On pourrait croire qu'il n'y a pas plus facile à chroniquer qu'un album de deathcore (et c'est parfois le cas il est vrai) mais pourtant... Pourtant ce troisième album de Whitechapel tourne depuis des semaines dans mon lecteur et j'ai eu bien du mal à coucher sur papier les sentiments changeants et contradictoires ressentis à son écoute.
Les premiers contacts avec « A New Era Of Corruption » ne me laissèrent en effet pas une sensation impérissable; ne retrouvant que peu de choses auxquelles réellement m'accrocher, l'album m'a tout d'abord semblé d'une insipidité décevante. On avançait pourtant clairement en terrain connu avec un album qui ne marquait que très peu de différence avec son ainé
« This Is Exile »: Whitechapel continuait de pratiquer son deathcore assez brutal plombé de la grosse voix toujours aussi virile de Phil Bozeman (qui me fait de plus en plus penser à Vincent Bennett... avec probablement plus de retouche studio, il faut l'avouer) et de riffs à la fois lourds et véloces, moshparts inévitables de rigueur le tout dans une production totalement surfaite et impersonnelle de Jason Suecof (grosses guitares ultra-saturées et désaccordées, batterie triggée comme il se doit, on n'attendait pas autre chose)... Bref jusque là aucune surprise. Et c'est probablement cet aspect assez convenu qui m'a initialement amené à penser que ce troisième album des Américains allait probablement être celui qui scellerait notre désunion. S'il est vrai que j'avais apprécié les deux précédents efforts, notamment le très bon « The Somatic Defilement », on sait malgré tout comme ce genre peut être très rapidement ennuyeux, et à part regarder en entier un épisode de
Plus belle la vie il n'y a pas grand chose de pire que d'écouter un mauvais album de deathcore (
pléonasme! Criera Von Yaourt). Finalement seuls certains titres sortaient du lot tels que la très
despisienne « Breeding violence », « The darkest day of man », « Reprogrammed to hate » ou encore le titre de clôture « Single file to dehumanization », donnant à « A New Era Of Corruption » un aspect inégal assez suprenant dans un style où les albums assez souvent revêtent un côté monolithique, et Whitechapel n'échappait pas à la règle.
Bref alors que le désappointement semblait se renforcer, le temps allait jouer en sa faveur puisque cet album a finalement su dévoiler ses charmes, il est vrai, plus latents qu'à l'accoutumée. Comme son aîné il est parcouru de mélodies qui finiront par vous tourner en tête toute la journée (« Devolver », « End of flesh », « Single file to dehumanization »), de même les quelques leads qui parsèment l'album sans jouer aucunement la carte de la technique permettent d'améliorer la finition de titres qui se révéleront au fur et à mesure beaucoup mieux ficelés qu'il n'y paraît de prime abord. Le travail de composition, bien que tout à fait entendu, permet de préserver l'attention par de nombreuses cassures rythmiques, les titres alternant allègrement blasts/mid-tempo/up-tempo/mosh parts. Ces dernières, outre quelques-unes dénuées d'intérêt (« Single file to dehumanization » à 3'00 par exemple), arrivent même à tirer leur épingle du jeu principalement en raison des leads/mélodies ou harmoniques qui bien souvent les doublent (« Devolver » à 1'41, « A future corrupt » à 1'59).
Mais en dehors de ces parties qu'on s'attend sans surprise à retrouver sur un album de deathcore, Whitechapel parvient à pondre des choses intéressantes comme le passage sus-cité de « Devolver », ce gimmick à 1'05 sur « Breeding violence », le début thrash-death de « A future corrupt » ou encore ce passage mid-tempo à 2'08 sur « Reprogrammed to hate » et l'''avant fin'' à partir de 2'49. Toutes ces petites choses ont fini par faire en sorte que ce qui s'annonçait au départ comme un bon gros
« bof » a fini par se transformer en un
« pas si mal ».
Il n'y a pour autant pas de quoi sauter au plafond, cet album est bien sûr à réserver avant tout aux fans du style; cependant Whitechapel confirme avec « A New Era Of Corruption » qu'il entend bien rester l'un des leaders de cette scène ''myspace deathcore'' et reléguer, avec cet étalage de gros muscles et l'expérience acquise depuis quatre ans maintenant, le reste de la meute loin derrière. Ce sera probablement le cas, seulement s'ils veulent prétendre continuer à susciter l'intérêt des deathcoreux du monde entier les Américains feraient bien de chercher quelque moyen de renouveler un minimum leur style sans quoi ils périront noyés sous les assaults techniques des Conducting From The Grave, After The Burial ou autres Born Of Osiris. « A New Era Of Corruption » reste un album correct auquel vous pouvez laisser sa chance.
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