Il s'agissait pour Dimmu Borgir de retrouver grâce auprès de son public après un
« In Sorte Diaboli » fadasse et trop épuré qui n'aura finalement convaincu personne, ni les fans des premières heures moins emphatiques du groupe ni ceux de la démesure presque Hollywoodienne de
« Death Cult Armageddon ». Exit Mustis, bye bye Vortex, le combo nous revient sous la forme d'un trio soutenu par quelques musiciens de sessions pour assurer, de fort belle manière d'ailleurs, la batterie (Daray), la basse et le chant clair (Snowy Shaw).
Cd dans le lecteur, touche play enfoncée, laissons la magie « Abrahadabra » opérer (…). Retour du groupe à une formule plus ambitieuse, l'orchestre est omniprésent, les chœurs aussi, la prod est en bêton, c'est puissant et ça en jette mais un constat s'impose, on aurait apprécié une plus grande implication des guitares dans l'ensemble du travail harmonique alors qu'elles ne sont utilisées ici que pour servir les orchestrations « symphoniques » et les arrangements. En effet sans ces apparats grandiloquents il ne resterait que des morceaux très pauvres et finalement sans grand intérêt. Certes les Norvégiens sans un camouflage sonore efficace livrent une galette bien creuse mais pourquoi donc imaginer Dimmu Borgir désossé, pourquoi lui ôter ses claviers, sa cascade d'effets, sa chorale et son orchestre alors qu'ils sont partie intégrante du projet ? En effet ce que l'on pourrait reprocher au groupe est aussi ce qui lui sied si bien, la production surboostée écrase tout sur son passage, les riffs bébêtes, basiques et neuneus dégagent une puissance phénoménale dans ce contexte et cette déferlante d'arrangements grandioses suscite l'admiration et crée durant tout l'album un environnement sonore d'une richesse incroyable.
« Abrahadabra » est une grosse production, très professionnelle à laquelle il est difficile de résister (je n'ai d'ailleurs aucune envie de résister) même si le groupe tombe parfois dans la surenchère de pouet-pouet pompeux (« Dimmu Borgir »).
La critique est évidemment aisée, surtout pour le groupe de raw black metal qui fonctionne sur trois accords mal joués et répétés durant les 3 minutes de chacun de ses morceaux au nom d'une intégrité bienvenue pour masquer une incompétence notoire en matière de composition. Oui le groupe en fait des tonnes, non Dimmu Borgir n'a (plus ?) rien à voir avec les centaines de combos et fans Uber True qui les haïssent par conviction ou par principe, mais force est de constater que les Norvégiens maîtrisent leur Art, et que la masse de travail accomplie pour arranger leurs compos est phénoménale. Tout est ensuite question de goûts, Katharsis ou Dimmu Burger (pour parler evil), chacun choisira son camp, ou ne choisira peut-être pas afin d'apprécier chacune des deux approches à sa juste valeur.
Abrahadra de la Grande Bête Crowley ou Abracadabra de Garcimore quand Dimmu Borgir, magique, réussit à ressusciter notre chef électricien préféré, Claude François, aka Snowy Shaw, qui vient pousser la chansonnette sur « Ritualist » (2'40). La ressemblance du timbre, ridicule, nasillard à souhait, vous fera désormais écouter ce morceau d'une façon différente et vous me haïrez pour vous avoir mis cette idée en tête. Hormis cette faute de goût évidemment involontaire et gênante pour l'auditeur Français seulement, les vocaux sont en tous points impeccables, très variés et assurés par différents invités de marque, Kristoffer Rigg (alias Garm) sur « Ending And Continuation » et Agnete Maria Forfang Kjølsrud qui assure les voix féminines sur Gateways. Vu la qualité de sa performance assez atypique, son timbre dégageant quelque chose d'étrangement malsain, j'aurai apprécié de l'entendre un peu plus sur l'album. Loin des divas sucrées qui adoucissent et embellissent généralement les compos qu'elles approchent à coups d'envolées lyriques enflées cette chanteuse ajoute ici une touche inhabituelle, comme si la sorcière de Blair Witch faisait la Star Ac'.
Je n'ai jamais été très fan de Dimmu Borgir, je m'apprêtais même à descendre l'album après quelques écoutes qui me permirent de constater que sans son maquillage orchestral le groupe proposait des morceaux insipides et je me suis finalement laissé faire par ce camouflage bling bling. Au cinéma je ne fais pas abstraction des effets spéciaux alors pourquoi le faire ici ? La décision étant prise de prendre l'album dans sa globalité sans disséquer (bêtement d'ailleurs) chacune de ses composantes, l'oeuvre imposante et fastueuse m'a transporté comme peut le faire une B.O quand elle est réussie et, honte sur moi, j'ai aimé ça. Dimmu Borgir propose quelque chose d'original qui n'appartient qu'à lui, un son, une vision, une approche, que l'on reconnaît dès les premières secondes et qui mérite le respect. « Abrahadabra » dans son style, et dans la discographie des Norvégiens, est une réussite indéniable qui réhabilite le groupe et devrait lui éviter de subir le même sort que Cradle Of Filth aux yeux des fans.
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