Abysmal Winds - Magna Pestilencia
Chronique
Abysmal Winds Magna Pestilencia
Si I Hate Records n’est plus le label aussi productif et qualitatif qu’il y a quelques années (celui-ci préférant désormais se spécialiser dans les rééditions de disques obscurs ou épuisés), il réussit néanmoins toujours à dégoter quelques pépites sympathiques et agréables qui font toujours leur petit effet dans l’underground. Dernier exemple en date avec ce trio venu d’Uppsala où l’on retrouve notamment deux des membres d’OMNIZIDE (qui en avaient visiblement marre d’attendre du nouveau son de sa part) et un ancien guitariste d’ANGUISH, qui ont décidé de s’unir pour créer cette nouvelle entité pratiquant un Death putride et sombre très virulent inspiré notamment par INCANTATION, SADISTIC INTENT et GRAVE MIASMA. Autant dire que sur le papier tout cela a fière allure et si on peut parfois douter de la cohésion entre membres expérimentés ici tout cela s’accorde parfaitement, faisant ainsi de ce premier album un vrai régal auditif d’une demi-heure à peine mais qui va facilement contenter les fans même les plus exigeants. En effet les mecs ne se sont pas embarrassés d’éléments inutiles, tant leur musique va être majoritairement menée à fond la caisse sur fond d’écriture simple et efficace où la production rugueuse et naturelle sied particulièrement bien à l’ensemble.
Du coup il n’est pas étonnant que la courte introduction nous plonge directement dans les enfers tant tout y est angoissant et chaotique, et l’on sent au milieu de ce mur d’obscurité impénétrable le souffle diabolique prendre vie et nous embarquer dans les ténèbres et le blasphème. En effet dès les premières notes de « Sacrilegious » on sait où l’on va mettre les pieds avec un déferlement de violence inouï où sur une rythmique dépouillée ça va tabasser et jouer à fond la caisse de façon continue, tout en se montrant burné à souhait et surtout particulièrement addictif, tant cette vélocité est facilement accrocheuse en rentrant immédiatement en mémoire. Si évidemment tout cela n’a rien de neuf et va finir à la longue par se ressembler (l’écriture étant relativement similaire d’une plage à l’autre) la durée globale de ce disque va largement faire oublier cet écueil... et « Obliteration » va continuer sur cette bonne lancée en jouant sur un relatif équilibre rythmique, vu que ça ralentit légèrement tout en proposant surtout un gros côté remuant particulièrement agréable où l’on a envie de secouer la tête comme il se doit. Si la formation va régulièrement proposer des morceaux bas du front où la rapidité n’est pas un vain mot (« Blood Prison », « Magna Pestilencia ») et où ça reste toujours attractif, il va cependant progressivement miser soit sur le grand-écart (« World Cavader », « A Slumbering God ») sans jamais lasser outre mesure, ou alors sortir toute sa panoplie technique (« Ivory Tomb », « Horrid Visions ») avec une fluidité incandescente et sans jamais donner l’impression de trop en faire.
Tout cela finira donc de convaincre les derniers sceptiques qui ne verraient ici qu’une musique rudimentaire et répétitive à l’intérêt très limité... même si sur le fond ils n’auraient pas forcément tort. Néanmoins il faut bien reconnaître à l’entité de maîtriser totalement son sujet en proposant un bon gros défouloir en règle, idéal pour se vider la tête et expulser toutes les toxines et germes de stress qui pourrissent notre quotidien... tout en faisant un bien fou à nos oreilles, qui en redemanderont certainement. Authentique dans sa façon d’être exécutée et hommage sincère à une certaine vision du genre cette première réalisation des Suédois mérite clairement qu’on lui donne sa chance et que l’on s’attarde dessus, tant son opacité et sa profondeur auront de quoi occuper les esprits un petit moment (complétée en prime par une vraie homogénéité de bout en bout), même s’il est certain que ça montrera rapidement des limites malgré de bonnes qualités générales, et qu’il en faudra plus à l’avenir à ses membres pour se démarquer de la redoutable concurrence locale... et ainsi véritablement se faire un nom. En attendant on profitera allègrement de cette violence constamment présente et de cette odeur de soufre fort sympathique, qui confirment que l’enfer et les ténèbres ne sont finalement pas un si mauvais endroit où aller et qu’on y prend du bon temps en permanence.
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