Old Man Gloom - Seminar VIII: Light Of Meaning
Chronique
Old Man Gloom Seminar VIII: Light Of Meaning
The Ape of God m’avait subjugué. Tout, j’avais accroché à tout, chaque titre, chaque seconde . Je me rappelle aussi la première fois que j’ai entendu parler du groupe : les quatre gars s’étaient amusés à envoyer de faux morceaux aux journalistes pour protester à leur manière contre les leaks. Ce troll musical avait fait le tour des news ; je me vois encore raconter ça à mes potes sur les bancs de la fac (ils s’en foutaient complètement). Après la rigolade arriva le moment où je me suis penché réellement sur le groupe. D’abord sur les membres : des mecs de Converge, Isis, Cave In… Ça promettait. J’ai poncé ces deux albums (tous les deux appelés the Ape of God), me les suis passés en boucle, ai dévoré ensuite leur entière discographie. Puis le docu aussi. Bref vous l’aurez compris, gros, gros coup de cœur.
En 2018 fut annoncé le décès de Caleb Scofield. Énorme coup dur pour le groupe. Il fut remplacé par l’un de ses plus proches amis, Stephen Brodsky, de Cave In et Mutoid Man. Ces dernières années, j’avais un peu oublié Old Man Gloom, je l’avoue, mais mon amour pour the Ape Of God était toujours là, enraciné en moi, rien ne pouvait le faire partir. Et puis, qu’elle ne fut pas ma surprise de voir non pas un, mais deux albums du groupe sortir cette année. Grosse joie. Qui n’a pas duré.
A commencer par la pochette, qui m’a fait hausser le sourcil droit : jaune, avec un grib... dessin sans queue ni tête. Bon, pourquoi pas, celle de Christmas était elle-aussi spéciale en son genre. Forte appréhension tout de même. Et puis ensuite, la désillusion. Après avoir lancé le disque pour la première fois, j’ai mis la lecture sur Pause arrivé à la fin de la troisième piste. Bien qu’étant calme au début, j’avais commencé au fil des secondes à m’agiter, à triturer mon câble de casque nerveusement. Pour résumer, sur ces trois premiers titres, nous avons au total et grosso modo du 50/50 sur chaque morceau : 50 % bidouillage électronique, 50 % de contenu « Métallique » (pour grossir le trait et englober le le Sludge, Post-Hardcore,...). Ces trois titres donnent l’impression d’un simple patchwork : dans votre shaker, placez des sons noise/bruitistes/indus (bordel, ces gargouillis insupportables sur le « EMF »), un peu de hardcore/post-hardcore/Sludge. Mélangez, et PAF : bin, ça fait pas des Chocapics… Ni de bons titres d’ailleurs. Sans saveur, sans aucune fluidité interne, aucune dynamique ; rien de surprenant, c’est plat et les expérimentations de Mr Turner n’apportent rien d’entraînant. Elles n’ancrent pas l’auditeur dans une sensation ou même un récit. Non. Elles noient les parties « Metal », elles débordent complètement dessus, s’insèrent en leur intérieur pour mieux les gangrener. Pourtant, cesdites parties ne sont pas inintéressantes, loin de là ! Entre le Sludge bien gras de « EMF », le Post-Hardcore mélancolique et agressif des deux autres, on est en présence du Old Man Gloom que l’on connaît, celui qui nous écrase telles des cucarachas sous une botte métallique, celui qui nous chope et nous prend au tripes, littéralement. Mais ces moments sont bien trop courts…
Suite à ça, je me suis alors rassuré comme je pouvais, en espérant une déferlante sur les titres suivants, bien plus longs que ceux que j’avais sub...écoutés précédemment. Oui. Mais pas tout à fait. Passé son intro d’usine de découpage de papier, « Calling you Home » se révèle être le meilleur titre de l’album, que se le dise. Des solos de guitares faisant penser à un hymne psychédélique très Pink Floydien ouvrent le bal, auxquels s’ajoute une voix nonchalante, désabusée mais tellement charismatique ; puis débarquent la basse et le toms basses, tels des tambours. La voix se mue en hurlements et est ici la cheffe d’orchestre. Elle amène à une montée magnifique et toute en puissance du titre, épaulée par les guitares tissant des arpèges autour d’elle. C’est beau, j’en chialerais presque. Les paroles se répètent comme une prière, une invocation, l’atmosphère se fait pesante, mystique. Ça lorgne quand même pas mal chez Cult of Luna, mais pas grave, je prends quand même. Pour ce qui est du final… Vous avez compris.
