On Thorns I Lay - Aegean Sorrow
Chronique
On Thorns I Lay Aegean Sorrow
Dans la série des retours inattendus, On Thorns I Lay n'a que peu d'égal, inattendu aussi bien parce que personne ne s'y attendait qu'inattendu par ce que personne ne s'en souciait. Après plus de 10 ans de silence nous ayant laissé sur l'amer
"Egocentric", le spectre grec fut finalement exhumé en 2015 par le duo fondateur Chris / Stefanos et aussitôt accompagné d'un court et classique album (pour le groupe) mais néanmoins efficace et rassurant pour la suite. On y retrouvait tout ce qui faisait le charme de leur musique, un condensé de carrière qui faisait plaisir à attendre. Toutefois, l'expérience nous a montré que nos compères ont la bougeotte, et la pour le coup, que ceux qui attendaient se préparent à l'inattendu.
On a tendance à associer les groupes au style qui nous a marqué dans leur carrière. Quand survient alors un changement de cap, sommes-nous encore capable d'en apprécier la qualité en faisant fi du passé ? "Illud Divinum Insanus" aurait-il été aussi mauvais s'il n'avait été conçu par Morbid Angel ? "Heritage" aurait-il su me plaire s'il n'avait pas été composé par Opeth ? "Battles" aurait-il eu un avenir si In Flames n'était pas derrière tout ça ? La question se posera cette année pour On Thorns I Lay qui se lance dans une nouvelle aventure, laissant de côté le visage gothique et éthéré de sa musique pour durcir le ton et plonger dans des atmosphères plus sombres et dépressives. "Aegean Sorrow" propose un doom/death aussi pesant que mélodique, à la croisée des chemins entre la dureté de celui d'October Tide (nouvelle version) et la richesse de celui de Swallow The Sun, le chant clair en moins. Ainsi, les tempos lancinants et écrasants renforcés par le chant guttural sont adoucis par le travail des guitares toujours en premier plan et les interventions ponctuelles du violon et des claviers. Les airs caractéristiques des Grecs ont finalement quasiment disparus dans cette reconversion, réapparaissant juste de temps à autre au travers d'une éclaircie passagère de piano ou de guitare acoustique. N'espérez plus de chant féminin non plus (et ça manque clairement) ; seuls quelques passages de chant clair masculin vers la fin de l'album viendront apporter un peu de variation aux hurlements de Stefanos.
En tant qu'amateur d'On Thorns I Lay, je suis évidemment déçu tant cette cuvée 2018 a occulté l'âme fragile et sensible de leur musique qui pour moi était l'essence même du groupe. Au lieu de cela, il semble s'être renfermé sur lui-même, dans un mutisme émotionnel qui ne laisse entrevoir qu'une image blafarde de désespoir. "Aeagean Sorrow" accule mais ne touche pas, il vous fait ressentir son mal-être mais ne le partage pas. Ce n'est pas ce que je m'attendais à (non) éprouver ; certes c'est a priori mon problème, ou du moins celui de ceux qui apprécient leur oeuvre pour les mêmes raisons. En tant qu'amateur de doom/death maintenant, je vous avoue être également un peu sceptique quant à la capacité du groupe à se faire une place dans le genre. En tous cas pour le moment, les Grecs peinent à imposer leur personnalité. Outre les références citées précédemment, on peut ajouter Rapture et Katatonia dont certaines sonorités font immédiatement écho. Au delà ce ça, à l'exception de quelques mélodies bien senties, l'album se traîne un peu en longueur et ne parvient pas à passionner sur la durée.
A la fois heureux de retrouver le groupe et attristé par ce revirement, j'avoue être curieux d'entendre la suite que pourra donner On Thorns I Lay à sa discographie. Car "Aeagean Sorrow" n'en est pas pour autant un mauvais album en soit et compte quelques belles pièces tels que l'aérien "Erevos" ou encore le puissant "Olethros Part II" (Rapture me manque aussi). Espérons qu'il ne s'agisse que d'une transition.
| Dead 25 Mars 2018 - 1218 lectures |
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