Au même titre que la compilation éponyme qui marquait la fin de parcours des suisses de CORONER, « Wake Up And Smell The ... Carcass » mérite d'être considéré comme un album à part entière, et peut être plus encore que « Coroner » eut égard à la qualité/rareté des titres réunis sous la bannière ensanglantée du label Earache. Exauçant les voeux d'un Jeff Walker totalement désabusé lors de la campagne de promotion du mort né
« Swansong », la légendaire écurie anglaise ramasse les restes de son poulain promis à l'équarrissage par Sony : outre une exhumation en règle de vieilleries uniquement disponibles sur d'obscures compilations d'époque, le gros morceau de « Wake Up And Smell » réside dans la présence de cinq inédits provenant des sessions d'enregistrement de
« Swansong ». Chutes de studio? L'expression revêt ici un caractère presque insultant car au moins quatre d'entre eux (« I Told You So (Corporate Rock Really Does Suck) » est en deçà du reste) tiennent la trachée haute aux douze extraits constituant le chant du cygne d'un des rares groupes à avoir une carrière sans taches. Et pourtant, ce n'est pas faute d'avoir mis la main à la rate sur les gorissimes
« Reek Of Putrefaction » et
« Symphonies Of Sickness »!
Les « Edge Of Darkness », « Blood Spattered Banner », « Emotional Flatline » et autres « Ever Increasing Circles » n'ont donc rien à envier à leur devancières et surpassent en qualité pure des titres un peu légers comme « Generation Hexed », « R**k The Vote » ou « Keep On Rotting In The Free World ». La recette, identique, consiste donc à placardiser blasts et tempos rapides ayant largement nourri le genre death mélodique au profit d'une bonne dose de
That Seventies Song(Bill Steer ne jurait que par LED ZEPPELIN à l'époque et formera par la suite le groupe de speed rock FIREBIRD), les râles inimitables de Jeff Walker et la patte riffesque de Bill Steer rattachant ce CARCASS plus apaisé aux anciennes productions. Une mention particulière à ceux, très entraînants, de « Emotional Flatline » ou le sensationnel Ken Owen règne en maître (alternance jouissive de tambourin et de double pédale) et aux riffs syncopés, affutés avec amour, de l'excellente « Ever Increasing Circles » (avec une merveille d'arpège à 2:07 entre deux leads groovy à souhait). Dans une veine similaire mais plus brutale, on trouve deux extraits issus de l'EP
« Heartwork » qui eux aussi donnent dans le mid tempo à tendance rock n' roll ; plus massives et croustillantes et forcément plus jouissives pour les aficionados d'
« Heartwork » qui reste inégalable à mes yeux. Une « This Is Your Life » efficace donc (la prod monstrueuse de l'ami Colin suffit à faire frémir le bâtonnet) mais surtout l'hymne « Rot n' Roll », un irrésistible appel au headbanging dont on se demande encore comment il a pu être écarté au moment d'établir la tracklist. Moins affriolantes mais inédites toutefois, les effluves live de quatre titres enregistrés lors du
Radio 1 Rock Show Session (BBC) qui voient le groupe enchaîner le début de « Rupture In Purulence » avec la plus radio friendly « No Love Lost ». Plaisant, mais un peu anecdotique.
Mais, me direz vous, et le gras dans tout ça? Car CARCASS ne serait plus CARCASS si « Wake Up And Smell » avait fait l'impasse sur les abominations death/grind qui ont fait sa renommée et c'est avec un plaisir non dissimulé que l'on trouve deux extraits de la compilation « Pathological » (1989) où le groupe offre une suite malsaine et pesante à « Genital Grinder » avant de faire péter du cartilage sur la grassouillette « Hepatic Tissue Fermentation » (remise au goût du jour avec Michael Amott sur l'EP « Tools Of The Trade ») ou le temps d'une version purulente de « Exhume To Consume ». Du CARCASS première heure, toutes sécrétions gutturales et émanations abdominales dehors, qui sert encore et toujours de mètre étalon pour une cause gore-grind dont il est le génital grinder. Plus tranchants et maîtrisés enfin (Michael Amott oblige), les trois extraits de « Tools Of The Trade », qui introduisent un CARCASS toujours assez direct mais dont les véléités mélodiques et la mue walkerienne annoncent les changements à venir sur le plus progressif « Necroticism – Descanting The Insalubrious ». Soit au final une bonne heure et quart de bonus material de qualité supérieure, assorti d'un historique assez complet du groupe et de sympathiques photos dans le livret. Indispensable pour les fans du combo anglais, il va sans dire.
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo