Werewolves - What a Time to Be Alive
Chronique
Werewolves What a Time to Be Alive
Un groupe qui s'appelle Werewolves, franchement, ça ne donne pas envie. On sait bien que le metal, particulièrement extrême, se glorifie de ses clichés éculés (j'en suis moi-même un bel exemple) mais Werewolves ?! Le combo n'a pas dû bien réfléchir longtemps pour trouver ce nom et on ne peut que se demander si cela vaut le coup de perdre du temps à écouter sa musique. Sauf que derrière Werewolves, jeune formation fondée en 2019, se cachent le chanteur-bassiste Sam Bean (The Berzerker, The Senseless, The Antichrist Imperium, ex-Mithras), le guitariste Matt Wilcock (Abramelin, The Berzerker, The Antichrist Imperium et ex-Akercocke et Belligerent Intent) ainsi que le batteur David Haley (Abramelin, Psycroptic, Ruins, The Amenta et ex-Pestilence). Tout de suite, ça a déjà une autre gueule ! Et puis il faut aussi avouer que la pochette n'est pas dégueulasse (elle a pris cher Larusso, non ?!). Entre le CV du trio et cet artwork sulfureux, il y a peut-être finalement moyen de se retrouver avec quelque chose de potable. Quelque chose qui ne fait pas dans la dentelle, c'est déjà quasiment assuré !
Si la formation de Werewolves ne remonte pas plus tard qu'à deux ans, What a Time to Be Alive, sorti fin janvier chez Prosthetic Records, est déjà le deuxième album des Australiens. The Dead Are Screaming avait précédé l'opus quelques mois auparavant, déjà via le label californien. C'est lui qui m'avait introduit au monde de Werewolves, peu de temps avant l'annonce de ce nouveau disque. Un monde violent, sombre et nihiliste, reflet de la société moderne à laquelle le groupe semble faire référence dans le titre de l'œuvre. Avec des morceaux comme "I Don't Like You", "Crushgasm", "Unfathomably Fucked", "Traitors and Bastards" ou encore "They Will Pay with Their Own Blood", on ne s'attendait de toute façon pas à du Opeth. Plus précisément, le trio de Melbourne officie dans une sorte de (brutal) death bien corsé et rentre-dedans qui ne s'avère cependant pas si simple à catégoriser. Presque original, j'ai envie de dire. Pas commun, du moins. On y retrouve en effet aussi pas mal de thrash à travers ces riffs rapides et nerveux ainsi que du tchouka-tchouka, un peu de grind dans cette folie furieuse blastée qui s'en dégage ou ces quelques rythmiques punk/d-beat, et une pointe de black metal par le biais de quelques riffs et de shrieks qui se partagent les lignes de chant à peu près à égalité avec les growls death metal. On émettra cela dit un bémol sur les intonations écorchées qui sonnent plutôt metal extrême moderne que purement black metal, voire un peu metalcore ou "groove" pour être désobligeants. Si on ajoute la petite poignée de plans typés modernes voire cette presque slam part bien huileuse à la fin de "A Plague on All Your Houses", on comprend un peu plus ce que fiche la formation sur Prosthetic Records. Remarquez, ils ont bien Undeath. Et puis Psycroptic fait déjà partie de leur roster. Ou alors c'est moi qui me fais une fausse image de la maison de disques. Bref, le tout est emballé dans une production moderne claire et puissante et rehaussé d'un bon niveau technique malgré le côté bête et méchant. Sans aller toutefois jusqu'à cataloguer Werewolves de technical black/death comme le fait Metal Archives. On pense en effet plus à Aborted ou Benighted. Les blast-beats machinaux évoquent eux plutôt la scène DM polonaise.
Oui, parce que ce que l'on retient ici, c'est avant tout la brutalité. What a Time to Be Alive se veut un bon gros défouloir haineux bas du front qui fait du bien par où il passe. Hormis un peu de groove, quelques ralentissements par-ci par-là et surtout ce dernier morceau "They Will Pay with Their Own Blood" assez surprenant car majoritairement mid-tempo et plus black metal dans l'esprit et l'exécution, Werewolves aime foncer dans le tas. Beaucoup de blasts, des tempos très souvent rapides, des paroles acerbes pleines de cynisme, ça tire à balles réelles ici. Tant mieux d'ailleurs puisque c'est là où les Australiens se montrent les meilleurs, là où ils convainquent le plus. Les séquences moins pimentées n'ont en effet pas le même effet, à l'image de ce "They Will Pay with Their Own Blood" de clôture pas déplaisant car il apporte un peu de variété et de surprise mais qui ne décolle vraiment que quand le groupe se met à bourriner de nouveau. Le revers de la médaille, et ce malgré les quelques variations apportées et le sens du riff plutôt bien développé (pas mal de bons tremolos entre autres), c'est que What a Time to Be Alive se montre assez limité et tourne vite en rond. On notera aussi le peu de différence avec le premier album The Dead Are Screaming que je trouvais d'ailleurs un peu plus inspiré, son successeur ne bénéficiant que d'une production plus musclée.
Que font des membres de The Berzerker et Abramelin, dont le fou furieux David Haley et le fantasque Sam Bean, quand ils se réunissent ? Certainement pas de la bossa nova ! Werewolves reprend la recette de son premier album, du brutal death plutôt moderne qui bastonne sec avec des gros bouts de thrash ainsi que des éclats de grind et de black, auréolé d'une attitude fuck you all jouissive. Ça riffe bien, ça blaste à tout va et ça reste NSFW. Du vrai metal extrême quoi, qui fait plaisir à entendre dans cette époque de découillification et de fragilisme à outrance. En dépit de ses qualités toutefois, principalement brutalité et méchanceté jubilatoires (et du bon riffing !), What a Time to Be Alive pêche un peu par sa linéarité. Et quand il lève le pied, le trio australien n'a pas le même rendement. On en a ainsi vite fait le tour et il ne faudra pas le ressortir trop souvent sous peine de voir son efficacité décroître. Une fois de temps en temps par contre, c'est nickel !
| Keyser 14 Juin 2021 - 1128 lectures |
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