La colère est mauvaise conseillère. Pour nous autres chroniqueurs, en premier lieu, il est souvent préférable de repousser aux calendes Grecques l’analyse d’un skeud décevant plutôt que de monter une basse expédition punitive. Période de confinement oblige, « Ballistic Sadistic » a échappé au pire et pour tout dire, ce n’est sans doute pas plus mal. S’il m’est arrivé d’avoir la dent (très) dure envers certains groupes que j’adule, il y a toujours une grosse marge entre le fantasme du fan que je suis (allez Jeff, ressort nous un album du calibre de
« Never, Neverland ! ») et la réalité du moment, qui donne l’impression que Jeff Waters s’adonne à un dangereux cavalier seul.
Pourtant largement secondé par Fabio Alessandrini durant le processus de composition, l’homme à tout faire du thrash recycle ici ses meilleurs plans en plaçant le curseur sur la prouesse technique. Ceux qui suivent la carrière du bonhomme depuis
« Alice In Hell » pourront donc s’amuser à répertorier les nombreuses œillades aux compositions passées (« Lip Service », petite sœur de « Knight Jumps Queen », de nombreux passages de « Brain Dance » éparpillés aux quatre vents, « One Wrong Move » dans la droite lignée de « No Way Out ») et apprécieront sans doute la dynamique punchy d’un album tourné vers l’offensive. Les amateurs occasionnels, auquel ce 17ème album semble plus destiné, pourront également se laisser séduire par dix compositions assez efficaces (à défaut d’être originales) où l’on retrouve le heavy/thrash véloce typique du groupe, almanach de gros riffs illustré par de nombreux solis à la limite de l’injouable. Pas peu fier de son dernier rejeton, Jeff Waters va même jusqu’à hisser « Ballistic Sadistic » sur le podium des 10 derniers albums du groupe !
Et c’est là que je reste en complet décalage au niveau de mon ressenti, cette nouvelle livraison étant la plus impersonnelle qui soit pour qui pratique un tant soit peu ANNIHILATOR. Sans forcément remonter à la chute du mur de Berlin
(« Alice In Hell », ça date !), il suffit de réécouter le très bon
« For The Demented » pour voir la différence. Si Jeff Waters reconnaît volontiers ne pas être un grand chanteur, à force de travail, il était parvenu à faire de belles choses, que ce soit en termes de mélodie ou d’agressivité. Las, le sentiment d’une brutale régression prédomine ici, « Sadistic Ballistic » étant dépourvu du moindre refrain fédérateur ("Psycho Ward" passe encore). A trop vouloir jouer la carte de l’épate, Jeff Waters délaisse la composante émotionnelle, pourtant indissociable des plus grandes réussites du combo d’Ottawa, délocalisé depuis peu à Durham, Angleterre. Rouleau compresseur à sens unique dont il est bien difficile d’extraire du positif, « Ballistic Sadistic » pourra donc, au mieux, servir de porte d’entrée aux non spécialistes, la discographie du groupe recelant quelques pépites heavy trash bien plus significatives.
7 COMMENTAIRE(S)
17/06/2020 18:27
17/06/2020 13:50
Oups, autant pour moi !
17/06/2020 13:35
Les derniers albums sont musicalement bien tièdes, et visuellement les covers sont beaufs au possible - le pompon étant atteint avec cette cover en mode "oh la la la maniac aux gros eins, allez vous-en femelle".
Ceci étant dit, l'album est juste "bof", comme depuis Feast. Sûr qu'en comparaison des années 2000 et les tentatives douteuses de Waters, c'est pas dégueu, mais ça reste bien loin des "Alice in Hell" et "Never,Neverland" qui, non contents d'êtres bien techniques et jamais plonger dans la facilité, se permettent d'avoir un style spécifique et une efficacité redoutable.
Y a bien "Kill the King" qui reste bondissant, délaissant l'aspect Thrash pour un Heavy direct mais énergique. Du reste, ce groupe, c'est, je trouve, des actes manqués, des tirs à côté.
17/06/2020 12:42
Comme quoi, tout arrive !
17/06/2020 11:32
16/06/2020 18:21
16/06/2020 15:42