Sweven - The Eternal Resonance
Chronique
Sweven The Eternal Resonance
Ceux d’entre vous qui ont bonne mémoire se rappellent sûrement que Sweven est le titre donné par Morbus Chron à son dernier album. Sorti en 2014 sur Century Media Records, celui-ci avait pas mal défrayé la chronique à cause d’un changement de registre pour le moins surprenant puisque d’un Death Metal à l’ancienne le groupe avait muté vers une version beaucoup plus progressive. Désormais Sweven est également le nom d’un trio suédois formé il y a seulement quelques mois et dans lequel on retrouve justement Robert Andersson, principal compositeur et tête-pensante derrière feu-Morbus Chron.
En parcourant la fiche promo adressée par le label, on apprend que les titres qui composent ce premier album sont pour l’essentiel constitués d’idées et autres ébauches mal dégrossies datant d’il y a déjà quelques années (The Eternal Resonance materialized during the course of 2017 est-il inscrit dans le livret). Après avoir ressassées, travaillées et digérées ces idées pendant près de trois ans, Robert Andersson s’est finalement décidé à les coucher sur bande. Afin de mener à bien son projet, le Suédois s’est associé à son ancien collègue et guitariste Isak Koskinen Rosemarin, au batteur Jesper Nyrelius ainsi qu’à l’illustrateur espagnol Raúl González a qui il a confié l’artwork de ce premier album intitulé The Eternal Resonance sorti il y a quelques semaines chez Ván Records.
Malgré ses excellentes prestations live en compagnie du seul véritable Entombed (celui de Nicke Andersson, Ulf Cederlund et Alex Hellid) et son passage pour le moins remarqué sur l’excellent premier album de Temisto (si vous ne l’avez toujours pas fait, il faut que vous alliez écouter ce disque), Robert Andersson reprend les choses grosso modo là où il les avait laissé il y a déjà six ans. Ceux qui espéraient naïvement un retour à une musique plus directe et, disons-le, plus convenue pourront continuer à espérer car c’est bien vers un Death Metal progressif que tend une fois de plus monsieur Andersson.
Toutefois, comme le suggérait mon "grosso modo" un peu plus haut, on note tout de même quelques évolutions qui tendent à faire de ce premier album un disque plus abouti, plus complet et peut-être tout simplement mieux équilibré. Pourtant loin d’avoir craché sur Sweven à sa sortie, certaines petites choses n’étaient toutefois pas sans me chiffonner. L’une d’elles concernait le chant souvent trop en retrait à mon goût, sûrement afin de privilégier ces paysages sonores touchant pour la plupart à l’onirique. Un point ici corrigé puisque le Suédois a retrouvé son statut de frontman, prenant place derrière un micro qu’il va venir utiliser bien plus régulièrement. Certes, les longues séquences instrumentales plus ou moins ambiancées et tortueuses sont encore de la partie mais il suffit de jeter un coup d’oeil à la longueur des textes qui figurent là encore dans le livret pour comprendre que Robert Andersson à désormais beaucoup plus de choses à nous raconter. Des interventions qu’il va signer avec le même growl qu’à l’époque de Morbus Chron, c’est à dire une voix arrachée et à l’ancienne, bien plus habitée et désespérée qu’il n’y paraît et évidemment plus proche d’un Nihilist/Entombed que d’un Cannibal Corpse ou d’un Incantation.
Pour pouvoir chanter davantage tout en continuant de proposer de longues séquences instrumentales il n’y à pas trente six façons pour y arriver, il faut tout simplement allonger ses compositions. C’est ce qu’à fait ici Robert Andersson puisqu’en dehors de cette introduction instrumentale de plus de trois minutes, il n’y a pas ici un titre sous la barre des six minutes. Forcément, la durée globale s’en ressent puisque l’on dépasse de peu les soixante minutes. Un format particulièrement long mais finalement pas aussi handicapant qu’on pourrait le croire. Bien entendu, il faudra faire preuve d’attention tout au long de l’album pour espérer en apprécier les moindres petites subtilités mais de toute façon ce genre de disque n’est pas de ceux que l’on peut aborder d’une oreille distraite sous peine de passer autrement à côté de plein de choses et finalement de le trouver pénible ou quelconque.
Musicalement, au-delà de ces points abordés plus haut, ce premier album de Sweven s’inscrit dans la continuité de ce que proposait déjà monsieur Andersson avec Morbus Chron et son ultime album. Un Death Metal très progressif, jamais agressif (si ce n’est ce chant/growl écorché et quelques brefs passages un poil plus corsés) et davantage porté sur les mélodies et la construction de séquences fleuves aussi limpides qu’envoutantes. À ce titre, on ne peut que saluer l’excellent travail réalisé sur les guitares qui, tout au long de ces soixante minutes, portent l‘album de leurs riffs mélodiques absolument impeccables et de leurs solos qui touchent presque au divin ("By Virtue Of A Promise" à 6:22, "The Sole Importance" à 5:18, "Solemn Retreat" à 4:22). Un travail particulièrement soigné mais surtout terriblement inspiré qui va se traduire également par des mélodies subtiles ("The Spark" qui en l’espace de trois minutes instrumentales va de suite nous plonger dans l’ambiance, l’entame Post-Rock de "By Virtue Of A Promise" qui à chaque écoute me colle la chair de poule, le riff principal particulièrement entêtant de "Reduced To An Ember", celle un peu plus sombre de "The Sole Importance", le break de "Solemn Retreat" débutant à 5:14, le superbe "Sanctum Sanctorum" qui vient conclure l’album comme il a commencé, c’est à dire sans l’ombre d’un chant (enfin si ce n’est ces voix religieuses qui arrivent à 7:30)) qui entretiennent des atmosphères tantôt oniriques, tantôt victoriennes (renforcées très justement par l’utilisation régulière d’un piano utilisé plus ou moins discrètement en trame de fond) qui ne devraient pas manquer de séduire tous les amateurs du Tribulation de ces dernières années.
Il aura fallu quelques années à monsieur Robert Andersson pour donner une suite à l’aventure Morbus Chron. Néanmoins, à l’écoute de ce premier album particulièrement réussi, il ne fait aucun doute que cela en valait la peine. Car si à l’époque Sweven souffrait effectivement de quelques lacunes et d’une comparaison naturellement inévitable avec son prédécesseur ayant fait pas mal parler de lui, les attentes étaient pour beaucoup quasi-inexistantes. Certes, l’auditeur éclairé savait pertinemment à quoi s’attendre ne serait-ce qu’à la vue de cet artwork mêlant le rêve à l’étrange mais peu suspectaient un retour aussi réussi, aussi maitrisé et aussi homogène. Une franche réussite pour le Suédois qui a bien fait de prendre son temps et de ne pas en rester dans l’ombre. Avec des compositions de cette qualité cela aurait été dommage.
| AxGxB 6 Mai 2020 - 2026 lectures |
|
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo
Par Jean-Clint
Par Troll Traya
Par alexwilson
Par Sosthène