Critical Defiance - The Search Won't Fall...
Chronique
Critical Defiance The Search Won't Fall...
Après un début de carrière timide où il a clairement pris son temps avant de se lancer dans le grand bain du passage en studio, CRITICAL DEFIANCE a aujourd’hui trouvé sa vitesse de croisière en enchaînant les albums à toute vitesse car ce troisième chapitre intervient à peine plus de dix-huit mois après l’impeccable
« No Life Forms », qui l’a vu clairement franchir un cap musical comme du côté de la maturité et de l’expérience. Du coup profitant de ces ondes positives le quintet n’a pas perdu de temps pour revenir aux affaires avec cette livraison qui va se caler dans la droite ligne de la précédente, avec son Thrash à l’ancienne et burné porté par l’arrivée d’un nouveau soliste... un poste qui semble décidemment assez instable. Du coup on ne sera pas surpris par ce qu’on entend vu que nombre de plans et passages semblent être tirés des sessions du précédent enregistrement, mais cela personne ne s’en plaindra car le rendu bien que balisé et sans surprises fait parfaitement le métier. Gardant sa fougue générale et voyant apparaître de nombreux leads inspirés ce disque confirme que la scène venue du Chili garde encore et toujours son attractivité et sa qualité générale... et ce quel que soit le style exécuté.
Cependant là où les choses vont se gâter et sont un peu différentes c’est que le groupe est allé plus loin dans la radicalité et cela ne va pas se faire sans heurts, tant ce côté primitif et débridé ne va jamais cesser du début à la fin et donner ainsi la sensation d’écouter en boucle la même chose, sans qu’on en retienne véritablement grand-chose Car à vouloir se la jouer trop bas du front et primitif le risque était que tout cela finisse par se ressembler, et c’est exactement le cas ici sans compter des longueurs inutiles qui vont décourager même les plus téméraires à vouloir aller au bout de cet opus. En effet dès les premières notes de « The Search Won't Fall » on va s’apercevoir que les mecs ne sont pas là pour rigoler tant ça joue vite et fort, aidés en cela par une écriture primitive et une production abrasive qui leur sied parfaitement, sans jamais débander ou ralentir l’allure... un constat identique sur « Long Distance (The What's To Come) » toujours aussi déchaîné mais qui finalement lasse tout aussi rapidement. Pourtant quand les sud-américains vont un peu lever le pied ce qui est proposé va être immédiatement plus intéressant et accrocheur, preuve en est l’excellent « Helpless World » qui propose des passages mid-tempo impeccables et inspirés, qui donnent instantanément envie de secouer la tête entre quelques accélérations brutales bien senties... à l’instar du groovy « Absolüt » remuant à souhait et montrant que les musiciens savent encore faire chavirer l’auditoire.
Malheureusement cela ne va pas durer et plus on va avancer vers la fin de cette galette et plus ses créateurs vont jouer sur un tabassage de plus en plus exacerbé, où vont se greffer de l’interlude inutile et de l’instrumental mélancolique dont on se demande à quoi il sert au final. En effet on peut facilement parler du cas « 44 Minds » qui pue le KREATOR des origines avec sa rapidité permanente, son riffing réduit à sa plus simple expression et ses patterns minimalistes qui en font au final un titre pas dégueulasse en soi mais qui n’a pas la saveur du travail de Mille Petrozza. Et que penser alors des ultra-courts « All The Powers » et « Full Paranoia » qui lorgnent sans vergogne vers le Punk et le Grind le plus archaïque et bas du front, et qui s’ils offrent un bon gros défouloir en règle n’arrivent pas plus que cela à capter l’auditoire du fait d’une ambiance générale trop excessive, tant cette tempête sonore n’offre aucun moment de répit. Cependant cela va arriver avec l’éthéré et accessible « Margarita » qui détonne par rapport au reste avec son tempo plus posé et ses guitares plus aériennes où la tristesse côtoie la mélancolie, et même si cela surprend cette plage trouve quand même sa place à l’instar de l’instrumental « Bulldog » qui s’écoute facilement et en dilettante, à défaut d’amener véritablement quelque chose à ce long-format qui manque cruellement de moments marquants. Et ça n’est pas la conclusion intitulée « Critical Defiance » qui va changer la donne tant cela va s’éterniser à n’en plus finir et même sonner bordélique sur certains passages, malgré toute la panoplie technique ici mise en valeur de belle façon... mais sans doute jouée de manière trop hâtive et instinctive.
