Voilà, les amis. Voilà comment on joue du Grindcore, purement et simplement. Choisir comme nom de groupe le patronyme d'une célébrité est-il gage de qualité ? J'avoue que je commence à me poser sérieusement la question : les BruceXCampbell, Joe Pesci, Henry Fonda, Dahmer, Charles Bronson, et autres Jodie Faster (en tirant légèrement par les cheveux) se sont rendus coupables de méfaits redoutables. Ce qui est en tout cas certain, c'est que cet
"Antibiose", premier full-length d'Eastwood, s'imposera comme l'une des sorties de l'année. Et pas qu'en matière de Grindcore.
Oui, le Dirty Harry teuton joue du Grindcore, mais de la grande école. De celle qui ne se contente pas uniquement de jouer le plus vite possible et de hurler. Eastwood sait composer, épurer sa partition au service d'une branlée libérée de tout superflu, une simple et belle volée de 44 fillette administrée en travers du joufflu, pour laquelle on signe les yeux fermés.
"Antibiose", ce n'est bien que ça - Et en même temps, on ne lui demandait pas grand chose d'autre. Un disque qui,
de l'aveu même du groupe, se sera fait désirer : six ans dans les tuyaux, entre tournées, changements de line-up, de compositions, et autres joyeusetés. Rassurez-vous : ces dix-sept titres sont loin d'avoir un arrière-goût désagréable, celui du biscuit oublié au fond du placard, bien au contraire ! Prenez
"Antibiose" comme un bon pinard, ni plus, ni moins, mis en bouteille pour des gourmands, et par des gourmets perfectionnistes.
Que c'est précis, que ça joue
tight ! L'arrivée derrière les fûts du batteur des monstrueux Warfuck n'y est certainement pas pour rien : Monsieur dispense ses blast-beats avec une hargne qui force le respect. On entendrait presque les ampoules se former entre ses phalanges au fil des tapis de blasts, des roulements qui filent le tournis et des cassures
stop'n'go complètement jouissives (la doublette "Bewusstseinsimplantat" / "Plastiglomerat ") - et ce feeling, Seigneur ! Les amateurs salueront les petits ajouts çà et là, cette ride qui accompagne le découpage des lignes de guitare de "Das Nichts am Ende des Tunnels", la Chinoise qui cisaille la chique au chant sur "Reality Construction Kit"... Tant de tirs d'artillerie venus soutenir des riffs taillés pour échauffer les oreilles : le concerto pour tronçonneuse "Monoperceptose", "Anthropozentrische Kackscheiße" qui fait immanquablement penser à l'école Suédoise... Ouaip, du Grindcore pur jus, légèrement teinté de PV aux encolures, deux ou trois relents de Death Metal bien sentis, solidement arnachés par une production sur-mesure, qui rend service à chacun des mercenaires derrière les instruments. Sans oublier les samples, malheureux ! Parfois idiots (le démarrage du morceau-titre), mais surtout délicieusement revendicatifs, entre l'interlude un poil longuette "Weißes Rauschen" mélangeant Nadine Morano (si mon audition ne me trompe pas) et Donald Trump, la simplette dans le déni ouvrant "Reality Construction Kit" ou "Plastiglomerat", qui résume en quelques lignes le propos d'Eastwood :
"The planet is fine... The people are fucked !"
Bref. Trouver de nouvelles choses à dire sur une sortie de Grindcore pur et dur est un exercice compliqué, le style ne consistant, peu ou prou, qu'à empiler les blast-beats à grande vitesse sur des cordes incendiaires. Ce qui fait la différence, et que je répète à chaque fois, c'est l'envie, et la conviction.
"Antibiose" réussit sur les deux tableaux : c'est un disque qu'on réécoute systématiquement avec plaisir, admiration face à tant d'aplomb dans la dispense de calottes. La joue droite est encore rouge ? Qu'importe, on tend la gauche, et on recommence. L'année dernière avait brillé par l'abondance de sorties toutes plus dingues les unes que les autres pour le style (Meth Leppard, Bas Rotten, Caustic Wound, Sulk...) ? Eastwood donne à 2021 sa première VRAIE grosse sortie Grindcore. Les amateurs savent ce qui leur reste à faire.
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