On Thorns I Lay - On Thorns I Lay
Chronique
On Thorns I Lay On Thorns I Lay
Il est bon, souvent, de savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va. On Thorns I Lay en est le parfait exemple. J’ai découvert le combo hellène dès ses débuts, achetant la K7 chez le mythique Holy Records (que j’ai toujours), attiré autant par le visuel atypique pour l’époque (ces couleurs violettes/parmes, cette calligraphie originale) que par la musique aérienne du combo grec. Sounds of Beautiful Experience m’a conquis d’emblée, avec ses notes naïves, ses structures maladroites et son propos rêveur. L’espèce de death doom pratiqué à l’époque par le groupe était si atypique, si original, dans tous les sens du terme, qu’il a fait mouche de suite dans mes oreilles alors habituées à des choses bien plus extrêmes.
La suite fut moins évidente. Si Orama et surtout Crystal Tears creusèrent le sillon entamé en 1995 avec brio, le virage pris par le combo grec dans les années 2000 – un vilain gothic rock sans intérêt – a fini d’achever toute croyance en leur musique. Threnos, en 2018, n’avait pas non plus le visage d’un retour en beauté après près de 20 ans d’errance musicale et 5 albums qu’il vaut mieux que tu ignores pour t’en tenir aux trois premiers.
C’est donc avec une appréhension particulière que je vois arriver, en 2023, On Thorns I Lay, l’éponyme 10ème album des Grecs. 43 minutes, 6 titres d’une durée moyenne de 7 minutes, un artwork classique et, donc, aucune attente en regard des 20 dernières années.
Fallen from Grace et Newborn Skies ouvrent l’album sur des chants de sirènes lointains, envoutants, presque hypnotiques. L’entrée en matière se veut douce et inquiétante, juste accompagnée d’un beau violon profond et de mélodies arabisantes. La voix, death, vient briser cet élan à la faveur d’une musique plus lourde, plus lente aussi qu’à l’habitude. Sans être réellement doom death, les structures s’en rapprochent néanmoins (Fallen from Grace) et la voix, très grave, apporte sa patte. Le son est massif, ce qui joue aussi en la faveur d’un retour aux sources du style originel du combo, mais sans jamais se départir non plus de leur nouvelle orientation gothique (les mélodies appuyées sur Newborn Skies, bourrées de claviers aériens ; la guitare sèche en pont central sur Fallen from Grace).
Les ambiances oniriques, qui constituent la base du concept d’On Thorns I Lay depuis ses débuts, sont de nouveau au centre de l’attention. Newborn Skies repose sur des mélodies tournoyantes ; Crestfallen joue de la guitare acoustique et de la flûte pour dresser un mur mélodique aérien propice à la rêverie quand bien même la structure demeure fondamentalement death.
Pour autant, chose nouvelle, le son massif décrit plus haut, comme la voix gutturale, sert aussi des morceaux plus nettement doom death, violents jusque dans leurs arrangements. Among the Wolves et Thorns of Fire sont ainsi ultra bruts, gonflés de riffs ultra puissants, à l’attaque franche et frontale. Pour autant, même sur ces titres, la mélodie n’est pas oubliée, le solo habité non plus (Newborn Skies, Crestfallen) comme les atmosphères nocturnes qui collaient si bien à l’image du groupe grec (Among the Wolves, Raise Empires, Thorns of Fire).
On Thorns I Lay s’avère plaisant et pertinent de bout en bout et une vraie belle surprise après tant d’années à côté de la plaque. Alors certes, tu ne trouveras plus ici la petite voix gracile des débuts, le son de clavier naïf et ses ambiances très 90’ mais à la place, tu pourras te régaler d’un album très puissant, inspiré, bourré de belles mélodies et d’atmosphères sombres dans un parfait équilibre.
| Raziel 31 Décembre 2023 - 642 lectures |
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