De la neige au dehors? CHECK.
Une pleine chope de grog à proximité? CHECK
Un casque à cornes (souvenirs de cet été au parc Astérix) en plastique? CHECK
Te voilà fin prêt à presser d'un doigt viril le bouton "Play" de ton lecteur audio ou assimilé, et partir dans le Grand Nord, aux rythmes des 6 chansons de "Kivenkantaja" ("Porteur de Pierre") de Moonsorrow. Situons dès maintenant cet album par rapport à la discographie du groupe: venant à la suite des déjà excellents
"Suden Uni" (très joliment chroniqué par mon confrère Surt) et
"Voimasta Ja Kunniasta" (moins pagan, plus viking, à l'image de la pochette), "Kivenkantaja" est un tournant dans la carrière des Finlandais. En effet, là ou ses prédécesseurs étaient géniaux, mais somme toute assez classique dans le genre, avec leurs mélodies entraînantes au clavier, les schémas couplets / refrains complètement dynamités au profit de titres bien longs construits en tiroirs, et une énergie certaine dans l'exécution, "Kivenkantaja" est un album beaucoup plus posé (seul album de Moonsorrow sans au moins un blast beat), plus atmosphérique aussi (le clavier est omniprésent); et il s'appréhende à mon sens pour la première fois (mais certainement pas la dernière) comme un concept album, à savourer d'un bloc, ce que Moonsorrow ne cessera ensuite d'affirmer avec "Verisäkeet" et "V: Hävitetty".
"Kivenkantaja", c'est un peu l'album hippie du Viking Metal : de la zen attitude à en crever, de la guitare acoustique, du chant clair en pagaille, on se croirait au festival Woodstock relocalisé dans les profondes forêts Finlandaises. Ok j'exagère beaucoup, mais le Moonsorrow que je connaissais avant d'écouter "Kivenkantaja" m'avait toujours paru être sauvage et conquérant, avec la touffe de cheveux hirsutes qui va bien et le couteau entre les dents. Avec "Kivenkantaja" (il faut béatifier le mec qui a inventé le copier / coller chez Microsoft), ce sont 53 minutes de (quasi) calme et volupté qui au contraire s'offrent à l'auditeur : en guise de mise en bouche, « Raunioilla » est un long fleuve tranquille de chœurs masculins, de nappes de claviers, progressivement amenés vers un final explosif. Epique, c'est le mot. Et au-delà de ses 13 minutes, ce premier titre pose définitivement l'ambiance pour le reste de l'album : riche, dense et suprêmement cohérent du début à la fin.
« Unohduksen Lapsi » me fait d'office mentir en instaurant un retour marqué de la double pédale et du chant black, bien que les chœurs guerriers reprennent bien vite le dessus, chevauchant des hordes de synthétiseurs armés de guitares acoustiques. Disons que l'ensemble passe d'un démarrage très heavy avant de s'aligner sur ce que proposait « Raunioilla » ; avec un refrain tout simplement angélique, aérien, somptueux… qui revient à intervalles réguliers magnifier ce second titre (si les 8 minutes vous paraissent un peu longues pour le distinguer, prenez l'avant dernière minute et savourez).
Sans faire l'inventaire des titres restants, on retiendra que les amateurs de « Humpa Metal » n'ont pas été oublié pour autant par Moonsorrow (qui sans en faire sa marque de fabrique a toujours proposé quelques passages du genre par le passé) : au milieu de cet album extrêmement épique et dense se trouve en effet une savoureuse et longue partie instrumentale, en ouverture de « Tuulen tytär / Soturin tie », ou le clavier de Trollhorn donne envie de danser la gigue du démon jusqu'au petit matin (rappelons que le même Trollhorn officie également chez Finntroll, ceci expliquant cela). Mais ce n'est qu'un détail, l'objectif (atteint) de Moonsorrow étant ici principalement de nous abreuver de moments majestueux, à l'image du final épique de « Jumalten Kaupunki Incl. Tuhatvuotinen Perintu », qui réussit l'exploit de ne pas être pompeux une seconde, malgré plus de 5 minutes instrumentales uniquement animés par des instruments traditionnels et le quatuor batterie / basse / clavier / guitare habituel.
Moonsorrow réalise donc encore une fois un sans faute, et je ne sais pas si vous verrez un jour une note en dessous de « Très bon » chez nous les concernant. "Kivenkantaja" est un joyau à part de la discographie du groupe, plus digeste que ce qui suivra (car à partir de "Verisäkeet" prévoyez d'être entièrement dédié à votre écoute pour espérer suivre!), et beaucoup plus voluptueux et atmosphérique que par le passé. A savourer cet hiver, ou l'hiver prochain, mais à savourer durant la saison adéquate !!
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