Poupounet n'avait vraiment pas la vie facile. Déjà qu'être un caniche nain en appart c'est pas franchement le pied intégral, mais en plus de cela il devait partager son 35m² en banlieue lyonnaise avec un couple, soit disant ses « maîtres », qui passait son temps à s'engueuler vertement.
Poupounet l'avait bien senti ce matin : l'ambiance était tendue. La chaîne hifi, débitant d'ordinaire à plein décibel des sons étranges dès 8h du matin, que Lui semblait apprécier au point de bouger sa tignasse et de se rouler par terre en rythme, restait ce matin étrangement silencieuse. Assis à la table, Elle le regardait depuis un long moment, le foudroyant purement et simplement du regard. Enfin, elle se décida à parler ; Poupounet tendit l'oreille, ça semblait intéressant
« _ Alors tu la fais ?
_ Mais putain laisse moi vivre !!! je la sens pas là !!
_ Moi aussi, la plupart du temps…
_ Ah mais arrêtes !!! »
Lui était assis à son bureau, face à l'écran d'ordinateur. La tête entre les mains, yeux fermés, réfléchissant et surtout tentant de rester calme… Un boîtier de cd du dernier Deranged était posé à coté de lui, entrouvert.
_ Ecoutes, c'est ta dernière chance : si tu ne chroniques pas ce nouveau Deranged aujourd'hui, je te quitte, et j'emmène Poupounet avec moi !
_ Arrêtes de me faire rêver, je sais bien que tu le feras jamais ! Et me forces pas, tu sais bien que je n'arrives à rien sous la pression !!!
_ Avec ou sans pression et même au lit tu n'arrives à rien c'est clair !!
_ Arrêtes c'est petit ça, le dis pas trop fort j'ai la webcam branché manquerait plus que la team thrasho apprenne ça !!
_ Ben écoutes Dead m'a encore relancé ce matin par e-mail, ta chronique tarde à venir et depuis qu'il a pris le pouvoir sur ton site, je te caches pas que je le trouve beaucoup plus sexy qu'avant !!
_ J'aurais jamais du faire cette ouverture d'actionnariat de Thrasho, cette enflure m'a racheté toutes mes parts contre un simple cd de Slayer dédicacé… c'était un pressage russe mal copié, et la dédicace du livret c'était une tache de café !! Me suis bien fait enfler…
_ Faut assumer maintenant Coco, Dead c'est le patron et il exige de toi une chronique dans les temps, tu as reçu ce promo il y a 2 semaines maintenant et il n'y a toujours rien d'écrit !!
_ Franchement, mais alors franchement : tu me saoules !!! J'aurais mieux fait de me taper ta sœur, elle m'aurait moins cassé les couilles !!
_ Tu te l'est faite je te rappelle !
_ Oui mais elle était déjà morte, ça compte pas !!
_ Bon, c'est ta dernière chance : écris moi cette chronique de Deranged, ou je demande à Poupounet de pisser sur ta disco d'In Flames.
