Machinae Supremacy - Redeemer

En accueillant Machinae Supremacy dans ses rangs et en leur permettant de sortir leur deuxième album de manière moins confidentielle, Spinefarm m'a fait découvrir ce qui aura été ma révélation de l'année 2006, "Redeemer". Je ne saurais vous dire combien de temps il a tourné en boucle dans ma platine et encore aujourd'hui, le plaisir n'a pas baissé d'un cran. Mais 8 mois avant d'être édité par la célèbre firme finlandaise, cet album a eu une première vie sous le nom de "Redeemer Underground Edition" que le groupe a diffusé via son webshop. Pour ceux qui connaîtraient déjà la version "officielle" (ou "Retail"), cette version "Underground" n'est pas simplement à considérer comme une version démo de "Redeemer". En effet, les deux versions présentent quelques différences qui jouent tantôt en faveur de l'une, tantôt en faveur de l'autre, ce qui rend cet album tout aussi indispensable.

Mais commençons par le plus flagrant, la production. Certes, elle n'est pas comparable à la puissance et à la perfection de la version pro, mais Machinae Supremacy s'en sort finalement très bien ici : le son se révèle massif et correctement équilibré, permettant de profiter de la qualité des compositions sans aucun problème. Vient ensuite le plus alléchant, une tracklist totalement chamboulée avec 3 véritables morceaux qui ne figurent pas sur la version "Retail". Parmi ces nouveaux titres, seul "Kaori Stomp" se révèle décevant et l'on n'a aucun mal à comprendre les raisons de son éviction. Par contre, "Fury" (dans l'air de l'album) et "Empire" (étonnant dans son approche dramatique) valent vraiment le détour. Quant au reste, il n'est pas inintéressant de découvrir les premiers arrangements effectués par le groupe sur ses compositions. On notera principalement une approche plus électronique et synthétique de leur musique, peut-être moins accessible car plus déroutante au premier abord. Au final, on regrettera juste l'absence du morceau "Ghost", un des meilleurs titres du groupe selon moi.

Dans l'ensemble, comparé à leur premier album "Deus Ex Machinae" (2004), on sent que le groupe s'est beaucoup investi pour améliorer la qualité de sa musique et le résultat est sans appel (Spinefarm ne s'y est pas trompé). Si les premiers essais étaient parfois plus ou moins convaincants au niveau des refrains, de la qualité du chant et de l'équilibre entre metal et électronique, ces 60 minutes témoignent du véritable talent de ces petits suédois, un des rares groupes à ma connaissance capable de proposer une musique ultra accrocheuse, riche et originale qui ne s'essouffle pas après une dizaine d'écoutes. Certes les structures ne sortent pas de l'ordinaire et le format pourrait paraître racoleur mais les mélodies et les refrains n'ont rien de commun et possèdent cette fougue et cette fraîcheur qui fait défaut à de nombreuses formations. De plus, le groupe sait instaurer une véritable atmosphère et ce dès les premières minutes, une atmosphère froide et futuriste que l'on doit en grande partie aux sonorités du processeur SID, sans pour autant que ce dernier ne prenne le pas sur la dynamique des chansons. Car si "Redeemer" est aussi bon, c'est parce qu'il reste un album résolument metal, direct et efficace où les expérimentations ne sont là que pour servir une musique déjà exceptionnelle à la base. Un album à découvrir ou redécouvrir sans modération, en espérant un jour que leur notoriété les amène jusqu'à nous.

DONNEZ VOTRE AVIS