Dimmu Borgir - Stormblåst
Chronique
Dimmu Borgir Stormblåst
Neuf années se sont écoulées depuis la sortie de Stormblåst, premier du nom. A l'époque, Dimmu Borgir était encore un jeune groupe peu connu, délivrant un Black Métal aux antipodes de tout ce qui avait été composé ; leur musique était lente et mélancolique, et surtout faisait preuve d'une naïveté qui fut sans doute la clé du succès de cet album. Neuf ans après, bon nombre d'entre nous n'hésitent pas à proclamer à juste titre Stormblåst comme le chef d'œuvre de Dimmu Borgir, ainsi que comme l'un des meilleurs albums jamais réalisé dans la scène Black. C'est pourquoi, lorsque le groupe annonça la volonté de réenregistré leur second enfant (pour des raisons pécuniaires qui ne nous intéressent peu en fin de compte), une grande majorité des fans crièrent à la trahison, et dénigrèrent ce Stormblåst « 2005 » sans savoir à quoi s'attendre. Or, c'est bien connu, on ne parle pas de ce que l'on ne connait pas.
En neuf années, il s'en est passé des choses, notamment cinq albums, deux MCD et un split. Empruntant toujours une voix plus symphonique, plus orchestrale, plus grandiloquente, et ainsi plus pompeuse, Dimmu Borgir s'est éloigné de ses racines Black vers un métal extrême aux forts accents heavy symphonique. Mais avec ce Stormblåst 2005, la donne change. La prédominance de l'orchestre n'est plus, et on observe même un retour à l'agressivité. Fini la production « hollywoodienne » et léchée ! Dimmu Borgir effectue une démarche contraire à leur évolution : un retour à une production bien plus crade. De plus, Dimmu Borgir nous sort l'artillerie, et la lourde : Hellhammer. Après Nicholas Barker, c'est logiquement lui qui devait prendre le relais. Bien qu'il jouera sur le prochain Dimmu Borgir, il n'est apparemment pas membre permanent… qu'importe après tout.
Maintenant, il faut voir qu'avant l'écoute de ce nouveau Stormblåst, deux options s'offrent à nous : l'écouter en tant que réenregistrement, ou bien comme un nouvel album à part entière.
Si vous suivez la première voie, une grande majorité d'entre vous sera déçue. De la sombre douceur, de la mélancolie, du côté personnel, intimiste et orageux de Stormblåst ne restent plus que cendres, débris et gravats. Les morceaux originaux sont méconnaissables : seule la base a été conservée, comme si le groupe avait repris juste les idées et les lignées mélodiques, pour recomposer des nouveaux morceaux à partir de ces ossatures. De plus, une bonne partie des mélodies originellement jouées au clavier sont dorénavant exécutées à la guitare, comme sur Broderskapets Ring, exemple le plus flagrant, où les notes presque cristallines du piano sont grossièrement effectuée par les guitares, ôtant toute sensibilité à ce morceau, et à l'album en général. D'ailleurs, on n'entend plus que rarement le clavier, qui a été en grande partie remplacé par la masse de guitares et des nappes atmosphériques. Cependant, des morceaux comme Alt lys Er Svunnet Hen ou Dodsferd gagnent en puissance et majesté. L'album a gagné en puissance certes, en violence même, Hellhammer se lachant parfois au niveau des blasts beats, mais pour finalement voir tout le côté apaisant originel réduit à néant. Et puis, comment ne pas parler de ce chamboulement, de cette hérésie même, figurant dans l'album : Sorgens Kammer n'est plus. Enfin si, il y a bien Sorgens Kammer – Del II, mais c'est un morceau totalement différent. Pourquoi ? Car l'interlude au piano originale appartenant en réalité à la bande son d'un vieux jeux vidéo. Amiga a fait joué les droits d'auteur, et Dimmu Borgir se voyait dans l'incapacité de reprendre le morceau original. Et au lieu de recomposer logiquement un nouvel interlude au piano, le groupe nous sort à la place un morceau dans la veine du reste de l'album.
Par contre, si l'on suit la seconde voie, celle de considérer Stormblåst 2005 comme un nouvel album à part entière, avec de nouvelles compositions tellement elles sont différentes des originales, tellement la production et le mixage nous offrent une nouvelle perspective, on se retrouve finalement avec un excellent album de Dimmu Borgir, si ce n'est le meilleur à mon goût depuis… Stormblåst justement. Ce que Demi Burger (fallait bien que je la case celle là) perd en délicatesse et sensibilité, il le gagne en frites. Euh pardon, il le gagne en grandiose et, au risque de me répéter, en puissance. Rien que les choeurs, que l'on retrouve notamment sur Dodsferd (le morceau ayant sûrement le plus gagné au change) et sur Guds Fortapelse, redonnent force et vigueur à la musique Dimmu Borgir, plutôt ramollie par les derniers efforts du groupe. Le jeu de Hellhammer, qui n'a pas besoin d'être vanté, est terriblement efficace, et contribue largement à ce nouveau souffle apporté par ce réenregistrement. L'ambiance est glaciale et incisive, et Shagrath se lâche aux niveaux des vocaux. Je n'ai malheureusement pas pu écouté le nouveau morceau Avmaktslave, disposant d'une édition promotionnelle assez « raccourcie », mais Sorgens Kammer – Dell II, sans être un morceau exceptionnel, instaure une certaine tension, et possède même un côté oppressant.
De cette alternative découle le fait qu'il m'est impossible de noter Stormblåst 2005. Bien qu'au final, je le considère comme un nouvel album, ce serait nier le fait qu'en tant que nouveau Stormblåst, l'album déçoit. Mais bon, pas tant que ça ; après tout, l'original est toujours là lorsque l'on veut l'écouter, pas besoin d'une seconde version. Stormblåst 2005 est à conseiller à tous ceux qui ont été déçus par Death Cult Armageddon, et plus généralement le « new » Dimmu Borgir. Et puis, soyons fous, Stormblåst 2005 est même conseillé pour tout le monde.
| Krow 12 Novembre 2005 - 3523 lectures |
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