Du coup on peut véritablement dire qu’il s’agit d’une déception tant on sait que les chiliens sont capables de bonnes choses comme ils l’ont prouvé par le passé, mais là n’est pas SLAYER qui veut et faire son « Reign In Blood » n’est pas donné à tout le monde. Si l’on ne pourra pas leur reprocher d’avoir osé et joué la prise de risques il va falloir revoir certaines choses à l’avenir pour conserver son attrait auprès des fans du style (vu qu’ici on ne retiendra pas grand-chose de ce cru 2024), et on peut donc conseiller au combo de prendre un peu plus son temps la prochaine fois afin de revenir avec du contenu plus équilibré et dense. Dans le cas contraire le risque est grand de le voir perdre totalement les derniers fidèles qu’il lui restera s’il persiste dans cette voie sans issue, et ainsi disparaître des radars en tombant dans l’opacité de l’underground d’où il lui sera difficile de ressortir et où le sentiment de gâchis légitime ne le quittera plus jusqu’à la fin, ce qui serait franchement regrettable.
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3 COMMENTAIRE(S)
citer | Keyser 18/05/2024 19:56 | note: 8/10 | coreandcoupdate a écrit : On écoute en boucle la même chose ???? Sur ce disque ??? Mais ils n’ont jamais offert un panel aussi varié !! 44 secondes de guerre totale grindesque sur « All The Powers ». L’extrême opposé sur « Margarita », avec un instrumental tout mignon. Et a côté de ça des galopades de 6, 7 et 9 minutes. Je sais bien, les goûts et les couleurs, et je ne critique pas la note que je trouve pourtant incroyablement basse… mais dire que le groupe fait toujours pareil sur cet album ? Ça me semble aussi compréhensible que de dire que Brodequin s’est mis à la Kpop sur son dernier album ?! Il est bcp plus juste de dire, à la fin de la chronique, que c’est leur album le plus osé, et le plus risqué. Mais du coup c’est incompatible avec la première allégation… Bref : on n’est clairement pas d’accord. C’est album est pour moi parmi les toutes sorties Thrash de l’année !
D'accord avec toi. Un très bon album assez varié que je trouve supérieur au précédent qui m'avait un peu déçu. |
citer | On écoute en boucle la même chose ???? Sur ce disque ??? Mais ils n’ont jamais offert un panel aussi varié !! 44 secondes de guerre totale grindesque sur « All The Powers ». L’extrême opposé sur « Margarita », avec un instrumental tout mignon. Et a côté de ça des galopades de 6, 7 et 9 minutes. Je sais bien, les goûts et les couleurs, et je ne critique pas la note que je trouve pourtant incroyablement basse… mais dire que le groupe fait toujours pareil sur cet album ? Ça me semble aussi compréhensible que de dire que Brodequin s’est mis à la Kpop sur son dernier album ?! Il est bcp plus juste de dire, à la fin de la chronique, que c’est leur album le plus osé, et le plus risqué. Mais du coup c’est incompatible avec la première allégation… Bref : on n’est clairement pas d’accord. C’est album est pour moi parmi les toutes sorties Thrash de l’année ! |
citer | Je ne connais pas les autres albums mais tu me sembles un peu dur quand même sur cette sortie ! Le riffing est dingue, peut-être que 44 minutes c'est trop pour un disque de ce genre et trois instrumentaux c'est limite mais les parties thrash dépoussièrent salement le style ! |
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3 COMMENTAIRE(S)
18/05/2024 19:56
D'accord avec toi. Un très bon album assez varié que je trouve supérieur au précédent qui m'avait un peu déçu.
18/05/2024 19:36
18/05/2024 19:35