Le Danemark est depuis bien longtemps un territoire propice au
death metal, une scène parfois perçue comme besogneuse mais qui a tout de même su accoucher de quelques grands noms, encore aujourd’hui. Mais, en ce gris samedi de juillet, c’est vers les 90’s que je vais me tourner et plus précisément 1997, année de sortie de «
Weed Out the Weak », troisième album de
KONKHRA. Pas d’étonnement si ce nom ne vous parle pas, le groupe n’ayant jamais réellement percé, son dernier LP en date, «
Alpha and the Omega » (2019) ne restant pas dans les mémoires.
Comme évoqué plus haut, les débuts des Danois s’inscrivent dans une veine
death puissante et rudimentaire avec d’abord «
Sexual Affective Disorder » en 1993, élu (par moi) « pochette la plus moche de la décennie » puis «
Spit or Swallow » (
that’s what she said) deux ans plus tard. Des thématiques sexuelles donc… Mais dans ces années-là, milieu à fin des années 90, il y a tout un tas de groupes initialement estampillés
death qui se tournent vers des contrées davantage
power, portées sur le
groove, dans la droite lignée de ce qu’apportèrent des formations telles que
MACHINE HEAD,
PANTERA ou
FEAR FACTORY. Et parmi ces évolutions vers des sphères plus accessibles, nous pourrions nommer le
MASSACRA de
« Sick » puis de «
Humanize Human », le
MERCYLESS de «
C.O.L.D. » et «
Sure to be Pure » ou encore évidemment le virage amorcé par
ENTOMBED dès l’EP «
Hollowman » (1993).
Tout cela pour dire que lorsque notre quatuor se pointe, le terrain est déjà bien balisé et ce style a déjà durablement imprégné les esprits. Je vous ai dit qu’il y avait
James Murphy à la guitare ? Non ? Ce n’est pas grave, sa présence s’avère être très discrète, les beaux solos étant rares. En effet, «
Weed Out the Weak » est une ode au travail des rythmiques. Globalement mid-tempo, l’album se voit doté d’une production surpuissante qui écrase tout sur son passage, l’ambition de la formation étant bien d’enfoncer la tête de l’auditeur dans son cul (« Inhuman »). L’écueil de cette musique principalement axée sur les riffs lourds et groovy, c’est le sentiment de répétition qui finit malheureusement par s’installer, même si l’ami
James nous sort quand même de temps en temps quelques envolées salvatrices, sur « Backstabber » par exemple, sans conteste le
hit single de ce disque.
Cependant, en dépit de mes remarques d’apparence critiques, je n’occulte pas le gros boulot vocal réalisé par
Anders Lundemark qui, dans ce registre forcé, excelle. Le batteur
Chris Kontos (présent sur le culte
« Burn My Eyes ») n’est pas non plus étranger à la force brute qui émane de ces onze compositions, qui ne sont que de bons gros obus laissant uniquement de la chair à saucisse dans le périmètre de leur explosion.
Evidemment, je suis bien conscient que parler d’une telle formation maintenant pourra sembler quelque peu désuet et anachronique : c’est un second-couteau devant l’éternel, la présence de
James Murphy (qui rempilera pour le suivant, «
Come Down Cold », en 1999) couplée à celle de
Chris Kontos n’a pas vraiment d’autre valeur que celle de la curiosité, cette sortie restant toutefois d’une vigueur encore très actuelle, notamment grâce à sa production neutre et au fait que les compositions, en n’appelant finalement qu’au
headbang forcené, ne vieillissent pas, ou alors trop lentement pour le constater à l’œil nu. Par conséquent, s’il vous prend un coup de nostalgie, que vous n’avez pas encore exploré l’intégralité de cette décennie bénie, je ne saurais trop vous recommander de laisser sa chance à
KONKHRA, tout du moins à cette parution. Compte-tenu du genre et sauf si l’on ne recherche que de l’hyper-technique, les risques de rejet sont mineurs et, pourquoi pas, peut-être vous surprendrez-vous à vous dire que c’est un putain d’album, sous-estimé.
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