Amenra - Skunk
Chronique
Amenra Skunk (Film)
Parmi les groupes de sludge que j’adore, Amenra occupe une place à part tant leur doom est atypique, prenant, habité et hors des sentiers battus. Mass VI, leur chef d’œuvre, de l’album au live, résonne encore en moi des années après leur sortie. Et si De Doorn était un poil en dessous – comment ne pas l’être ? – ce Skunk est une parenthèse dans la discographie du groupe. Et également dans mes chroniques d’albums !
En effet, il s’agit là, non d’un album d’Amenra à proprement parler, mais de la BO du film Skunk du réalisateur belge Koen Mortier. Adapté d’un livre de Geert Taghon, s’inspirant de son expérience en tant que travailleur social, Skunk (le putois mais aussi une variété de cannabis) se penche sur le destin d’une famille compliquée – dysfonctionnelle – dont le quotidien est pour l’essentiel marqué par la violence et l’alcool. Le film est tourné au travers des yeux du fils, un jeune garçon abandonné parmi les siens, enfermé plusieurs années dans un sous-sol à regarder le même film, harcelé à l’école et finalement placé dans une institution où il tentera de trouver une famille parmi ses camarades de galère… et les chevaux.
Profondément sombre, ce film devait avoir une bande son à l’unisson. C’est le cas. Et si le projet était suivi de près par les fans d’Amenra, c’est parce que le chanteur du groupe Colin H. van Eeckhout y incarne le père du personnage principal. Avec une moyenne de 3 minutes par morceaux, difficile d’imaginer le développement d’ambiances variées et de retrouver les montées en puissance et les alternances calme / tempête propres au groupe belge. Une autre voie, dark ambiant, a été trouvée.
Second Coming démarre ainsi sous des auspices classiques, avec une montée lente, une sorte de tourbillon qui ne laisse échapper que quelques notes fragiles, mélodieuses, par intermittence durant tout le titre, conçu comme une intro et qui enchaîne sur une autre ambiance avec Tar, le second titre, plus menaçante cette fois-ci, plus souterraine, qui sert de cassure stylistique. Plus spatiale, plus rampante, l’atmosphère dégagée par Tar est aussi plus directement prenante. L’immersion se fait toutefois sans aucune violence, sans guitare ni batterie, simplement par nappes de clavier successives, telles des vagues heurtant la falaise. Execution prend la suite avec des boucles plus nettement drones, encore plus menaçantes.
The Purest Form et Uit Handen coupent cette BO en son centre avec une accalmie merveilleuse et une voix enchanteresse, comme si l’on assistait à la rédemption du jeune garçon, comme si on le voyait courir au milieu des chevaux, l’esprit enfin apaisé. Ces deux titres, proprement lumineux, inspirent l’espoir après le drame, le calme après la tempête, la vie après la (quasi) mort. Song to the Siren est encore plus enchanteur, assise sur du spoken words et une mélodie solaire qui semble clôturer le voyage initiatique du jeune garçon vers la lumière.
Small God clôture la BO par un retour à la case départ qu’on interprétera comme on le souhaite : blessures qu’on ne peut jamais vraiment effacer, bagage infernal qu’on traîne avec soi toute une vie, peu important ses efforts pour s’en délester…
Mais en tout état de cause, cette BO est magnifique et mérite qu’on s’y attarde même s’il ne s’agit pas là, évidemment, d’un nouvel album du combo.
| Raziel 8 Juin 2024 - 714 lectures |
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