En l’espace de deux ans, soit grosso modo depuis la sortie de
Baptism Death en décembre 2020, Charlie Koryn s’est retrouvé embarqué dans tout un tas de projets allant de la pige contractuelle pour des groupes tels que Worm ou Hulder à des entreprises un petit peu plus personnelles au sein de formation dans lesquelles il officie en tant que membre à part entière (Decrepisy, Hell Strike, Ascended Dead et VoidCeremony). Comme si cela ne suffisait pas, on peut également y ajouter ces nombreuses contributions en tant que rat de studio (enregistrement, mixage et mastering)... Bref, un emploi du temps extrêmement chargé qui pourtant n’a jamais empêché Vrenth de poursuivre son petit bout de chemin. En effet, les Américains ont sorti en juin 2021 un split en compagnie de leurs compatriotes de Depraver. Une collaboration certes modeste mais néanmoins sympathique à laquelle a succédé en septembre dernier un deuxième album intitulé
Succumb To Chaos.
Paru naturellement sous les couleurs du label américain Rotted Life Records, celui-ci est également passé à nouveau entre les mains de l’illustrateur Adam Michael Nevler (Coagulate, Crypt Rot, Fecundation, Mortuous, Plasmodulated, Oxygen Destroyer…) qui pour l’occasion signe une oeuvre grouillante et dégoulinante des plus réjouissantes. Côté contenu, pas trop de surprise là non plus puisque du haut de ses huit titres et quarante minutes,
Succumb To Chaos s’inscrit dans la continuité de son prédécesseur qui, à peu de choses près, affichait déjà les mêmes chiffres (huit titres pour trente-sept minutes). Vous l’aurez donc aisément compris, n’attendez pas de ce nouvel album qu’il bouscule quoi que ce soit, les Californiens préférant se contenter de reprendre les choses là où il les avaient laissés. Un postulat qui personnellement me convient très bien dans la mesure où
Baptism Death, sans rien bouleverser de ce que l’on connait, n’avait pas manqué de convaincre grâce à la force brute de son propos ainsi que par ses atours mélodiques fort sympathiques.
Ainsi, outre cette production peut-être un poil moins rugueuse (même si elle conserve heureusement une évidente abrasivité), on retrouve tout au long de
Succumb To Chaos ce qui faisait déjà le charme de son prédécesseur, notamment tous ces leads et autres solos mélodiques dispensés une fois de plus avec beaucoup de générosité. Ces derniers participent ainsi grandement à l’appréciation de ce premier album, le plus souvent en mettant brillamment en exergue les atmosphères morbides qui planent sur chaque composition ("Omnipresence (Mors Certa/Hora Incerta)" à 0:12 et 2:36, "Curse Of The Living And Of The Dead" à 0:24 et 2:50, "Integrum Tenebrae" à 0:56 et 2:51, "Succumb To Chaos" à 2:08 ou bien encore "The End As A Shadow" à 3:19). Atmosphères qui naturellement découlent en premier lieu de ce riffing simple mais ô combien redoutable. Ces multiples leads et solos exécutés par monsieur Bob Babcock (Ruin, ex-Exhumed, ex-Gravehill...) se montrent également capables de jouer le jeu d’une certaine urgence lorsque le ton se corse comme c’est le cas sur "Omnipresence (Mors Certa/Hora Incerta)" à 3:24 et 3:56, "Demise In Hollow Suffering" à 0:59, 1:19 et 2:29, "Succumb To Chaos" à 1:05 ou "Contemptus Mundi" à 2:55. Bref, un riffing à la fois dense, intense, groovy et mélodique qui en faisant la démonstration de toutes ces possibilités s’impose sans mal comme l’un des points forts du Death Metal des Américains. Et cela bien entendu malgré un manque évident d’originalité.
Tout comme l’excellent
Baptism Death, si le caractère mélodique de
Succumb To Chaos s’avère particulièrement mis en avant, les Californiens n’en oublient jamais de distribuer les mandales. Si on trouve bien quelques moments de calmes relativement suffocants ("Omnipresence (Mors Certa/Hora Incerta)" à 2:05, "Demise In Hollow Suffering" à 2:49, les premières secondes de "Curse Of The Living And Of The Dead" et "An Eternal Impious War", "Succumb To Chaos" à 1:41...) et autres changements de rythmes forets agréables, l’essentiel de ce deuxième album est tout de même mené une fois encore le couteau entre les dents. Si quelques passages bien ficelés au groove tranquille ne manqueront probablement pas de vous faire taper du pied ("Omnipresence (Mors Certa/Hora Incerta)" à 0:47, "Integrum Tenebrae" à 0:25, "Contemptus Mundi" à 0:27...), on retiendra surtout toutes ces séquences bien plus musclées lors desquelles Vrenth s’impose par la force à coups de blasts soutenus (cette batterie au naturelle qui à le bon goût de ne pas trop en faire rend d’ailleurs l’exercice particulièrement plaisant) et de riffs sobres et fuligineux qui, je l’ai dit déjà dit n’ont effectivement rien de bien bien compliqué mais qui réussissent pourtant à faire mouche sans lutter.
Au moment de conclure, on pourrait naturellement se dire que
Succumb To Chaos ne bénéficie pas du même effet de surprise que son prédécesseur qui, où que ce soit, a su en effet faire l’unanimité des critiques. Cela est d’ailleurs d’autant plus vrai que pour ce retour aux affaires, Vrenth n’a rien changé à sa formule. Pour autant, savoir où l’on met les pieds ne rend pas nécessairement l’expérience moins plaisante. La preuve avec ce deuxième album qui s’en rien apporter de nouveau confirme néanmoins que le groupe américain possède tout ce qu’il faut pour convaincre en mêlant habilement brutalité et mélodie, intensité et groove, dynamique soutenue et moments plus pesants. De fait,
Succumb To Chaos s’impose à nouveau comme une franche réussite, certes peu originale mais néanmoins tout à fait convaincante et comme toujours c’est finalement bien là l’essentiel.
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