Rares sont les nouveautés qui restent 2 ans dans ma playlist sans en sortir à un seul moment. A vrai dire, sur la période 2014-2016, il n'y en a eu qu'un :
"Phantom Shadow" de Machinae Supremacy. Rafraîchissant, puissant, ingénieux, groovy, mélodique, en plus de représenter la quintessence de ce que les Suédois savent faire, cet album concentre absolument tout ce que j'aime dans le metal à l'heure actuelle. Trop occupé à me délecter de ses plaisirs infinis, son successeur m'a finalement échappé et c'est environ 1 mois plus tard que je découvre avec stupeur sa sortie. Décidément, rien ne semble arrêter nos stakhanovistes du SID metal, réglés comme des horloges sur une période de gestation de 2 ans. Cette fois-ci, le défi était de taille puisqu'il fallait enchaîner après une des oeuvres majeures de leur discographie mais visiblement le combo ne s'est pas trop posé de question.
Pour faire court, "Into the Night World" est à l'image d'un
"Rise of a Digital Nation", c'est-à-dire un album de Machinae Supremacy faisant office de transition. Pas d'expérimentation à la
"A View from the End of the World", pas de concept à la
"Phantom Shadow", ce huitième album se contente du minimum en proposant 10 titres d'un absolu classicisme inspirés de leur période post-
"Overworld" pour un durée totale ne dépassant pas les 40 minutes. Décevant ? D'un côté oui en ce qui me concerne même si je peux aisément comprendre qu'après le travail qu'a du nécessité leur précédent brûlot, le groupe ait eu envie d'accéder à un plaisir immédiat. N'attendez donc rien de neuf, cette cuvée de Noël 2016 est clairement là pour vous faire patienter jusqu'à une suite que l'on espère plus consistante.
Pour autant, n'allez pas croire que je crache dans la soupe. C'est le petit coeur du fan absolu du combo de Luleå qui parle et qui en voudrait toujours plus de la part d'une de ses formations préférées. S'il ne fait rien avancer, "Into the Night World" n'en demeure pas moins un bon album. Avec un enthousiasme communicatif, le groupe retrouve le chemin d'un power metal alternatif puissant et efficace qui n'a pas d'autre prétention que de transmettre toute son énergie. Par ses mélodies, son groove et ses incrustations d'éléments électroniques, leur musique n'a rien perdu de son charme et de sa fraîcheur, toujours guidée par un Gaz au chant dont la voix unique et nasillarde n'en finit plus de m'étonner par sa justesse. Les solos font également leur petit effet : depuis l'arrivé de Tomi en 2012, le duo de guitaristes monte en puissance et se provoque pour notre plus grand plaisir, prenant parfois même des allures de Children of Bodom. Au final, aucun titre ne sort réellement du lot ; ce sont malheureusement les pièces de moindre qualité que l'ensemble se traîne comme un boulet ("Remember Me", "Space Boat", "Stars Had to Die So That You Could Live"). En effet, après le départ tonitruant des 10 premières minutes, l'album s’essouffle un peu en son milieu pour regagner en densité à partir de "Beast Engine". C'est peut-être cette absence de titre fort qui le pénalise le plus d’ailleurs, ne nous donnant pas spécialement de raison d'y revenir.
Gueule de bois de l'après
"Phantom Shadow" ou réelle baisse de régime, je ne saurais dire. Outre le brin de folie, je trouve personnellement qu'il manque surtout à ce nouvel album un soupçon de passion qui n'avait jamais fait défaut jusqu'à présent. Je n'ai pas spécialement ressenti cette flamme qui animait chacune de leurs précédentes productions, comme si les Suédois s'étaient mis en pilotage automatique. Je ne doute pas cependant que ce "Into the Night World" puisse rallier de nouveaux adeptes car il demeure unique dans l'absolu comme tout oeuvre du groupe ; c'est juste un peu léger pour les convertis.
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