Atypique, voilà comme je pourrais qualifier le parcours musical de
Julien J. Neuville. En effet, son projet
KAAMOSMASENNUS (traduisible en
trouble saisonnier) est né en 2018 alors qu’il rédigeait une thèse de Master sur le
funeral doom finlandais. Je ne sais pas dans quelle discipline universitaire cette personne étudie mais, pour avoir moi aussi eu la possibilité (peut-on encore parler de chance ?) de prolonger mes études, le choix de son thème, aussi spécifique soit-il, ne me surprend pas outre mesure tant on connaît le goût des universitaires pour les sujets marginaux. Je dirais même qu’il pique ma curiosité !
Certainement totalement immergé dans ses recherches, il a fait le choix d’exposer à son tour sa propre vision du
doom via ce premier album intitulé «
Le jour ne se lève plus », directement signé par
Bitume, un jeune label français qui a déjà récemment frappé fort en éditant
« Egregor » de
GRANDIOSA MUERTE. Le musicien, seul maître à bord, nous offre donc quatre longues compositions (dix minutes en moyenne) empruntant autant
funeral qu’au
death ainsi qu’à l’atmosphérique. En effet, chacun des titres oscille entre la pesanteur funéraire doublée d’un growl profond correctement maîtrisé et des passages lumineux quasiment
post où claviers et guitares en son clair règnent en seigneur.
J’avoue que pour un premier effort composé puis joué entièrement seul, je suis très agréablement surpris par la qualité du rendu final. Les chansons ont de réelles progressions dans leurs ambiances et nous passons d’un climat à l’autre de façon fluide, sans que l’auditeur ait l’impression que le compositeur colle à l’emporte-pièce des bouts d’idées les uns après les autres. Cela est d’autant plus méritoire que le chant se fait rare, les structures des chansons n’en sont que davantage mises à nue.
Il n’y a pas non plus une surexploitation des passages instrumentaux qui feraient volontairement traîner les atmosphères à des fins de remplissage, histoire de justifier que les titres soient longs. Bien sûr, approche
doom death oblige, les riffs sont cycliques pour revenir inlassablement se fracasser sur la digue de votre tolérance mais, étrangement, le côté hivernal de la chose s’avère plutôt bien restitué, l’auditeur se laissant aisément séduire par ce déballage de mélancolie boréale.
La production n’a pas non plus été oubliée et, pour un boulot que l’on peut qualifier d’amateur, le rendu sonne de façon étonnement agréable : les instruments sont bien équilibrés, distincts les uns des autres. Bon, il est vrai que le point faible réside peut-être dans la guitare « lead » qui intervient parfois pour planter une mélodie par-dessus une rythmique massive. Les notes accrochent un peu l’oreille et, à mon sens, elles n’apportent rien de particulier mais, en dehors de cela, ce travail mis à disposition de tout amateur de
doom atmosphérique se révèle très honorable, voire méritoire.
Il reste quand même à voir si la suite de la carrière de
KAAMOSMASENNUS pourra se hisser à la hauteur de ses modèles, nous sommes encore loin d’un
COLOSSEUM par exemple. Cependant les ambitions sont présentes, l’inspiration également, ainsi qu’une dimension romantique qui représente une vraie différence car ne tombant jamais du côté rose du mièvre. Un compositeur à suivre donc, en lui souhaitant le meilleur pour la suite, ne serait-ce que de réussir sa soutenance si ce n'est pas déjà passé !
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