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Machinae Supremacy - A View from the End of the World

Chronique

Machinae Supremacy A View from the End of the World
Il y a un an presque jour pour jour, je devais être en train de changer une couche ou de donner un biberon. Il y a un an presque jour pour jour, Machinae Supremacy sortait son quatrième album. Il y a un an presque jour pour jour, j'aurais vraiment aimé découvrir le successeur du très bon "Overworld" mais je suis passé à côté. Lorsque j'ai appris l'existence de ce "A View from the End of the World" il y a quelques semaines, j'avais vraiment la HAINE, mais la grosse HAINE (en gros tavu?) de l'avoir loupé. Et après décorticage de la bête, j'avais encore plus la HAINE de constater qu'un de mes groupes favoris filait un mauvais coton. Il semblerait que la vie ait vraiment décidé de me faire chier en ce moment.

Certes, "Overworld" accusait un peu le coup face à un ">"Redeemer" quasi-parfait. Néanmoins, il apportait une évolution intéressante avec un meilleur équilibre électrique/électronique et une meilleure maîtrise du SID (Sound Interface Device, le processeur de gestion du son des Commodore 64 et 128). "A View from the End of the World" reprend la route là où Machinae Supremacy l'avait laissée, proposant un power metal à la sauce cyber, imprégné par l'univers du jeu vidéo. La formule n'a pas changée et mise toujours sur l'efficacité, des structures simples aux refrains accrocheurs en passant par ces mélodies "so-swedish" qu'on attribuerait sans hésiter à la défunte scène de Göteborg. Bien sûr, leur marque de fabrique, l'utilisation de sonorités de vieux jeux vidéo générées grâce au SID, reste au coeur de leur musique et apporte cette dimension synthétique caractéristique du son des suédois. Si sur la forme il n'y a pas de grande nouveauté, ce quatrième essai pousse tout de même leur style encore plus loin. Jamais un album de Machinae Supremacy n'a atteint un tel niveau technique : les leads et les solos fusent dans tous les sens, les guitares et les claviers se tirent la bourre en permanence, arbitrés par un Gaz au meilleur de sa forme. Le chant si spécial de ce dernier n'a d'ailleurs pas bougé d'un iota en terme de puissance et de justesse, nasillard et pourtant tellement incontournable, un vrai bonheur. "A View from the End of the World" est aussi leur production la plus aboutie en terme de rendu : grâce à un impressionnant travail sur les arrangements et à un son énorme, l'espace sonore prend une autre dimension. Calculé au millimètre, il évoque à merveille un monde froid et déshumanisé, d'une effrayante perfection. Autant vous dire qu'en terme d'ambiance, le groupe nous projette une fois de plus, très loin dans le futur et à grand coup de pied au cul.

Malheureusement, contrairement aux précédents albums, la qualité est ici très variable. La première moitié se laisse grignoter sans broncher, du titre éponyme au redoutable "Shinigami". En fermant les yeux sur le radio friendly mollasson "Persona", on tenait là une nouvelle pièce de choix dans une discographie exemplaire. Puis à partir de "Cybergenesis", c'est la descente aux enfers. Chutes de studio ou manque d'inspiration ? Toujours est-il que le groupe enchaine les compositions insipides, les riffs en carton, les refrains miteux et les fautes de goût. Même à plein régime, toutes guitares dehors, la machine se grippe et groove à sec : "Action Girl" et son break abominable à 2'35", l'affligeante pauvreté des mélodies et refrains de "Crouching Camper Hidden Sniper" et "One Day in the Universe", le mielleux "The Greatest Show on Earth", ... Dans cette seconde moitié d'album, seul l'étonnant exercice de swing "Indiscriminate Murder Is Counter-Productive" (qui vous rappellera peut-être Diablo Swing Orchestra) est à sauver, avec éventuellement "Remnant" selon votre degré d'indulgence, sans conteste la moins bonne conclusion que Machinae Supremacy ait pu faire. Pas sûr alors que vous ayez envie de vous trainer systématiquement jusqu'au bout de ces 62 minutes : personnellement, après de nombreuses écoutes acharnées, j'ai décidé de zapper.

Pour ceux qui désirent aller plus loin, cet album semble bourré de références et clins d'oeil aux mangas et aux jeux vidéo, aussi bien dans la musique que dans les paroles, mais je ne m'aventurerai pas sur cette voie, mes connaissances dans ces univers étant assez limitées. Pour ce qui est de la musique, malgré quelques excellents titres, je ne peux qu'être déçu par cet ensemble en demi-teinte. Moins prenant, moins percutant, Machinae Supremacy peine à convaincre sur la durée : "A View from the End of the World" aurait réellement gagné à être amputé de 4 ou 5 titres afin d'effacer ce sentiment de remplissage qui s'installe à partir de la piste 8. J'attendrai donc la suite avec fébrilité la prochaine fois, en espérant que ce petit accident de parcours ne soit pas leur nouvelle réalité. L'ère de la machine commencerait-elle à s'éteindre ?

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Machinae Supremacy
SID Metal
2010 - Spinefarm Records
notes
Chroniqueur : 6.5/10
Lecteurs : (3)  7.33/10
Webzines : (10)  8.15/10

plus d'infos sur
Machinae Supremacy
Machinae Supremacy
Power metal moderne - 2000 - Suède
  

vidéos
Force Feedback
Force Feedback
Machinae Supremacy

Extrait de "A View from the End of the World"
  

tracklist
01.   A View from the End of the World
02.   Force Feedback
03.   Rocket Dragon
04.   Persona
05.   Nova Prospekt
06.   World of Light
07.   Shinigami
08.   Cybergenesis
09.   Action Girl
10.   Crouching Camper Hidden Sniper
11.   Indiscriminate Murder Is Counter-Productive
12.   One Day in the Universe
13.   The Greatest Show on Earth
14.   Remnant (March of the Undead IV)

Durée : 62 min.

line up
parution
3 Novembre 2010

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