Edguy - Rocket Ride
Chronique
Edguy Rocket Ride
Non, Tobias Sammet ne s’est pas suicidé ! Une rumeur courait sur le net, laissant penser que le chanteur et compositeur d’Edguy avait mis fin à ses jours. Non seulement il est vivant mais en plus, le groupe revient au devant de la scène heavy/power avec leur nouvel album Rocket Ride dont la sortie mondiale est prévue le 20 janvier 2006. Que donne le son du groupe après Hellfire Club, qui succédait lui-même à Mandrake considéré à ce jour comme le meilleur album de la formation allemande ?
Depuis ses débuts, Edguy a su se démarquer des autres groupes de heavy par son sens de l’humour et sa musique qui transpire leur joie de vivre. Ils ont introduit de la couleur et des vitamines dans le milieu du heavy qui se veut parfois trop obscur. Il faut dire qu’avec un bouffon comme symbole, ils ne pouvaient pas prétendre être sérieux ! Ainsi, rien qu’à voir la pochette de se Rocket Ride, on se doute du côté guilleret, léger, voir joyeux de la musique. Et à ce niveau là, nous ne sommes pas déçus !
Les refrains sont entraînants pour la plupart, souvent chantés en chœur donnant un petit côté comédie musicale, sans oublier les « ouh-ouh-ouh » sur Return to the Tribe et les « la-la-la » sur Trinidad ! On sent que le groupe se fait plaisir, avec des passages assez délirants comme le solo totalement fou sur Return to the Tribe ou bien l’espèce de dispute moitié chantée moitié parlée en allemand, entre Tobias et un gars sur la fin de Catch of Century. Ce n’est pas chez Edguy que vous trouverez mélancolie, tristesse, ténèbres et gravité. De ce fait, on a beau bien rigoler parfois, apprécier le côté sautillant de la musique, on éprouve cependant peu d’émotions et notre attention portée à l’écoute semble aussi superficielle que la musique. Car c’est musicalement que ce Rocket Ride laisse quelque peu à désirer.
Edguy nous offre un heavy classique avec des riffs simplissimes, des rythmiques efficaces mais sans aucune originalité, des mélodies banales au possible, des progressions qui font planer le fantôme de Maiden à plusieurs reprises, une voix heavy impeccable, parfaite dans le style mais sans piment, le tout marqué par le mid tempo global de l’album qui ne met aucune chanson véritablement en valeur. Le premier titre attire peut-être un peu plus l’attention, et pas seulement parce que c’est le premier, mais parce qu’Edguy a fait appel à l’orchestre allemand qui s’occupe des musiques de films, pour certains titres, comme pour ce Sacrifice, de 8 minutes (le titre le plus long de l'album c'est surprenant qu'ils l'aient mis en premier) assez alternatif entre des passages plus atmosphériques et d’autres plus speed qui traduisent une certaine maturité dans la composition.Mais ce titre est loin d'être représentatif du reste de l'album qui s' enchaîne sans vraiment décoller et on attend LE titre qui va nous clouer à notre siège…ce titre qui ne viendra malheureusement pas. Pour un album nommé Rocket Ride, on s’attend à un plus de patate et l’on est un peu déçu par la tournure trop lourde que prend l’album. De plus, les guitares s’effacent au fur et à mesure, pour finir en accords plaqués sans saveur. Malgré le claviers, les passages avec guitare acoustique, l’ensemble de cet album sonne un peu monotone et les chansons toutes un peu semblables se succèdent avec fluidité, certes, mais sans attirer notre attention. Edguy se contente de faire ce qu’il sait faire, et bien faire même parfois, mais sans prise de risque sans innovation et compte tenu de leur son, des mélodies et des structures, je dirai même sans modernité.
C’est guilleret, on le sait mais les refrains de Save Me, Rocket Ride, Wasted Time sont à la limite du kitch et quand on a passé le cap du heavy, on accroche moins à ce genre de délires. Nous n’avons pas eu LE titre speed, mordant, tant attendu, et nous n’avons pas non plus eu le plaisir d’entendre LA ballade typique heavy que toute une salle de concert aurait chantée en brandissant les briquets, Save Me qui se veut de cette fibre fait un peu défaut. Décidément, l’album nous enfonce dans notre déception. Le titre bonus Fucking with Fire nous redonne cependant le sourire avec cet humour typique Edguy.
Tel le bouffon du roi qui anime la cour, cet album nous amuse mais au fond, nous laisse totalement indifférent.
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