Ce n’était sûrement pas l’affiche du siècle en termes de
doom death metal mais la fin de l’année approchant à grands pas, les occasions d’assister à un concert vont considérablement s’amenuiser, du moins pour moi, aussi la tentation était-elle grande d’acheter un billet pour cette affiche tricéphale, d’autant que le genre se fait rare en nos contrées.
Même si avec l’ami Ventriloque nous n’avions pas particulièrement prévu d’assister au concert de
FRAGMENT SOUL, la faute à une touche
OPETH-
like un peu trop marquée sur «
Axiom of Choice » (2021), les problèmes de transport ont de toute façon arbitré pour nous : le
set est déjà bien entamé à notre arrivée sur le site, la pénibilité du trajet donnant surtout envie d’une bière bien fraîche, histoire de marquer la fin d’une semaine pour le moins poussive. Je n’ai par conséquent absolument rien à dire concernant cette première partie, si ce n’est vous informer que «
Galois Paradox » est disponible chez
WormHoleDeath et que si votre truc c’est le
doom progressif en voix claire, l’écoute des Gréco-Canadiens pourrait s’avérer payante. Me concernant, je ne creuserai pas outre mesure.
Nous étions en revanche un peu plus enthousiastes à l’idée de découvrir les Allemands de
NAILED TO OBSCURITY, une formation a priori sérieuse avec ses quatre LP dans la besace. Une formation
Nuclear Blast surtout, ce qui aurait dû nous mettre la puce à l’oreille lors de l’écoute, aussi superficielle qu’elle fut. En effet, le
doom death mélodique des Teutons s’est rapidement avéré plutôt ennuyeux, en dépit des passages plombés qui parsèment chaque titre. Mais, de l’avis général (Ventriloque et moi donc), le vrai bémol de la prestation, c’est surtout cet usage d’un chant clair (encore) qui sonnait génétiquement modifié, avec beaucoup d’effets antinaturels. Je précise que je n’ai absolument rien contre un peu de douceur dans mon
metal, le dernier
AHAB par exemple (
« The Coral Tombs »), mais là il m’a semblé que cela enlevait toute la substance noire des compositions, en dépit d’un jeu de scène carré et d’une bonne sonorisation. Nous finissons donc le concert à l’extérieur avec l’ami Erwan, en campagne de tracts pour
Garmonbozia comme à son habitude.
Au passage, je jette un œil sur la foule : un
sold out pour du
doom, c’est rare, le public n’est pas tout jeune, on est vraiment sur une ambiance ultra pépouze fort agréable qui contribue énormément à l’agréabilité de la soirée.
Les Suédois débarquent et le niveau d’intensité monte de plusieurs crans. Clairement, nous ne sommes pas sur le même standing et le groupe entend bien fêter dignement ses trente ans (d’ailleurs, merci d’avoir bradé le t-shirt de la tournée, cette dernière arrivant à son terme le 17 novembre). Si ce n’est une impasse sur
« The Burning Halo », un simple EP, l’intégralité des sept LP est parcourue, pour le plus grand plaisir de l’auditoire qui répond chaleureusement au bonheur palpable que ressentent les musiciens sur scène. Evidemment, la musique est ultra classique, sorte de croisement parfait entre
MY DYING BRIDE et
THEATRE OF TRAGEDY et, davantage que les instruments, c’est bien la qualité des voix qui fait mouche. La prestation de
Lisa Johansson est impeccable de bout en bout, parfaite dans son rôle de belle aux côtés de la bête
Anders Jacobsson, les deux étant sobrement charismatiques. Mais… C’est long. Dieu que ce fut long. C’est long parce que les vocalises finissent par toutes se ressembler peu ou prou. C’est long parce que,
doom oblige, les variations de tempo sont rares et qu’il manque un brin de profondeur, d’inventivité, de noirceur, comme l’illustrèrent les nombreux claps de mains là où je devrais avoir envie de me pendre ainsi que quelques « cœurs avec les doigts ». C’est mignon évidemment, je dis cela sans ironie aucune, cela est juste surprenant. J’avais sans doute trop vite oublié la dimension « gothique » de la formation, qui se prête effectivement à ce genre de manifestations corporelles que l’on n’aurait pas vu dans d’autres circonstances plus funéraires.
En définitive, elle aura été chouette cette unique date française de
DRACONIAN. Nous pourrons toujours regretter la légèreté du plateau concernant les deux premières parties, trop fades à mon goût, mais il faudrait vraiment être un peine-à-jouir pour trouver à redire quoi que ce soit concernant la prestation principale. Entre l’excellente sonorisation, un beau jeu de lumières, l’interprétation sans faille des morceaux historiques, des vocalistes en grande forme et l’ambiance chaleureuse, les éléments positifs l’emportent haut la main, même si une
setlist raccourcie avec une seule ouverture davantage robuste m’auraient définitivement comblé. Quoi qu’il en soit, compte tenu de la rareté des soirées dédiées à ce style musical, nous pourrons tout de même saluer l’homogénéité de l’affiche, les Suédois ont pu démontrer qu’ils faisaient vraiment partie des derniers grands noms en activité de ce genre
gothique doom death aujourd’hui peut-être tombé en désuétude, un parfum unique qui m’a donné envie ce matin de me replonger dans quelques grands classiques, à commencer par
« Velvet Darkness They Fear ».
Merci à
Garmonbozia donc, merci au
Backstage et à ses serveuses qui précisaient bien que l’
happy Hour ne s’appliquait qu’au bar et pas en salle, merci aux musiciens pour leur bien-être communicatif (aussi paradoxal que cela puisse paraître), on rentre toujours content de ces soirées, même si on s’y emmerde parfois un peu.
Setlist :
1. The Cry of Silence
2. Heavy Lies the Crown
3. Deadlight
4. Heaven Laid in Tears
5. Morphine Cloud
6. Bloodflower
7. Night Visitor
8. Earthbound
9. Daylight Misery
10. Pale Tortured Blue
11. Death, Come Near Me
12. The Sethian
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