Derrière cette pochette, non pas un groupe de doom / death metal à tendance gothique mais… un groupe de sludge. Et pas n’importe lequel ! Sans être le premier nom venant à l’esprit, Laudanum parlera peut-être à ceux s’étant penchés sur ce petit renouveau qu’a connu le genre au début des années 2000, où des groupes comme Atavist, Unearthly Trance, Indian ou Graves at Sea prenaient à leur charge de faire évoluer le son typique des nineties pour l’emmener dans le nouveau millénaire.
À ce jeu, Laudanum n’est pas celui qui est allé le plus loin. Fermement inscrit dans les tables de la loi d’un sludge fricotant avec le punk, il pourra même évoquer Dystopia et ses élans crust dans sa manière de moderniser le style (« Transfusion » ou « Crawling the Wall » par exemple). Sans dénaturer ce qui fait l’attrait de cette musique déglinguée, rageuse et écroulée (ces samples typiques ponctuant l’écoute), il profite des armes de son époque pour mieux appuyer la force qu’elle contient en elle-même. Une réussite, tant ces trente-six minutes découpées en douze morceaux (ce qui dit à quel point les Ricains ne s’éternisent pas, l’objectif d’empiler les headshots à l’esprit) contiennent de nombreux passages où l’on a envie de serrer le poing, un regard fixe et un sourire sadique préparant l’arrivée d’un riff que l’on sait particulièrement jouissif. Il suffit d’écouter « Black Rain », « In A Hole » ou encore « Virus » » pour comprendre que
The Apotheker a dévalisé l’ensemble de sa pharmacie pour offrir ce qui se fait de plus puissant, insensible à la douleur et enfiévré à la fois.
Pour autant, si cette grande efficacité – jusqu’à des alternances de voix jouant au ping-pong avec notre cervelle, cf. « Pig Farm » – est bien que ce qui fait revenir régulièrement vers
The Apotheker, Laudanum commence déjà à montrer sur ce premier album des qualités propres préfigurant l’étrange
The Coronation, par lequel la bande terminera sa courte carrière avec un beau point d’interrogation. Une bizarrerie propre à la formation qui se retrouve dans ce goût pour la mélodie triturée, vrillant les tympans, décelable dès « Virus » et montrant que le trio, sans délaisser d’un iota son optique d’y aller au bélier à chaque instant, prend des influences dans les scènes noise pour augmenter d’autant plus son pouvoir de soumission.
Bourré de qualités formelles (presque un manuel à suivre du disque sludge sur-accrocheur) soutenues par une production remarquable, lisible, enveloppante et grésillante, Laudanum parvient également à capter une ambiance durant le peu de temps qu’il s’accorde ici, grâce à des samples dépeignant une Amérique coincée entre bigoterie et tentation pour le mal ainsi que des riffs constamment dans le rouge, brûlants de ferveur, ce que le sludge peut avoir de plus impitoyable et direct. Injustement oublié aujourd’hui, sans doute en raison d’une sortie confidentielle sur le label quasiment mort-né Unknown Controller, il est à conseiller avant tout aux mordus du genre qui ne se sont pas encore laissés vampiriser par ce disque, tant ils y trouveront un ensemble d’éléments constitutifs de leur amour pour le style. Car à part un dernier tiers un poil en deçà – l’un peu longuette fin de « Reverse » , la conclusion un brin convenue bien qu’agréable qu’est « Thanatopsis » – ainsi qu’une suite qui montrera toute la personnalité d’un groupe ici majoritairement occupé à faire les choses du mieux possible, que reprocher à
The Apotheker ?
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