Move - Freedom Dreams
Chronique
Move Freedom Dreams (EP)
Terminées les vacances ! Retour au turbin, celui qui bien évidemment paie les factures (et permet soit dit en passant de partir à nouveau en congés) et celui de coeur qui à l’inverse n’offre aucunes véritables rémunérations si ce n’est le privilège de pouvoir écouter certains albums quelques semaines avant leurs sorties officielles et surtout cette satisfaction de savoir que certains d’entre vous feront grâce à ces modestes écrits quelques chouettes découvertes...
Pour ce retour aux affaires on va aujourd’hui causer Hardcore avec une jeune formation américaine originaire de Boston et dont le nom, Move, fait ici écho à un mouvement afro-américain anarcho-écologiste né à Philadelphie à la fin des années 70. Après une première démo auto-produite parue en 2020 au seul format cassette, le groupe trouve rapidement refuge chez Triple B Records, label de fins connaisseurs qui a toujours su faire preuve d’un certain flair en la matière (The Rival Mob, Fire & Ice, Power Trip, Ecostrike, Candy, Mindforce, Magnitude et j’en passe) et sur lequel sortira ainsi en début d’année dernière ce premier EP intitulé Freedom Dreams et proposé comme souvent sous la forme d’un simple 7’’.
De ce patronyme a priori anodin et pourtant lourd de sens à cet artwork particulièrement coloré (signé Mithsuca Berry) dont les quelques slogans collent naturellement à l’actualité en passant par les thèmes ici abordés, le parallèle avec des groupes tels que Zulu, Buggin et Soul Glo s’impose rapidement aux yeux et aux oreilles de l’auditeur averti. Oui, Move défend lui aussi corps et âme la condition d’une communauté afro-américaine confrontée à ce racisme qui gangrène la société américaine et à ces violences policières qui malheureusement sont encore aujourd’hui monnaie courante… Bref, Move est un groupe définitivement engagé et compte bien profiter de son existence pour faire entendre sa voix. Leurs voix.
Si Move porte à travers ses paroles un discours contestataire et révolutionnaire ("Who do you protect ? What purpose do you serve ?", "Massive budgets, endless funds. You fuel wars on the people with your guns", "Called to the scene, my neck is met with your knee. No justice no peace. Abolish The police", "All you do is buy evict build and sell. It’s the capitalist way to exploit the working class people in this fucking game of class warfare", "Pigs violence rampant like a plague. Defend ourselves by any means. We won’t remain peaceful until you do the same"), sa musique fait quant à elle écho à des choses que l’on a déjà pu entendre par le passé. À la différence d’un Zulu dont la musique possède de très fortes connotations Powerviolence, Move propose ici un Hardcore à la fibre métallique et new-yorkaise tout à fait évidente. À titre personnel, j’y entends notamment du Backtrack, du Incendiary, du Vision Of Disorder (le chant sur la fin de "Freedom Dreams") ou du Farenheit 451 (le chant, encore, sur les "yeah" de l’excellent "House Of Cards") ainsi qu’un peu de Downset pour ce phrasé Rap évident ("Beyond Reform"). Bref, rien de bien nouveau ici mais peu importe puisque là n’est pas l’essentiel. Non, ce qui compte c’est bien évidemment ce message rageur porté haut et fort par un Corey Charpentier naturellement remonté à bloc et épaulé pour l’occasion par quelques frères et soeurs (Bryanna Bennett de Buggin, Devon Mcbuttz de Point Blank et Anaiah Lei de Zulu venus en effet pousser leur gueulante sur "Freedom Dreams") et une efficacité redoutable et bien évidemment de tous les instants. Car si les cinq compositions proposées ici par Move ne sont pas en effet d’une grande originalité, ce point de détail s’avère largement compensé par un format court et expéditif (pas plus de trois minutes par titre), tout un tas de riffs affûtés et incisifs, un groove urbain, radical et insolent et un puissant sentiment d’urgence et de rage qui, forcément, découle de ces paroles et va nourrir par la même occasion cette musique énervée et contestataire.
Bref, comme dans bien d’autres scènes, la jeunesse Hardcore s’est inspirée des codes d’antan pour proposer une formule moderne mais respectueuse de son héritage tout en replaçant dans le cas présent le combat social au coeur du débat. Un parti-pris fortement marqué mais néanmoins nécessaire puisqu’aujourd’hui plus que jamais la situation l’exige mais aussi parce que par définition le Hardcore s’est toujours accompagné de violentes critiques de nos sociétés capitalistes et inégalitaires. Car à la manière de ces quelques groupes cités un petit peu plus haut (Buggin, Soul Glo, Zulu...), Move se veut l’un des portes-paroles d’une communauté afro-américaine finalement assez peu représentée dans les milieux du Punk / Hardcore et qui ont le sait en a tout simplement marre de ne pas être entendue ("What do you expect when our pleas go unheard. We march and we kneel without any justice served. Without justice there will be no peace as we take over every street"). On attend désormais une suite avec impatience !
| AxGxB 16 Mai 2022 - 762 lectures |
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