ShadowStrike - Legends of Human Spirit
Chronique
ShadowStrike Legends of Human Spirit
En ces temps troubles où le power metal se modernise au maximum pour tomber dans le même piège que beaucoup de groupes de heavy metal mainstream, à polir leur production au maximum et à adopter des codes de compositions pas vraiment renversants, il n'y a plus grand-chose à se mettre sous la dent. Et en ce moment, parmi les Disowning, Krypts, Ossuarium ou autres joyeusetés, j'aime retourner du côté clair de la force, avec des groupes plus lumineux et qui propose une approche plus légère du metal. Problème: je ne sais plus vers qui me tourner. Rhapsody of Fire et leur dernier album? Pourquoi pas. Gloryhammer? Bonne idée mais le côté metal parodique à tendance à m'agacer, à la longue. Grimgotts, Freternia, Fugatta? Autant de potentiels candidats mais jamais rien d'exceptionel, à en juger également par les corrects mais dispensables Sabaton et Paragon (le second étant quand même meilleur que le premier). Quelle ne fut donc pas ma surprise de découvrir ce Shadowstrike, formation New-Yorkaise toute jeune qui s'essaie pour la première fois au format de la longue-durée avec leur "Legends of Human Spirit"! Ces jeunes geeks formés en 2010 n'en sont cependant pas à leur première sortie, avec la démo "Push Start" en 2012 et un premier EP "Infinite Power" en 2014 qui annonçait déjà de bonnes choses. Voilà des petits gars qui décident de s'éloigner de leur scène USPM menée par, entre autres, Savatage, Crimson Glory ou Manowar, pour venir plutôt s'immiscer dans le power mélodique et tonitruant de la scène finlandaise et anglaise, dont l'incontestable représentant Américain est Cellador.
Et cette fois-ci, dieu merci enfin, exit la célèbre balade de milieu d'album qui fait bien souvent retomber toute la dynamique et l'intérêt de l'album, Shadowstrike ne fait pas dans la demie-mesure pour son debut. Ici, pas le temps de se reposer: le groupe nous balance à travers la tronche plus d'une heure de power metal mélodique rempli de claviers et de chants chaleureux qui va à 200 à l'heure, avec des compos rudement bien travaillées et plutôt longues puisqu'on a une moyenne d'environ 6 minutes, avec une pointe à 10:15 pour la dernière. Les Américains ont plutôt bien retenu leurs leçons en nous proposant quelque chose aux influences très nettes de Dragonforce période "Valley of the Damned" et de Power Quest période "Wings of Forever" et "Neverworld". Sans perdre son temps, l'album démarre sur "Heart for Yearning Journey" avec ses super leads et sa double-pédale qui nous plonge direct dans le vif du sujet. Ce pur titre de speed mélo façon "Ecliptica" sait se montrer accrocheur avec ses soli à droite-à gauche, ses couplets entraînants et ce refrain! Quel refrain! Une magnifique montée vocalique du chanteur Matt Krais tout en blanches qui nous laisse pleinement le temps d'apprécier chaque note et qui monte, qui monte...! qui nous démontre les capacités exceptionnelles de ce frontman.
Cette volonté d'en mettre plein la vue d'entrée de jeu s'exprime aussi au travers de l'intro de l'album, située... en deuxième position. La courte "Ascension", bien que entièrement symphonique et narrative, a tout pour faire l'ouverture d'un album, et pourtant elle se trouve en seconde position, derrière la tonitruante "Heart for Yearning Journey" donc, comme si le groupe ne voulait pas perdre de temps et d'abord taper un grand coup avant d'ensuite faire les présentations.
Avec un début pareil, comment ne pas rester? Nous voilà donc hameçonnés et dès lors, il sera difficile de passer à autre chose tant ce disque regorge de bons moments qui ne se reposent jamais. Les claviers prennent une part non négligeable du spectre sonore, rapprochant l'oeuvre de groupes comme Gloryhammer ou Twilight Force de par son côté très "Disney" comme peut le montrer le refrain de "Fly With Me" avec ses flûtes ça et là, l'outro tout en clarinettes de "Where Sleeping Gods Await", le court break symphonique de "Heart for Yearning Journey" ou celui de "Fields of Valour", plus long, ou bien encore du petit côté "Peter Pan" avec ces superbes cloches (mon talon d'achille en power symphonique, j'avoue) à la fin de "A Dream of Stars" qui vous fera faire de beaux rêves plutôt que de vous effrayer.
Et oui, ce disque est une invitation à s'envoler pour le Pays Imaginaire et ce, sans même consommer des substances douteuses. Certaines parties auront pour unique but de se montrer rassurantes et entraînantes, à l'image de la vibe à la Power Quest de "Forever as One", du refrain très chaleureux à la Sonata Arctica de "Where Sleeping Gods Await" ou de l'intro de ce même morceau dont on aurait juré qu'elle soit sortie tout droit d'un film d'animation pour enfant... insouciante et naïve. Il arrivera aussi que le côté symphonique prenne le dessus comme sur "Fly With Me" et ses choeurs qui arrivent de partout ainsi que sa partie nettement plus power symphonique où la guitare rhythmique n'est presque plus existante.
Le disque n'est pas mal produit pour autant, avec autant d'éléments synthétiques on pourrait s'attendre à quelque chose de très numérique, retouché encore et encore par les différents studios avec tout l'argent du label, mais non! Ici, on a affaire à quelque chose d'indépendant. Sans avoir un budget à la Septic Flesh, le groupe réussit l'exploit de produire d'eux même des arrangements symphoniques pas dégueus et de les mixer correctement avec le reste des instruments: quand ce sont les soli et les claviers qui mènent la danse, les symphonies se mettent en retrait et inversement. Au final, le son aura un grain assez lisse qui donnera un autre petit côté chaleureux et "Disney" à l'album.
Shadowstrike fait donc une entrée fracassante sur les devants de la scène metal mélodique avec ce "Legends of Human Spirit" haut en couleurs, en sonorités chaleureuses, en symphonies grandioses et en chant épique, qui trouvera parfaitement sa place aux côtés d'un Cellador ou d'un Power Quest. Les soli façon Dragonforce ne débordent jamais - contrairement à leurs maîtres d'armes - et sont tous rudement bien exécutés, et il en va de même pour les claviers façons Sonata Arctica. Chaque instrument trouve une raison d'être et brille plus ou moins tout au long de l'album, les arrangements symphoniques sont bien dosés et calculés... en bref, le groupe effectue un subtil mélange des groupes les plus marquants de leur scène - la batterie bien énervée rappellera plusieurs fois Cellador, le côté excès et "débordement partout" lui, renverra à Galneryus... Il y a à boire et à manger, dans ce "Legends of Human Spirit". Alors, laissez-vous tenter (après tout, le kitsch n'a jamais tué) et évadez-vous le temps d'une heure avec lui.
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