Condemned - Desecrate The Vile
Chronique
Condemned Desecrate The Vile
Lacerated Enemy a eu le nez fin cette année (malgré certaines sorties qu'on attend encore comme le live de Mortal Decay ou encore la première rondelle de Banishment) en signant cette formation originaire de San Diego. Pour nos chers thrasho-lecteurs, ils doivent sûrement se rappeler de Cephalotripsy que ce soit à cause du gosier putride d'Angel Ochoa, ou encore à cause du nom de l'album à rallonge (ils doivent avoir la palme cette année, je crois) ou encore à cause de l'ignoble pochette photoshoppée à mort (imaginez la même avec Paint juste pour voir). Je parlais donc de Cephalotripsy car Condemned reprend leur chanteur et leur batteur, à moins que ce ne soit l'inverse. Bien qu'ayant quelques similitudes, la tambouille servie sur ce Descrate The Vile n'a pas exactement le même goût que celle d'Utero-machin-truc.
Là où Cephalotripsy emmenait bêtement le mosh groovy dans ses plus profonds retranchements, Condemned évolue dans un registre plus brutal mais aussi plus ambiancé. Brutal disais-je, car les blasts sont plus fréquents mais malheureusement, c'est avec le même batteur, le même son et le même mixage. Donc une caisse claire en polystyrène qui manque cruellement de profondeur, une grosse caisse triggée qui mange la moitié du mix et un jeu encore moins « riche » que dans Cephalotripsy. On pourra toujours se consoler en se rendant compte que cela donne des accélerations plus nettes et franches mais c'est tout de même un peu limite.
Ce qui tient le groupe, ce sont les guitares avec un son à la Deeds of Flesh (c'est à dire avec autant de relief que le torse de Jane Birkin et un dynamisme digne d'un Jean Lefebvre sous Guronzan). Mais ce son plat donne une atmosphère pâteuse à l'ensemble. Certains riffs sont soigneusement travaillés pour être déclinés sur plusieurs rythmes (la fin d'« Habitual Depravity »), preuve d'une efficacité redoutable. On regrettera cependant qu'il soit un peu trop en retrait par rapport au reste, la faute à une batterie trop présente et à un chant un poil trop avant.
Le chant, un des autres ingrédients de l'ambiance de l'album, tenu par Mister « larynx purulent » 2007, j'ai nommé Angel Ochoa. Le gaillard possède une voix incroyable, putride et glaireuse au possible ce qui amène une dimension cauchemardesque supplémentaire au groupe. Et que dire de plus quand ce dernier est rejoint par trois gueulards du même calibre sur « Chapter of Defilement ». On y compte la voix puissante et grave de Sam Townsley (Parasitic), le chant si particulier de Shawn Whitaker (Viral Load, Insidious Decrepancy) et enfin celui de Levi Fuselier (Disgorge) qui, bien que très respectable, ne vaut pas celui de son prédecesseur Matti Way. Les vocalises tiennent donc une place importante dans Condemned, parfois même un peu trop, un peu comme dans Disgorge.
Comme je le disais, la guitare tient quasiment toute la musique, nombreux sont les passages où elle se retrouve seule pour annoncer la suite. La recette est au final, un peu la même pour chaque titre, surtout si on gave le morceau d'harmoniques artificielles comme on en compte dans 90% de la scène brutal-death actuelle. Il y en a parfois trop, mais elle n'empêche le groupe de pondre quelques gros passages mosh à ramper par terre tel que le final d'« Impulsive Dismemberment ». On sent le spectre de Devourment planer, mais ces parties sont suffisament originales pour ne pas sombrer dans le plagiat pur et simple car on y trouve un aspect plus lourd et hâché.
On a donc affaire à une musique efficace qui passe relativement bien d'où une grande fluidité bien que les titres aient la fâcheuse tendance à se ressembler dans leur structure. Ca passe vite, trop vite même puisque la durée véritable du cd se rapproche plus de la grosse vingtaine de minutes que de la demie-heure conventionnelle puisque la fin a une légère odeur de foutage de gueule. Au lieu de remettre le couvert sur un ou deux titres, la dernière piste se termine sur un long sample qui, bien qu'illustrant à merveille la superbe pochette de Pär Olofsson, tourne inlassablement pendant huit bonnes minutes.
Il y a donc du bon et du moins bon dans ce premier essai du quintet de San Diego, la musique est intéressante et plante une atmosphère plutôt efficace, mais elle souffre d'un jeu de batterie aussi varié que celui du lapin Duracell et des structures souvent repetitives. On sent tout de même que la formation à un certain potentiel pour se faire une petite place au milieu d'une scène sur-saturée par les groupes de ce style. La note est un peu sevère, il est vrai, mais je pense que Condemned a une marge de progression suffisante pour l'amener à faire encore mieux. Encourageant.
| Scum 25 Décembre 2007 - 2327 lectures |
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