Fossilization - He Whose Name Was Long Forgotten
Chronique
Fossilization He Whose Name Was Long Forgotten (EP)
Ah que j'aime ces surprises tombées du ciel ! Pour le coup, "remontées des Enfers" serait plus approprié mais vous avez compris l'idée. Pas de long teasing ou d'extraits au compte-goutte pendant des semaines. L'annonce de cette sortie s'est faite le jour même, du moins de la part de Everlasting Spew Records qui a tout de suite mis à disposition la version numérique. Il a fallu toutefois attendre un petit mois pour le CD. Peut-être y a-t-il eu davantage de promotion au préalable via Transylvanian Tapes chez qui ce He Whose Name Was Long Forgotten est sorti en cassette quelques jours avant ou par Nihil Productions qui s'est occupé de la version compact disc au Brésil. Ne suivant pas ces labels, je ne saurais dire. Quoiqu'il en soit, l'annonce des Italiens a fait son effet. Attiré par la description, les influences évoquées et cette pochette somptueuse empruntée au génie polonais Zdzisław Beksiński, je me rue sur l'écoute pour tomber sous le charme aussitôt. Les multiples écoutes suivantes ne feront qu'enfoncer le clou.
Derrière ce nom de Fossilization inconnu il y a encore quelques mois se cache le projet parallèle d'un duo que l'on retrouve dans Jupiterian, groupe de sludge/death/doom qui devrait parler à plus de monde. Nous voilà donc au Brésil, à São Paulo plus précisément. Mais loin, très loin de l'ambiance chaude et colorée de plage et de carnaval que l'on prête à ce pays touristique d'Amérique du Sud. C'est plutôt dans les abîmes les plus profondes que nous font descendre ces Brésiliens formés en 2020 et dont He Whose Name Was Long Forgotten s'avère la toute première production. Un EP comportant cinq titres pour vingt-cinq minutes, de quoi avoir le temps de se rendre compte du potentiel du groupe. On connaît bien la scène death metal brésilienne pour sa radicalité. Si Fossilization ne manque pas de poser ses couilles comme la plupart des ses compatriotes, il emprunte toutefois un chemin détourné qui nous plonge là où le soleil ne brille jamais en mettant davantage en avant l'atmosphère. Une atmosphère fuligineuse des plus envoûtantes absolument géniale. On se retrouve ainsi face à un death metal très doomy, du "ritualistic primeval death metal" comme décrit justement par Transylvanian Tapes, qui fait beaucoup penser à Krypts (le début de "Blight Cathedral" entre autres, flagrant). Rien d'étonnant quand on sait que l'idée de fonder Fossilization tire son origine de la tournée européenne de Jupiterian avec les Finlandais, dont le batteur Otso Ukkonen a d'ailleurs mixé et masterisé l'EP, Father Befouled et Encoffination. D'autres combos comme Incantation, Grave Miasma ou Disma pour les parties les plus bourrines peuvent venir à l'esprit.
Dans les faits, cela se concrétise par des schémas simples et peu changeants répétés assez longtemps. Bien souvent du mid-tempo pesant qui en impose notamment grâce à une production musclée absolument parfaite pour le style pratiqué (mon Satan cette basse tellurique !). Par-dessus, des tremolos ultra sinistres, lancinants et menaçants, aux mélodies plus ou moins prononcées ("He Whose Name Was Long Forgotten" à 0'43, c'est l'extase !) ou des riffs bourdonnants qui vous enterreront six-cent soixante-six pieds sous terre viennent faire planer leur ombre malveillante. Quelques harmonies et leads se feront un peu plus aériennes tout en restant sombres à souhait. Fermez les yeux et vous imaginez sans peine des paysages de désolation s'étirant à l'horizon sous un ciel tourmenté. Frissons garantis ! Fossilization fait logiquement peu évoluer ses rythmiques mais quand c'est le cas, on se retrouve avec des ralentissements délétères toujours aussi prenants. Ainsi que des accélérations fort bienvenues et même régulièrement des séquences blastées on ne peut plus jouissives. Savamment distillées dans ces méandres de lourdeurs opaques, celles-ci n'en ont que plus d'impact. Le morceau-titre, le plus court avec ses 3'44 et le plus brutal, en est un bel exemple, tout comme ce passage à 3'43 puis 4'16 sur " A Deplorable Epoch" quand les Sud-Américains enchaînent plusieurs fois un mid-tempo bien appuyé avec une salve de blasts foudroyante. Prévoyez un caleçon de rechange. Rendons à nouveau grâce à ce son dantesque ainsi qu'au batteur Paulo Pinheiro Fornazza ("P" ) à l'aise en toutes circonstances. Quelques percussions jouées par Thiago Oliveira ("V") viennent enrichir le panel sur certaines parties lentes, leur donnant ce côté ritualiste ensorcelant comme au début de "A Deplorable Epoch", décidément le morceau parfait pour conclure l'EP. Quant au chant de V, c'est là aussi une réussite totale. Du growl profond et imposant qui varie peu (quelques intonations plus écorchées ou moins gutturales et plus déchiffrables ici ou là) mais toujours avec intelligence. Un instrument à part entière qui contribue grandement à donner un aspect hanté et inquiétant à l'œuvre.
Sans crier gare, Fossilization fait une entrée fracassante avec cet incroyable EP. Rien d'original dans ce death/doom ténébreux mais quelle leçon ! Une atmosphère lugubre saisissante, un riffing inspiré des plus sinistres, un chanteur impressionnant, un batteur énorme à la frappe chape de plomb qui sait aussi tartiner quand il faut sur des blast-beats jubilatoires, le tout porté par un son colossal, He Whose Name Was Long Forgotten s'impose comme l'un des meilleurs EP death metal de l'année en nous happant de la première à la dernière seconde dans son univers obscur immersif qui n'oublie pas la brutalité. Il n'y a guère que la fin en mode funeral un poil longuette de "Caronte", morceau au demeurant excellent, qui accroche moins. Pour le reste, c'est un sans faute ! Indispensable pour les amateurs de death metal doomy sombre et caverneux à la Krypts, Grave Miasma, Incantation, Disma et autres. Et à nouveau une belle pépite dénichée par Everlasting Spew Records. Ça promet pour la suite qui devrait vite arriver ...
| Keyser 2 Juillet 2021 - 1549 lectures |
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