Déjà aux trois quarts renouvelé sur l'album précédent (Set The World On Fire - 1993), le line-up d'ANNIHILATOR explose définitivement avec ce quatrième album studio. Après avoir dégagé tout le monde, des fidèles de la première heure (Ray Hartmann, Wayne Darley) au dernier chanteur en date (Aaron Randall), Jeff Waters se lance dans un cavalier seul qui durera jusqu'à la sortie de
"Remains" en 1997. Une rupture dans la carrière du combo canadien, marquée par la fin du deal avec Roadrunner et par un changement de cap stylistique assez significatif des nouvelles aspirations de son insaisissable frontman.
Pourtant, rien dans la pochette ne laisse deviner une nouvelle orientation musicale ; le logo est toujours le même, l'artwork est en filiation directe avec les deux premiers (et meilleurs) albums ... jusqu'au titre, assez agressif, qui suggère un retour aux affaires thrash et la mise au placard du heavy formaté de
"Set The World On Fire". Mais l'entrée en matière, peu convaincante, d'un "The Box" au tempo lourd et martial, met fin au rêve de retrouver le ANNIHILATOR flamboyant du début de carrière. Même si le rythme s'emballe avec un title track véloce et bien charpenté, "King Of The Kill" fraye le chemin d'un heavy rock mélodique carré et basique, à des années lumières de la sophistication des "Schizos Are Never Alone", "Alison Hell" et autres "The Fun Palace". Secondé par le seul Randy Black (batteur de PRIMAL FEAR qu'on retrouvera sur
"Refresh The Demon",
"Waking The Fury" puis sur le
"Double Live Annihilation"), Jeff Waters gère tout de front et s'empare pour l'occasion de la basse et du micro. Si la qualité globale de composition reste très au dessus de la moyenne, on ne peut que regretter le manque de puissance du chant de Waters, qui sent fort le choix par défaut. Là où un bon vocaliste aurait sans doute bonifié les meilleurs titres de l'album, le registre limité de Jeff gêne le décollage des excellents "Hell Is A War" et "Second To None", ce dernier étant d'ailleurs ce qu'on trouve de plus proche du ANNIHILATOR rapide et joueur des débuts. Mention très bien également pour l'entraînante
"Annihilator", dont le riff central groovy est une petite merveille du genre. Très mélodique, l'instrumentale "Catch The Wind" oriente l'auditeur vers un final rock n' roll que la vitesse d'exécution de "Speed" ne parvient pas à masquer. Il faudra s'y faire, à l'heure ou MACHINE HEAD joue les terreurs avec son génial "Burn My Eyes", ANNIHILATOR calme le jeu au delà du raisonnable avec une ballade dispensable ("In The Blood") qui, malheureusement, en appellera d'autres.
En sortant un album honorable mais très loin de ce que les fans attendaient à pareille époque, ANNIHILATOR a sans doute raté un virage important, lui coûtant une fin de carrière plus glorieuse. Le thrasher désemparé se sera depuis consolé avec les plus traditionnels
"Carnival Diablos" et
"Schizo Deluxe", deux albums plus conformes au statut thrash de la machine à riff canadienne. Pour ceux qu'une ballade en terre heavy rock ne rebuterait pas, "King Of The Kill" reste très fréquentable, mais mieux vaut appréhender le tout sous l'angle carrière solo, c'est encore le meilleur moyen d'apprécier l'album à sa juste valeur.
3 COMMENTAIRE(S)
06/05/2008 17:31
Quelques bons morceaux mais les gimmicks de Jeff Waters commencent à agacer, les morceaux plus rock / AC/DC ne collent pas.
"Set The World On Fire" était plus léger que "Never Neverland" mais on retrouvait la classe qui caractérise Annihilator.
Cet album, je l'avais acheté tout ému le jour de sa sortie, je l'ai revendu au bout de quelques mois.
On est bien d'accord. Perso j'avais pas revendu le mien, mais j'ai lâché le groupe pendant au moins 5 ans !
05/05/2008 16:31
Quelques bons morceaux mais les gimmicks de Jeff Waters commencent à agacer, les morceaux plus rock / AC/DC ne collent pas.
"Set The World On Fire" était plus léger que "Never Neverland" mais on retrouvait la classe qui caractérise Annihilator.
Cet album, je l'avais acheté tout ému le jour de sa sortie, je l'ai revendu au bout de quelques mois.
05/05/2008 12:15