Futur ex terreur du circuit thrash, ANNIHILATOR, qui a signé deux chef d'oeuvres et un bon petit album au cours de ses quatre premières années de carrière, s'est donc joyeusement sabordé en évoluant sous la forme d'un one man band, puis en proposant un matériel heavy rock (voire expérimental sur
« Remains ») à des années lumières de ce que ses fans attendaient. Un hiatus de cinq ans qui, couplé à la crise identitaire du metal, du vrai (tour a tour débordé par le grunge, l'indus et le néo), a suffi à rejeter dans l'ombre le combo d'Ottawa. Un suicide commercial et une dépression nerveuse plus tard, Jeff Waters, paraît-il regonflé à bloc après un show de SLAYER (loués soient Araya et les siens), décide de lancer l'opération revenants en rappelant ses anciens partenaires les plus significatifs. Mais au petit jeu de la reformation, car c'est bien de cela qu'il s'agit, fortunes diverses : pour un Ray Hartmann (batteur tout en feeling présent sur
« Alice In Hell »,
« Never, Neverland » et simple pigiste sur
« Set The World On Fire ») et un Dave Scott Davis présent à la deuxième guitare contre vents et marées, deux absents de marque ; Wayne Darley tout d'abord (qui a décliné la proposition pour raisons de santé), jadis aussi efficace comme bassiste que pour rabattre les groupies dans les quartiers du patron ; Coburn Pharr ensuite, reconverti en chauffeur de taxi mais qui reste le meilleur chanteur que le groupe n'a jamais connu, et dieu sait qu'ils furent nombreux. En guise de cerise, on a donc droit au come back de ... Randy Rampage, un choix qui peut paraître logique mais qui au final, fait presque regretter que Waters n'ait pas continué à sévir. Le nouveau venu Russell Bergquist à la basse, le parolier John Bates (pour ceux qui feuillettent encore les livrets) et un retour dans le giron Roadrunner complètent le tableau.
Sortie du chapeau par Waters, cette vieille sorcière de Randy est loin d'être aussi efficace derrière le micro que notre lapin national aux commandes d'une chronique de bazar metal. Absent des débats, Rampage traverse ce skeud comme l'ombre du chanteur agressif qu'il fut sur le classique
« Alice In Hell » et ne tardera pas à (re)prendre la porte durant la tournée qui suivra la sortie d'un « Criteria For A Black Widow » loin de tenir toutes ses promesses. Mais voyons le positif. Le bon côté de la chose, aussi inachevée soit-elle, c'est ce retour au thrash débridé de la première heure qui donne à l'album ses meilleurs extraits, « Bloodbath » en tête. Une entrée en matière fracassante, à mi chemin entre EXODUS et SLAYER, qui donne le ton de ce qu'aurait dû être « Criteria » : un album sombre et violent, traversé d'éclairs mélodiques dont seul Jeff Waters semble avoir le secret. Le solo, fantastique, laisse augurer un grand cru en la matière mais dès le deuxième titre, le niveau baisse de plusieurs crans. « Back To The Palace » ? Ah ! (prononcez cette exclamation à l'allemande, comme Jeremy Irons dans DIE HARD III) Ce n'est pas cet essai thrash bien trop commun qui ralliera les chevilles d'un « The Fun Palace » entré depuis au panthéon des plus grands morceaux de tous les temps. M'enfin ça thrashe gentiment, le rythme est enlevé et Jeff, qui vient de s'apercevoir que Randy n'avait plus de voix, balance du chant clair à intervalles réguliers pour sauver ce qui peut l'être. Dans le même ordre d'idée, signalons un « Nothing Left » assez redoutable dans le rôle du coupe jarret de service qui, avec ses accélérations meurtrières et ses riffs à double tranchant, remplit parfaitement sa fonction de morceau rapide vengeur. Le reste du contenu ? Bien pauvre en vérité, que ce soit un title track à l'insigne faiblesse, un instrumental cache misère (« Mending ») à la fin d'un programme qui tient plus du remplissage de dernière minute (« Loving The Sinner » et « Double Dare », nullissimes) que d'une déclaration d'amour au genre thrash, même si « Schizos (Are Never Alone) Part III » fait gentiment illusion aux trois premières écoutes. En raclant les fonds de tiroir, notre canadien préféré (avec Devin bien sûr) a même exhumé « Powerdrain » qu'il a remis au goût du jour sous le doux sobriquet de « Sonic Homicide ». Le résultat, s'il n'incite pas particulièrement à occire les hérissons de jeux vidéos, est plutôt exaltant, quoique desservi par l'effet calamiteux appliqué au chant d'un Randy Rampage qui, vraiment, n'avait pas besoin de ça. Sans doute pas complètement remis de ses années d'errance, Jeff Waters n'avait probablement pas les moyens de sortir un grand album, tout juste un bon E.P. Qu'à cela ne tienne, le véritable come back adviendra deux ans plus tard avec l'arrivée de Joe Comeau (ex-OVERKILL) et la sortie de l'excellent
« Carnival Diablos ».
2 COMMENTAIRE(S)
28/01/2009 14:06
28/01/2009 12:53
Ouarf, j'avais pas vu !
Ca me fait penser que ta chro me déçoit: j'avais gardé dans un coin de tête l'idée que cet album était bon et qu'il me faudrait l'acheter un de ces jours ... Mais là douche froide du coup !