Faisant suite à deux albums guère folichons qui tenaient plus de l'essai solo que d'un véritable effort de groupe, "Remains" est un skeud clairement identifiable dans la carrière de ANNIHILATOR. Vous pensiez que Jeff Waters, après avoir fait le vide autour de lui en s'accaparant guitares, basse et chant reprendrait ses esprits en recrutant de nouveaux comparses ? C'était compter sans le dernier fusible restant, le batteur Randy Black (que l'on retrouvera plus tard sur
"Waking The Fury" et le
"Double Live Annihilation"), éjecté ici au profit d'une vulgaire boite à rythme. Oui. Tout à fait. Vous avez bien lu, une BAR dans ANNIHILATOR. L'insaisissable canadien, qui à cet instant ne jure plus que par PRODIGY, le metal tecnoïde de ROB ZOMBIE et ne veux avoir affaire qu'à lui même, a décidé de se mettre à l'indus !
Les fans du one man band ont tout intérêt à avoir la fibre electro pour apprécier ce "Remains" aux allures de déroute, surtout aux yeux de ceux qui espèrent (les fous!) un retour au heavy thrash technique de la première heure. Les artifices dont use Jeff Waters pour sacrifier sa machine de guerre sur l'autel du modernisme (voix disto, breakbeat, samples) surprendront peut être les intégristes du thrash mais pour les autres, plus open BAR, qui pratiquent le même dancefloor que KMFDM ou DIE KRUPPS, la ballade martiale peut valoir un (léger) détour. L'absence d'un vrai chanteur n'est ici guère préjudiciable, dans la mesure ou on ne perd pas grand chose à entendre Waters s'exprimer derrière un crachin aux allures de cache misère. Maladroit sur les lourdingues "Sexecution" et "No Love", bien trop mal branlées, Jeff Waters est bien plus à son aise lorsque la rythmique se raidit sur le marteau pilon "Never" (où l'influence de ROB ZOMBIE est palpable dans les samples, très Tales From The Crypt) ou sur "Murder", un opening track dévastateur réintégré (à raison) dans la setlist du groupe depuis 2002. Passons sur "Human Remains", banal bourrinage sans aucune finesse où Waters s'amuse à pousser la distortion dans ses derniers retranchements (il a récidivé depuis sur
"Waking The Fury", le cochon), pour aborder la deuxième partie, la plus solide, d'un album essentiellement victime d'un agencement de titres calamiteux et des sautes d'humeur de son principal maître artisan.
Car d'un thrash groovy aux sonorités artificielles ("Dead Wrong", une des meilleures incursions en territoire ultra heavy beat), on passe sans transition à une ballade pour une fois pas trop mièvre, "Wind", dont les atours heavy rock rappelent furieusement l'album
"King Of The Kill". Incongru dans un programme combinant restes thrash et sonorités industrielles ? Ce n'est rien à côté de "Trick And Traps" un petit bijou de thrash mélodique en forme de chant du cygne, aux leads joueuses et aux riffs intenables, qui renoue avec un ANNIHILATOR que l'on pensait disparu à jamais. Preuve que quand on veut on peut, et Jeff Waters reviendra à ses chères amours dès l'album suivant,
"Criteria For A Black Widow", non sans avoir sombré dans une profonde dépression. Un juste retour des choses après nous avoir infligé ce pitoyable instrumental ambiant qu'est "Bastiage" (au riff central calqué sur NAILBOMB) en fin de programme ? On n'ira pas jusque là, d'autant que ce "Remains" en forme de point de non retour précipitera, non pas la chute – difficile de tomber plus bas en terme d'orientation de carrière – mais un retour aux affaires thrash réclamé à corps et à cri par une fan base complètement déboussolée par ces va et vient stylistiques.
2 COMMENTAIRE(S)
21/11/2008 12:35
21/11/2008 12:01
On a ici affaire à un album assez atypique, avec des riffs "dansants", très syncopés et technoide, et à un Jeff Waters qui s'est rasé la boule (trahison !) et qui assure l'intégralité du bousin. Il était à l'époque assez influencé par les goûts musicaux de sa future ex-femme.
J'aime bien me le ressortir de temps en temps mais c'est clair que c'est pas l'album du siècle.