_ Bah tu peux même lui dire d'y faire autre chose, In Flames c'est à chier maintenant !! Hahaha ! Bon allez je m'y met t'as gagné…
Poupounet suivait la scène avec attention. Il avait vaguement entendu son nom être prononcé, mais ne savait pas dans quel sens, Elle croyait qu'il comprenait tout ce qu'elle lui demandait, depuis qu'Elle l'avait recueilli dans le caniveau il y a bien longtemps ; mais Poupounet n'en avait toujours fait qu'à sa tête, et cela avait toujours marché. Tiens, histoire de Lui montrer qui était le maître ici, il irait chier sur Ses cds de Christophe Maé cette nuit, ça lui ferait les pieds…
Lui avait enfin entamé sa chronique. Elle se pencha par-dessus son épaule, histoire de vérifier qu'il n'avait pas un site porno ouvert en arrière plan, et lut :
« Deranged, lui au moins, est fidèle… à ses engagements (« ca veut dire quoi ça ? tu parles de moi ? _ Mais non chérie… »)
: faire du bruit, du gras, du saignant, et laisser les plus beaux morceaux de barbac sur la table. Suédois de nationalité certes, mais surtout bien Américanisé à la Canniboule, Deranged avait bien déçu ses amateurs avec sa précédente sortie « Obscenities In B Flat », qu'on pouvait qualifier de molle (« Comme…. » « _ Je veux pas savoir !!! »),
voire même carrément décevante. Bref, c'est sans grand espoir que je m'attelais à l'écoute de ce nouvel opus. Première constatation, le style n'a pas changé, et quelque part tant mieux : blasts mono-rythmiques de Rikard, double pédale absente ou presque, hurlements gutturaux d'un énième mercenaire vocaliste, riffs doublés à l'octave au bout de deux mesures, on retrouve nos marques. Mais vite, on se rend compte aussi que Deranged a retrouvé sa flamme au travers de quelques morceaux de bravoure : la fin à 4 :32 de « Strip Nude For Your Killer » a un groove inattendu, et termine en beauté ce morceau d'autre part assez classique ; même chose pour le 1 :32 de « Gently Before She Dies ». Le « flow » du vocaliste me rappelle (attention les yeux) beaucoup celui de Chris Barnes de Six Feet Under ; sauf qu'heureusement la comparaison s'arrête là, Deranged étant beaucoup plus talentueux et rapide qu'un Six Feet Under lourdingue de ces 5 dernières années (« arrêtes moi j'adore Six Feet Under !!! la saison 2 était géniale !! » « _ Chérie ?... ta gueule »)
; donc quelque chose de moins « brutoooool » qu'auparavant, même si on reste heureusement bien ancré dans le Brutal Death. Niveau compos, le groupe a donc repris un peu du poil de la bête, avec toujours ces changements de rythmiques caractéristiques qui font leur charme, et cette adéquation batterie / guitare si bas du front, mais complètement jouissive (« jouissive…ce mot me rappelle vaguement une sensation que j'avais l'habitude de ressentir avant de te connaître… »).
Et surtout on retrouve le Deranged qui va droit à l'essentiel, pas celui qui osait mettre du piano sur un titre et ne faisait presque que du mid-tempo mollasson sur le précédent album !!! « Formula For A Murder », « Strip Nude For Your Killer » et « Body Puzzle » rappellent au bon vieux Deranged de l'album éponyme, celui qui savait y faire pour nous brutaliser les oreilles. La thématique de l'album au niveau des paroles (qui ne seront sans doute pas fournis comme d'habitude) est assez simple à capter : une rencontre entre une prostituée et un serial-killer (à prononcer avec l'accent de la « Cité de la Peur ») à Amsterdam, qui se finit dans un bain de sang, couleur du quartier concerné d'ailleurs… Sexe et gore font donc toujours bon ménage chez Deranged (« D'ailleurs si vous voulez participer à notre débat : l'auto-fellation est-elle l'avenir de l'homme ? rendez vous sur le forum…), et musicalement les Suédois reviennent enfin à leur niveau d'antan, celui de « Plainfield Cemetary » en tout cas… encore un petit effort et on retrouvera le feeling bestial de « III » et de l'éponyme !! »
Il arrêta de tapoter, et se relit lentement. Il s'aperçut alors qu'Elle n'était plus à coté de lui, sans doute dans la salle de bain en train de se remaquiller pour la douzième fois de la journée.
« _ Voilà ma chérie c'est fini !!! Je me sens mieux là, pas toi ? »
Elle sortit de la salle de bain, très courtement vetue, voire même pas vetue du tout.
« _ Tu sais que t'es très attirant quand tu te met enfin au boulot ? Viens un peu par là, j'ai bien envie que tu me chroniques…
_ Je vais te mettre une bonne note tu va voir… »
Poupounet Les vit se coller l'un à l'autre, et s'effeuiller lentement. Il bailla un bon coup, et monta prestement sur le bureau. Il était curieux de voir de plus près cet espèce de boite noire, avec des petites touches qu'Il avait utilisé toute l'après midi. Il monta dessus et s'amusa que les touches s'enfoncent sous son poids…
« _ Regardes !!!! Poupounet !!!
_ Moi aussi je t'aime, ma Poupounette !!!
_ Non mais je te parle du caniche !!! il efface ta chronique !!
_ QUOI ????? »
Le lendemain soir…
« _ Il est excellent ton rôti dis moi… tu l'achètes ou ta viande ?
_ C'est du fait maison !! »
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