Farsot - IIII

Cette année, malgré les albums de Shining et de Watain bons mais contestés, on n'a pas trop été gâté en matière de Black Metal. Mais il semble que l'excellent label allemand Lupus Lounge semble avoir son mot à dire, en balançant le même jour trois albums du style susmentionné (faut sucer personne hein). Ainsi, le 29 octobre 2007, sortent les albums de Drautran, Helrunar et Farsot, et ce dans l'anonymat le plus total. Histoire de rendre honneur à cette sortie, votre fidèle serviteur a décidé d'éclairer les lanternes de la masse grouillante de lecteurs que vous êtes. Et c'est le jeune groupe allemand Farsot qui va vous être présenté aujourd'hui, à travers son premier album au nom intriguant, IIII.

LUPUS LOUNGE : LA TRILOGIE
Episode I : Un Nouvel Espoir

Le lien avec Star Wars s'arrêtera ici. En effet, y'aura pas de retour de la vengeance du jet d'ail, c'est simplement que Farsot semble, au même titre qu'un certain groupe en rapport avec la lune, présenter toutes les prédispositions quant à l'accession aux étoiles de la célébrité. Enfin, ce serait oublier la couche de mystère qui enveloppe le groupe, observable à travers les pseudonymes de ses membres, l'artwork épuré et minimaliste, et le manque d'information le concernant. Je parle, mais bon, c'est peut-être ce qui va les rendre célèbres ! Car bon, ce n'est pas comme si la musique de Farsot était intéressante, originale, et éthérée, hein. Non, ce n'est pas comme si la recherche musicale était existante, les mélodies accrocheuses, le concept bien ficelé.

Non pas du tout.

C'est même tout le contraire.

Bon, j'arrête tout de suite de te prendre pour un con, lecteur : tu as très bien compris que cet album est grand, rien qu'en voyant la note. A moins que tu sois vraiment teubé. Quoique, il est vrai que ces derniers temps, je n'ai pas été très gentil avec toi, lecteur…Tu as en tête la virulente chronique du F.O.A.D. de Darkthrone, hein ? Et bien, cette fois-ci, je vais être honnête, et ne pas te prendre pour ce que tu es, à savoir un abru…lecteur inconditionnel de Thrashocore.

Tu te souviens de Secrets of the Moon (le groupe que je n'aime pas du tout là) avec leur Black Metal racé, intelligent, et vaguement progressif ? Bon et bien Farsot, c'est à peu près pareil, sauf que pour faire dans le grossier, on y a rajouté des influences Raw Black Metal palpables. Là où le premier sera à favoriser si tu recherches des ambiances torturées et occultes, lecteur, Farsot sera à privilégier si tu recherches un groupe plus agressif et violent. La production y est pour beaucoup en mélangeant à merveille un son puissant et clear avec un son Black Metal et crade. Et ça, on s'en rend compte dès le premier riff, celui de Thematik : Hass. Rien de tel qu'un morceau parlant de la haine pour ouvrir un premier album, et pour nous mettre d'accord. En 5 minutes et 26 secondes très exactement, Farsot nous montre toute l'étendue de son savoir faire : un Black Metal froid et complexe à l'aide de nombreux breaks, des mélodies lointaines et entêtantes, une basse claquante et déshumanisée, le tout sublimé par la voix totalement déchirée et possédée. Et puis bon, quoiqu'on en dise, je trouve que les paroles en Allemand dans le Black Metal, ça a toujours un côté tranchant, dûr, haché.

En gros, je viens de te décrire, (Hannibal) lecteur, les quatre morceaux du disque, chacun représentant un sentiment : la haine donc, la peur, la mort, le deuil. Tu vas me dire que ça fait peu. Oui mais non. Parce que, sans compter les quatre autres qui servent d'interludes, tu vas avoir de quoi faire. Si tu aimes les compositions alambiquées, écouter un disque une vingtaine de fois sans en avoir fait le tour, découvrir de nouveaux arrangements à chaque écoute, tu vas être comblé, lecteur. J'ai du écouter IIII une bonne trentaine de fois, je m'en lasse pas, et une nouvelle subtilité m'apparaît à chaque écoute. C'est d'ailleurs en ça que le groupe a le plus évolué par rapport à sa seconde démo, 042103Freitod (et là on se rend compte qu'en fait, ce sont juste des gros geeks) : auparavant, leur Black Metal était très raw et linéaire, mais possédait toutefois quelques indices qui pouvaient laisser présager une évolution telle quelle.

Riche, comme Picsou ou quelqu'un d'obédience judaïque, c'est ce qu'est IIII. On notera ainsi le Thematik : Tod, avec son passage calme et mélancolique, sa basse vrombissante, et la voix désespérée de 10.XIXt, qui dégage une ambiante qui ne ferait pas tâche sur un album de Black Dépressif. Et puis surtout la « masterpiece » de IIII (ça a quand même plus de gueule que « pièce maitresse », hein) qui est constituée du dernier morceau et de l'interlude qui la précède. Comment expliquer ça… Imagine-toi 20 minutes d'un Black Metal à la fois puissant et triste, épique et déchirant, et cela précédé d'un chœur féminin de toute beauté, annonciateur d'une tempête sans précédant. Imagine des mélodies en tremolo qui sonnent lointaines et envoûtantes, un piano mélancolique au possible servant de transition au milieu des 10 minutes… imagine des breaks et des riffs par pelletées… et surtout, imagine un final dantesque au possible, reprenant la mélodie principale du morceau enjolivée à grand coups de wha-wha… La jouissance ultime. La perle à l'extrémité du méat.

Ainsi se termine l'épisode 1 de la trilogie Lupus Lounge, qui me permet d'ors et déjà d'en conclure que Farsot est promis à un bel avenir, que la scène BM allemande se porte très très bien, que Lupus Lounge est le label qui monte. Par contre, je me sens couillé, parce que cette conclusion sera quasiment la même pour les deux autres de la trilogie LL. Tant pis, ils n'avaient qu'à sortir des albums de merde. En tout cas, j'espère t'avoir convaincu, lecteur. Parce que sinon, j'aurai plus aucun remord à t'avoir pris pour un con jusqu'alors. J'avais envie de changer, j'étais plein de bonnes intentions, et toi, tu ne fais aucun effort de bon goût. Bon, ça c'est sûr que ça doit te changer d'un vulgaire Cirith Gorgor hein. Et si, malgré tout, t'y arrives pas, sache que mes futures chroniques, elles seront pires que celle du Darkthrone. Fear.

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