Carnage, ex-Murder Squad, ex-Therion...) à Richard Cabeza (Dismember, Unanimated, ex-General Surgery, ex-Damnation...) en passant par Zoran Jovanović (ex-Morbid), Jonas Deroueche (Unanimated, ex-General Surgery), Per Axe (ex-Excruciate) ou Henrik Brynolfsson (ex-Excruciate), tous ont contribué de près ou de loin aux premières sorties du groupes. Pour autant, aucun de ces garçons n’a participé à l’enregistrement de ce premier album sorti en décembre 1991 sur le label français Thrash Records (Excruciate, Mega Slaughter, Epitaph, Mordicus, Sentenced...).
Intitulé For The Security, ce premier album passé entre les mains de Tomas Skogsberg aux célèbres Sunlight Studios réunit en effet Christofer Johnsson (Therion), Lars Rosenberg (ex-Entombed, ex-Therion) et Piotr Wawrzeniuk (ex-Therion). Un line-up de choix pour un disque peut-être pas aussi ultime et plébiscité qu’un Left Hand Path ou un Like An Ever Flowing Stream mais pourtant tout aussi incontournable pour n’importe quel amateur de vieilleries suédoises absolument dignes d’intérêt.
Faisant suite à trois démos, un single et un split qui auront permis au nom du groupe de circuler dans les milieux autorisés jusqu’à trouver son chemin dans la petite ville portuaire du Havre, ce premier album semble avant même de l’avoir écouté se distinguer de ses homologues de la même époque. En effet, l’illustration signée Pär Juhlin, malgré cette menace et ce sentiment d’insécurité qu’elle dégage, renvoi davantage à l’univers du Punk/Hardcore/Crust qu’à celui du Death Metal constitué essentiellement de zombies, de monstres abominables, de scènes blasphématoires et d’univers cauchemardesques et infernaux. Cette filiation, si elle n’existe qu’à l’état de supposition au regard de cet artwork, va néanmoins s’avérer relativement exacte une fois la lecture lancée. Car si on parle en effet de Death Metal pour qualifier la musique des trois suédois, il faut bien se rendre à l’évidence qu’il y a dans ces quelques compositions expédiées tout de même en moins de trente minutes une certaine inclinaison pour les musiques Punk/Hardcore et autres dérivés (Grindcore en tête). Entre cette batterie qui va enchaîner les blasts et autres séquences D-Beat et l’une de ces voix bien plus arrachée et hargneuse, il faudrait en effet être de très mauvaise fois pour ne pas dresser un parallèle avec des groupes comme Napalm Death ou Carcass. Mais ce n’est pas tout à fait la seule particularité de Carbonized dont la carrière, outre ce premier album particulièrement chouette, reste également marquée dès l’album suivant (Disharmonization) par un changement de cap pour le moins déstabilisant. On va ainsi retrouver tout au long de ce For The Security tout un tas de petites bizarreries que les Suédois continueront d’entretenir par la suite bien volontiers et encore plus largement quitte à se mettre à dos une bonne partie de son public de la première heure. De certaines envolées vocales un brin schizophrène à ces quelques structures, changements de rythmes et autres plans de basse et de batterie plutôt surprenants (comme sur "Euthanasia", "Blinded Of The Veil", "Syndrome", "Reflections Of The Dark", "Purified (From The Sulfer)"...) en passant par tout un tas de mélodies aux sonorités étranges et tout aussi inattendues ("Third Eye", "Purified (From The Sulfer)", "Monument"), les Suédois prennent vraisemblablement un malin plaisir à entretenir cette différence qui est la leur.
Une différence que le groupe cultive paradoxalement dans le cadre de compositions pourtant relativement simples qui dans leur apparence globale, ne dénotent absolument pas avec les productions de l’époque. On va ainsi retrouver chez Carbonized, comme chez beaucoup de groupes suédois, ces constructions héritées de la scène Punk avec, on l’a vu, ces franches accélérations partagées entre blasts, tchouka-tchouka et D-Beat ultra dynamiques et entrainants. Quelques séquences ici et là font preuve néanmoins de davantage de retenue (tout en apportant au passage soit un soupçon de lourdeur soit un peu de cette bizarrerie évoquée plus haut) et ainsi insufflent un peu de cette variété nécessaire même si effectivement, c’est bien le couteau entre les dents que les trois garçons de Carbonized mènent ici leur attaque. Côté riffs, la simplicité est également de mise. Une simplicité au service d’une efficacité à toute épreuve et d’atmosphères particulièrement sinistres qui n’ont rien à envier aux sorties de l’époque (le premier riff de "Recarbonized" reste un modèle du genre). Saluons enfin la production de Tomas Skogsberg qui tout en restant fidèle à son travail (ces guitares au grain si particulier qui a fait sa renommé) a su ne pas tomber dans la simple redite et offrir à Carbonized quelque chose de plus personnel, notamment en entretenant à sa manière cette approche Punk/Hardcore grâce à une batterie ultra naturelle, presque dépouillée.
S’il ne fait pas partie des premiers albums auxquels ont pense forcément lorsque l’on évoque l’importance de la scène Death Metal suédoise, For The Security n’en reste pas moins un album indispensable de cette période. Outre son efficacité avérée et cette intensité qui s’en dégage, c’est surtout parce qu’il se distingue assez nettement de ce que des groupes comme Entombed, Dismember, Grave ou Unleashed on pu produire au début des années 90 (et je ne vous parle même pas de la cohorte de suiveurs marchant dans leurs pas). Ses accointances évidentes avec le Grindcore en font effectivement un album un petit peu à part dans le paysage scandinave de l’époque (même si on pourrait cependant le rapprocher d’un Yeah de Xysma).
| AxGxB 8 Avril 2021 - 1341 lectures |
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