Foscor - Els Sepulcres Blancs
Chronique
Foscor Els Sepulcres Blancs
Les catalans de Foscor sont de ceux qui ne se laissent pas aisément appréhender. Tel le caméléon, le combo espagnol a changé de couleurs, a opéré plusieurs fois sa mue, tant stylistique que purement linguistique. Démarrant sa carrière sous les auspices d’un black metal assez classique avec Entrance to the Shadows’ Village chez feu Sacral productions, le poursuivant dans la même veine avec The Smile of the Sad Ones et Groans to the Guilty, ses dernières productions s’orientent bien davantage vers le rock prog’, à l’opposé donc de ses premières amours, le tout chanté en catalan et plus en anglais. Le dernier triptyque en date – Les Irreals Visions, Les Irreals Versions et donc, aujourd’hui, Els Sepulcres Blancs – adopte une posture assez éloignée du BM des débuts. Non pas que le combo catalan a abandonné toute ambition d’asseoir des ambiances nocturnes proches du BM mais, de fait, il ne reste rien ou si peu de ce style.
Foscor privilégie aujourd’hui les atmosphères, très clairement, et une volonté de laisser la portion congrue aux rythmiques dissonantes et brutales au profit de cheminements beaucoup plus expérimentaux et lunaires. Le pari est risqué.
Les belles notes fragiles de piano qui ouvrent Els Sepulcres Blancs donnent de suite le ton (Laments), très introspectif, très planant et la voix, très surprenante de prime abord, place les débats tout aussi immédiatement dans le rock bien davantage que dans le metal. Dans un registre proche de l’indé, du style Cigarettes After Sex par exemple, les structures proposées étonnent, proche du space rock en effet, des passages éthérés du groupe précité (Els Colors del Silenci, Malson, Secrets) mais aussi, pourquoi pas, d’un combo comme Sigur Ros (Secrets et ses accords de départ totalement aériens, presque impalpables). Seuls une basse plus présente et groove (Secrets par exemple), quelques arpèges de gratte plus « durs » et une batterie parfois plus « dense », plus rapide, permettent de faire la distinction, comme le ferait par exemple un Katatonia ou un Alcest. Cette voix éthérée, lumineuse, ultra planante, comme dansant au gré des vents (Els Colors del Silenci, Malson) demeure, pour ma part, un marqueur fort de cette nouvelle livraison car en restant toujours sur le fil de crête, la voix de Fiar maintient Foscor entre deux eaux, au bord des rives du metal mais en plein dans les terres du rock.
Les structures sont très mélodiques, très prog’ sur le fond même si les titres demeurent finalement relativement ramassés. Un seul dépasse les 5 minutes pour un album qui n’en contient que 7 pour 37 minutes de musique au total. Pourtant, l’essentiel est dit, sans ennui, sans redondance.
Il faudra attendre Cel Rogent et les deux autres titres qui clôturent l’album pour changer d’allure, presque de style. La rythmique est plus appuyée, plus compacte, sans verser dans le metal extrême…, la guitare occupe une place plus importante mais tout aussi originale avec es accents hispaniques. De nouveau, Katatonia mais surtout Alcest pourraient parfaitement être appelés en la cause, les parties rock sombre comme les ponts les plus shoegaze se taillant la part du lion (Cel Rogent mais surtout Canço De Mort). L’ambiance se teinte de couleurs plus crépusculaires et la voix, toujours éthérée, porte en elle une forme de désespoir qui colle parfaitement à ces derniers morceaux. L’Esglai clôture sur des notes plus marquée rock mais sans se départir de ses ambiances.
Si tu aimes le space rock, le rock sombre, les univers à la Cigarettes After Sex, Alcest…, tu aimeras ce nouveau Foscor, riche en belles ambiances et en structures d’orfèvre. Si tu recherches une sensation BM, passe ton chemin.
| Raziel 8 Mai 2021 - 925 lectures |
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