Månegarm - Dödsfärd
Chronique
Månegarm Dödsfärd
Quand je souhaite me séparer de CDs, je préfère généralement les vendre. Parce que l'autre alternative, consistant à faire un échange (= trade) est souvent source de déceptions, aussi bien pour celui qui veut désespérément fourguer sa daube achetée 3 francs 6 sous dans un bac d'occasion à Gibert (vous savez, ceux qui sont dans les boites en bois à même le sol, en 5 à 6 exemplaires) et se voit systématiquement refuser ses propositions, que l'autre qui accepte de prendre un risque en acceptant un album d'un groupe inconnu, caressant l'espoir un peu naïf d'y trouver une perle rare. Autant vous dire que lorsqu'on m'a proposé le « Dödsfärd » de Månegarm en échange de mon « Purification Through Violence », je me suis au préalable renseigné sur le Net. Les critiques semblant bonnes, le deal fut finalisé (merci Tetanos, trader de confiance au passage) et je pus m'adonner à la découverte de cet album.
Cette petite introduction pour arriver quelques mois plus tard à poser un bon gros 9 à cet album, c'est que l'affaire en valait visiblement la peine ! En effet, bien qu'espérant sincèrement que mon interlocuteur a trouvé lui aussi rangers à son pied avec ce vieux Dying Fetus qu'il a récupéré, j'ai pour ma part pris un pied d'enfer à découvrir, analyser, décortiquer, ce « Dödsfärd » et en conclure qu'il méritait vraiment sa place dans nos colonnes.
Månegarm, outre le fait de nécessiter l'utilisation fréquente des caractères spéciaux pour son nom et ses albums, s'assimile au courant Viking Metal suédois que l'on a déjà évoqué sur Thrasho, fort de nos éloges associées à Moonsorrow, Thyrfing, le précurseur Bathory.. Mikael avait d'ailleurs déjà évoqué ce groupe via un album plus récent. C'est malgré tout sans idées préconçues que j'ai abordé l'écoute de ce « Dödsfärd », moi qui apprécie de plus en plus cette branche précise de notre sous culture bien aimée. Première évidence, et pas des plus malheureuses, c'est un album essentiellement basé sur les guitares que l'on découvre ici : point d'abus de synthétiseur, comme cela arrive encore souvent dans ce style, ici la 6 cordes est reine. Du « Back to the Basics » en quelque sorte, comme l'énonçait si bien Clawfinger. A noter quand même l'intervention ponctuelle d'un violoniste, animant quelques mélodies sous forme de lead (« Agirs Vrede »).
Qui dit album à guitares dit à la fois riffs et mélodies : et c'est ici que je peux tomber avec plaisir dans le dithyrambisme le plus subjectif qui soit, car j'ai résolu au sujet de cet album une équation particulièrement complexe :
Un titre de « Dödsfärd » = une mélodie qui tue + (X riffs qui buttent)
Rappelez vous, nos musiciens sont Suédois. Pas étonnant donc de retrouver ici une partie du talent qui a fait l'heure de gloire de cette contrée réputée pour son expertise dans le domaine de la petite ritournelle qui accroche ! Attention, n'en venez pas à penser pas que Månegarm soit un énième clone de la vague melodeath, car le groupe garde les pieds bien ancrés dans le domaine pagan / viking : les titres sont mélodiques certes, mais l'essence même des compositions est un melting pot de riffs puisant leur source dans le thrash, le heavy ou le black. La déconcertante facilité avec laquelle Månegarm semble d'ailleurs puiser dans ces différents répertoires, en sonnant à la fois familier et neuf, est remarquable. La concision des morceaux (pas plus de 3 mn en moyenne) n'empêche aucunement le groupe d'aligner au sein d'un seul et même titre énergie thrash (le démarrage de « Pagan War » qui ne ferait pas tache sur un album de Necrophobic) et cassure de rythme pour un peu plus de mélodie (« Ravenous » et « Vrede » en sont de bons exemples, avec pour ce dernier en prime un « solo » de violon diablement jouissif) ; tout en durcissant dès que nécessaire le propos en dégainant quelques blasts de bonne facture (« Dödsfärd », « Vrede »), même si ce sont essentiellement les mid-tempos, délicatement soutenus par une massive double pédale, qui ont la faveur du combo. L'énergie est omniprésente de bout en bout, mais pour ménager toutes les sensibilités Månegarm se fend en fin de parcours du très mélodique « Ursjalens Visdom », qui du haut de ses 5 minutes permet une décrue en douceur de ce mælstrom d'émotions fortes..
Vocalement, Erik Grawsiö, également batteur du groupe, a un timbre de voix hurlé classique, dans les standards habituels du genre ; passage obligé il aligne aussi ici et là un chant clair toujours couillu mais plus délicat, avec cependant plus ou moins de justesse. En tout il a l'air convaincu de ce qu'il prêche, tantôt en Suédois tantôt en Anglais (le Suédois passe exceptionnellement bien en l'occurrence, cf. « Hels Vite »). Ce n'est pas non plus ici que je vais trouver quoi que ce soit de négatif à en redire !
Vous tenez là un album rare : « Dödsfärd » ne faillit pas une seule minute, et sa courte durée (32 minutes) est je trouve encore un atout supplémentaire, car là ou d'autres groupes proposent 25 mn de plaisir sur une heure d'écoute, Månegarm vous propose un plaisir auditif complet sur la même période si vous appuyez sur « Replay » une fois la première session achevée ! En plus d'être d'une qualité exemplaire, l'album est particulièrement accessible, aidé en cela par cet équilibre parfait entre agressivité et mélodies. Gros, gros coup de cœur vous l'aurez compris, et bien que je n'ai aucune idée à ce jour de ce Månegarm a pu proposer avant et après celui-ci, nul doute que vous entendrez encore prochainement parler d'eux…
| Chri$ 7 Mars 2010 - 2500 lectures |
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