Quant aux deux autres, bien mal m’en a pris de vouloir de l’immersion, car j’ai été servi : l’impression d’être dans un vieux James Bond (R.I.P. Sean) se fait sentir sur les premières minutes de « Final Defeat » et de « By Love All is Healed », quand le méchant du film présente son labo et son futur plan machiavélique, avec tous ces bruitages cheap et ces plans panoramiques qui s’éternisent. Petit regard vers la montre. Brodsky prend heureusement la relève sur le premier titre, avec sa voix reconnaissable entre milles, rejoint par d’autres hurlements ; pas trop fan de sa voix sur Old Man Gloom, mais ce n’est pas le moment d’être difficile. Enfin, la lourdeur est de retour, la bonne, la vraie. C’est lancinant, presque onirique, je commence à être enfin transporté par cette partie répétitive, ce rythme pachydermique et ce duo de voix clair/hurlé… Sauf que reviennent les gargouillis et c’est reparti pour le bidouillage. Mon esprit, qui rentrait enfin en transe, réintègre brusquement mon corps. Fin du voyage, mon gars. Heureusement, sur le dernier titre, pas de final foireux, ouf ! Après un passage où on voit les 4 américains montrer un visage furieux mais tout dans la retenue, j’ai l’impression d’assister à l’arrivée de condamnés destinés à l’échafaud, et d’être présent dans leurs têtes. La folie qui y règne, qui s’agite, est métamorphosée par des voix complètement folles, et l’instrumental, tel un boulet accroché aux pieds des pauvres diables, les ralentit dans leur marche vers la mort. Cette lenteur, cette lourdeur, qui leur est propre, quel plaisir...
Pourquoi vous ai-je décrit mon attitude lors de ma première écoute, alors que nous sommes sensés, en tant que chroniqueurs, écouter plusieurs fois l’album pour vous délivrer une chronique fiable et réfléchie? Et bien parce que malheureusement, mon avis sur le disque n'a pas bougé d'un iota depuis. Je me suis repassé plusieurs fois ce disque ensuite, je l’ai laissé se reposer, je l’ai réécouté et rien n’y fait. Ma grosse erreur fut aussi de m’écouter the Ape of God juste avant, et de me rendre compte de l’énorme différence entre les deux : Old Man Gloom a perdu toute sa magie, ce côté poisseux et tribal, cette folie furieuse, cette dynamique qui liait l’ensemble des titres entre eux, sans ennuyer l’auditeur. Et puis, tous ces moments « bruitistes/noise/ambiants » me sortent complètement des trous de nez ; le groupe en utilisait auparavant, j’en suis conscient, et je les appréciais. Mais leur utilisation était plus subtile, ces moments étaient mieux placés au sein des morceaux, et surtout ils étaient mieux réalisés. Énorme déception donc, même si les 3 derniers titres réussissent à sauver l’album. J’ai vu sur le net qu’il (et le suivant aussi) avait conquis énormément de monde, à croire que je fais partie du peu de personnes à ne pas le comprendre et l’apprécier. Tant pis pour moi alors. La suite au prochain épisode… Et ne vous inquiétez pas, la chronique de The Ape of God est prévue !
PS : Si c’est à nouveau un « trick » de votre part messieurs, s’il vous plaît, il serait temps de l’annoncer… Et, Nate, Stephen, Santos, s’il vous plaît… Retirez son matos électronique à Aaron...
| Anken 29 Novembre 2020 - 982 lectures |
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