Après avoir longuement hésité à le nommer « Creutzfeldt Jacob », voire carrément « Flying Cows from outer space », c'est finalement avec un premier Maxi nommé « Prion » que Manslaughter, jeune groupe du nord formé en 2003, vient nous faire part de ses velléités métalliques. Et contrairement à ce que le patronyme du groupe et ce nom de Maxi pourraient laisser penser, la musique du groupe n'est pas de cette espèce de death metal de boucher-charcutier avec de vrais gros morceaux de barbaque dedans: non, le propos du groupe est plutôt de proposer un death technique qui n'est pas sans évoquer
Pitbulls in the Nursery, de par cette avidité à aligner nombres plans et breaks variés.
Qui dit death technique dit normalement ceinture noire en maîtrise des instruments, et là le contrat est bel est bien rempli, les zicos de Manslaughter touchant tous méchamment leur bille. Que ce soit les grattes changeantes et incisives, la basse qui slappe et rebondit ou la très mouvante batterie, pas de manchot chez les Manslaughter. Par contre j'aurais deux reproches à adresser au groupe. Un: la prod', même si elle laisse de la place à tout le monde, est un peu trop étouffée et ramassée, alors que ce type de musique nécessite à mon sens beaucoup plus d'air et de lisibilité. Deux, et c'est là ce qui me gêne le plus: ça pêche un peu sur le plan de la fluidité et de la cohésion globale. On a beau mettre les meilleurs ingrédients du marché dans la casserole, à défaut d'un liant qui tienne bien l'ensemble et qui fasse harmonieusement cohabiter les différentes saveurs, on se retrouve avec un fourre-tout gustatif hétéroclite au lieu d'un plat aux arômes puissants. On a parfois l'impression sur « Prion » que le groupe préfère l'accumulation de plans démonstratifs au souci de la cohérence et à l'écriture de morceaux en tant que tels. Dans cet esprit, certaines transitions sont un peu justes (
Aïe, le passage sans vaseline, à 0:37 sur « Morbid Overdrive », entre un passage planant à la Atheist et un passage death mid plus bas du front. Ouille, la transition poussive, de 1:45 à 2:08 sur « Headcrushing », entre 2 passages par ailleurs très bons …). Bref, si la technicité est sans faille, le groupe semble avoir encore à travailler un peu l'aspect composition – ou « assemblage » si vous préférez.
Mais ça n'empêche pas Manslaughter d'aligner quelques petites pépites, comme cette montée rampante accompagnée d'une basse très vive, à 1:08 sur « Headcrushing », ou ce passage autant saccadé que catchy, à 2:08, sur le même morceau. Miam aussi le couple basse-guitare qui décollent de concert à 1:06 sur « Mechanical Torture ». Miam la superbe fin de « Testament », à partir de 3:44, qui clôt ce Maxi de façon presque épique, avec encore une fois une basse très présente. D'ailleurs, à bien y réfléchir, cette prod' muddy, ces accumulations de plans techniques un peu tarabiscotés parfois jazzy, cette basse hyper active, ce chant death qui alterne français et anglais et qui prend des colorations proches de celles de S.A.S. de l'Argilière (
ça m'a particulièrement frappé à 2:40 sur « Mechanical Torture »): bon sang mais c'est bien sûr, ces p'tits gars ont potassé les premiers albums de
Misanthrope !
Quoiqu'il en soit, on tient ici un excellent groupe en devenir, ce premier Maxi n'étant qu'un coup d'essai. En travaillant un peu plus la fluidité des morceaux et aidé d'une prod' plus aérée et plus puissante, le groupe sera en mesure de venir batailler sur le podium des meilleures formations techniques françaises … en tout cas prion pour qu'il en soit ainsi (
Rhhâââââ, t'avais promis de pas la faire, salaud!)
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