Autarcie - Apogée.Ivresse.Agonie.
Chronique
Autarcie Apogée.Ivresse.Agonie.
Si comme moi, tu apprécies le black français pour sa richesse, sa diversité et son originalité, qui en fait l’une des plus belles scènes du genre à travers le vaste monde, forte d’une empreinte et d’une identité marquée, Autarcie est nécessairement apparu dans ton viseur à un moment ou à un autre. Or, jusqu’à présent et en dehors d’un Seqvania plutôt réussi, je n’avais jamais vraiment accroché à leur musique, toute comparaison avec des combos comme Sale Freux, Peste Noire et consorts m’étant assez largement apparu en leur défaveur.
Apogée.Ivresse.Agonie. déboule ainsi sans que j’en attende rien de particulier, sinon la curiosité de découvrir la suite d’un Seqvania dont, je l’ai dit, la musique m’avait semblé adopter un autre niveau d’exigence. Grand bien m’en a fait. Apogée.Ivresse.Agonie. est en effet surprenant, dans le bon sens du terme, et voit le combo bisontin asseoir sa musique avec une autorité tout à fait nouvelle.
De titres longs (parfois 10 minutes) en ambiances menaçantes, ce nouvel effort étale sa classe et sa puissance au cours de 8 titres pour plus de 55 minutes de musique guerrière dont Prélude se fait l’écho. Une intro tout en ambiance, en éclats d’épées, en tambours de guerre lointains et dont la frêle mélodie nostalgique confère déjà le souffle épique qui va traverser tout cet album. Guerrier et épique, bourré d’emphase, Apogée.Ivresse.Agonie. l’est indéniablement. Porté par un souffle un brin médiéval, évoquant des heures passées, Nation présente en outre le mérite de coupler les genres, certains phrasés proches du punk, voire de la Oi ! conférant une dynamique élevée aux titres (Nation, France Profonde et Regnum Francorum et leurs accents KPN…) sans que les mélodies ne perdent le fil (le pont aux claviers très Burzum sur Nation, qui devient ensuite le thème central de la fin du titre ; la mélodie lente à la guitare sur France Profonde ; même chose sur Regnum Francorum). Le son puissant, suffisamment « brut » enveloppe les titres d’une atmosphère chaude, très organique, de pubs enfumés comme de champs de bataille brumeux.
Un souffle nostalgique parcourt l’ensemble de l’album et dépose un voile trouble qui pose l’ambiance globale. Cet esprit s’accompagne de textes particulièrement travaillés, comme la scène française sait en produire, bien écrits, axés sur la disparition d’une certaine idée de la France, de sa campagne, de son rayonnement aussi (Nation, France Profonde), voire du déclin de l’Europe (Apogée.Ivresse.Agonie). Signalons de suite, pour les outragés permanents, qu’il n’y a là aucune trace d’un quelconque racisme ordinaire ; simplement le constat d’un changement d’époque et de mentalités et les regrets qui les accompagnent. Le fond est sans aucun doute patriotique, en restant suffisamment largement exprimé pour parler à tous. D’autres textes sont plus directs, plus combattifs, à la Peste Noire époque La Chaise Dyable avec des jeux de mots / de style assez rythmés.
De fait, ces vocaux en français couplés à une musique guerrière pour laquelle la mélodie constitue bien souvent l’architecture fondamentale (France Profonde, Le Bardit des Hardis) dotent cet album d’un cachet réel, très identifiable et, surtout, très réussi. L’équilibre entre la recherche de mélodies nostalgiques et la volonté de proposer un black original est parfaitement tenu ; l’auditeur est littéralement transporté dans un autre siècle, dans une autre époque sans être jamais agressé. Dès Regnum Francorum, le propos est en effet nettement plus axé sur la mélancolie, la tristesse, le départ. Comme résigné, le combo exprime là des sentiments d’abandon plus forts (Le Bardit des Hardis, Apogée.Ivresse.Agonie.), dépeignant une fin qu’il estime inexorable. Et même si Gladio vivere, gladio morietur est doté d’un rythme plus enlevé, ce morceau demeure dans la droite ligne des derniers titres, porté par une mélancolie sous-jacente toujours présente en toile de fond.
Ce nouvel Autarcie, tu l’auras compris, m’a totalement conquis. Pour ma part, ce n’est plus le même groupe. Excellent de bout en bout, sans morceau à jeter, sans temps mort, le combo bisontin aura réussi le pari de délivrer un album magnifique, sublimé par ses mélodies nostalgiques et son souffle épique, qui charrie tout autant la mélancolie que l’enthousiasme.
| Raziel 22 Mai 2021 - 3469 lectures |
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