Red Fang - Murder The Mountains
Chronique
Red Fang Murder The Mountains
L'hiver ayant enfin décidé de mourir, préparons notre playlist pour l'été ! Relapse a pensé à nous en signant Red Fang et son stoner à classer dans sa mouvance la plus moderne. Fort de deux EP ayant reçu un succès d'estime (et été réunis dans un premier jet sans nom parue en 2008), le bande originaire de l'Oregon profite désormais d'une distribution conséquente ainsi que d'un nouvel engouement pour la scène stoner et affiliés où se bousculent Kylesa, Baroness et autres Mastodon. Mais parviendra-t-il à remplacer les gaziers précités et avoir les faveurs de ton autoradio sur ton chemin vers les contrées verdoyantes de Lloret De Mar (ou que sais-je encore, t'as saisi que je n'avais aucune inspiration pour faire l'introduction de cette chronique) ?
Inutile de tourner autour du rond-point : Red Fang semble au premier abord avoir du mal à tracer sa route sur une voie déjà pas mal embouteillée. Dès « Malverde », la référence aux créateurs de Crack The Skye vient à l'oreille : la voix rocailleuse rappelle celle de Troy Sanders et les riffs sonnent comme une version (ultra)simplifiée de ceux décelables sur Blood Mountain. Une impression qui perdure, même si le combo varie les plaisirs le rendant pas si catégorisable que ça, en partie grâce à un feeling rock voire punk que beaucoup ont délaissé au profit d'une optique plus hardcore ou progressive. On notera par exemple l'utilisation d'orgue Hammond sur « Wires » ou un goût pour les tempos changeants, allant du chapeau de roue crame-bitume (« Dirt Wizard », « Painted Parade ») au morceau focalisé et recueilli (« The Undertow »). Les mecs ont donc suffisamment développé divers atouts pour éviter la catégorie du série B limite X à autant sucer les Grands (déjà pas) Anciens, particulièrement quand ils se font sucrés et pétaradants comme un Torche qui aurait troqué ses influences Floor pour Kyuss (« Hank Is Dead »). Malgré tout, trop de noms viennent en tête et si l'on n'est pas là pour jouer à « Où est Lemmy ? » (Un indice : tu le trouveras sur les soli bluesy de « The Undertow » entre autres), signalons d'entrée que le gros défaut de Murder The Mountains est d'évoquer sans vraiment marquer.
Rien d'original ou fabuleux, ok, mais alors pourquoi cet album me plait ? Pourquoi je traine autant la patte à me le mettre dans les esgourdes et finis toujours par avoir la pêche, la banane, bref, une salade de fruit entière à la place de la cervelle et un sourire con prêt à surmonter avec optimisme les possibles merdes qui arriveront dans la journée ? C'est que Murder The Mountains a pour lui ce qu'il manque à beaucoup d'autre : une légèreté qui montre que s'il ne laisse pas de trace, c'est aussi parce qu'il est agréable comme du lait. Le bonhomme passe crème, celle que tu mets dans ton Russe Blanc lors des séances transat, que ce soit à l'écoute des paroles de « Malverde » (« That's a trick, that's a trick, i can't believe that you're falling for it »… Ben ouais, moi non plus), du déballage groovy-heavy-stupid-as-fuck de « Dirt Wizard », du dynamisme de « Painted Parade » et « Human Herd » laissant penser que le stoner n'est finalement que du rock avec un peu d'embonpoint ou encore de la très en-avant-vers-de-nouvelles-aventures « Number Thirteen » ! Derrière cet enrobage sans prétention se cache un orfèvre voué à chanter de manière quasi-pop les matins ensoleillés et les packs de six aussi buvables et rafraichissants que l'eau au sirop, au point que ton esprit critique décidera de suivre la tendance générale et « Go With The Flow »… Du stoner tellement centre aéré qu'il en devient cocotier en somme, genre à te draguer en mode beau gosse à rouflaquettes, toi la blondasse qui voit venir gros l'invitation à Aqualand mais ne peut lâcher qu'un « Ho oooouuuui » émerveillé !
Quelques coups de mou entravent la glissade en toboggan, dont un « Throw Up » un poil trop pesant pour l'estomac, mais rien ne la gêne particulièrement. La facilité d'écoute n'est due qu'à un boulot colossal en amont, les dudes se définissant aisément lors d'interviews glanées ici ou là comme des bosseurs acharnés revenant sans cesse sur leurs compositions. Une chose qui se ressent sur Murder The Mountains, les chansons étonnant par leur côté direct et pourtant mouvant. Remarque valable également pour la production de Chris Funk (ayant collaboré avec les indies de The Decemberists), les instruments étant lisibles et gras sans agresser, collant parfaitement à ces mélodies nounours rudoyant gentiment l'auditeur. Bref, ça se décarcasse derrière et ce juste pour t'offrir un plaisir instantané, le disque finissant par régulièrement trouver sa place dans ton lecteur.
Jouons là simple : si tu ne vibres que pour le renouveau d'une scène, recherchant le disque qui ne sera pas estampillé « Savannah Approved » et proposera du neuf, alors retire un bon point à la note en haut à droite et passe ton chemin sans regret. Si par contre, tu penses comme moi qu'un groupe balisé peut chopper mine de rien le truc indéfinissable le rendant irrésistible, nul doute que tu feras bien en te penchant sur Murder The Mountains !
| lkea 3 Avril 2011 - 3930 lectures |
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